Le dernier séjour du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, à Oyo au Congo-Brazzaville, a été marqué par un léger incident qui a suscité la curiosité des observateurs politiques. En effet, lors de l’accueil chaleureux de son homologue congolais, une phrase prononcée à voix basse par Denis Sassou Nguesso a été captée par les micros des journalistes présents sur le lieu. Alors que les deux dirigeants se saluaient fraternellement, Denis Sassou Nguesso a glissé à l’oreille de Félix Tshisekedi : «Tu es itinérant hein?». Cette remarque énigmatique a immédiatement attiré l’attention des médias et des citoyens, laissant planer le doute sur sa signification.
Le dernier séjour du chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, à Oyo au Congo-Brazzaville, a connu un léger incident dû sans doute à la finesse technologique du matériel audiovisuel d’enregistrement des rencontres des hommes politiques qui en raffolent du reste, non sans raison d’ailleurs.
Au cours de leur accolade toute fraternelle, l’on a entendu clairement Sassou Ngueso susurrer à l’oreille de son hôte : «Tu es itinérant hein ? », après le traditionnel et non moins fraternel « Monsieur le Président, bienvenu chez moi ! ».
Mais les internautes rdcongolais qui n’en revenaient pas y ont décelé matière à incident diplomatique incontestable. Les modérés exigeant des excuses de Brazzaville, tandis que les plus radicaux invitaient Kinshasa à soulever une vive protestation officielle !
Malgré cet incident, les reportages diffusés sur les télévisions nationales des deux Congo ont choisi de passer sous silence cette petite coquille, préférant mettre en avant l’accueil chaleureux et les discussions constructives entre les deux chefs d’État. Cependant, cette phrase intrigante continuera sans doute à alimenter les spéculations et les commentaires pendant un certain temps.
Un simple lapsus de la part de l’un des doyens des chefs d’Etat africains qui cumule près de 40 ans au pouvoir et qui, au terme du referendum d’octobre 2015, pourrait encore occuper la présidence jusqu’en 2031. Denis Sassou Ngueso aura alors 87 ans. Un sage donc à qui ne serait pas venue l’idée de frustrer son invité de marque. D’autant plus qu’en matière de révisions (ou de changements) constitutionnelles, l’homme en connaît un rayon !
La face B d’une déclaration amicale
Au contraire, en faisant allusion à l’itinérance de son jeune frère, Denis Sassou Nguesso voulait sûrement dire qu’il adhérait pleinement aux tournées incessantes de Tshisekedi à travers le monde en quête d’alliés dans sa recherche de la paix assortie de sanctions contre le régime «agresseur» rwandais et son président Paul Kagamé dont l’armée soutient la rébellion du M23 dans l’est du pays au prix de massacres des populations civiles et du pillage des ressources minières de la région.
Rien de blessant donc de la part de l’homme de Mpila qui entretient d’excellentes relations entre les deux capitales les plus rapprochées au monde, n’en déplaise aux pêcheurs en eaux troubles qui se gargariseraient de la détérioration des rapports entre Kinshasa et Brazzaville pour des motifs inavoués.
Les deux dirigeants l’avaient d’ailleurs compris, eux dont les services n’ont pas daigné faire grand cas d’un incident qui, en réalité, n’en était pas un. Ayant connu tous les quatre présidents de la RDC qui se sont succédés depuis Kasa-Vubu, Denis Sassou Ngueso est fondé à s’ériger en protecteur avisé des relations avec son turbulent voisin.
Dès lors, l’éponge est vite passée.
En attendant, Félix Tshisekedi poursuit son second mandat présidentiel avec détermination, continuant à renforcer les liens avec ses homologues africains de la sous-région.
MWIN M.F.