Le M23 au Rwanda, les Wazalendo pour la RDC : Kigali et Kinshasa en guerre par groupes armés interposés

Aux terroristes du M23 soutenus par le Rwanda…

La République Démocratique du Congo et le Rwanda sont sur le pied de guerre, par groupes armés interposés. Si Kigali s’est toujours retranché derrière les terroristes du M23 pour agresser la RDC, Kinshasa a finalement trouvé une parade, les Wazalendo, ces patriotes qui se battent, loin des Forces armées de la RDC, pour la défense des terres congolaises. A New York, siège des Nations Unies, la montée en puissance de Wazalendo fait peur. Et la peur est telle que l’ONU ne cache pas le risque de «confrontation directe» entre la RDC et le Rwanda. Ce risque a été évoqué par le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, dans un récent rapport sur la situation en RDC et souligné par son envoyé spécial dans la région, Huang Xia, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la région troublée des Grands Lacs.
«Le risque d’une confrontation directe entre la RDC et le Rwanda, qui continuent de s’accuser mutuellement de soutenir des groupes armés (…), est bien réel », a déclaré M. Xia, envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies dans la région, relevant que durant ces six derniers mois, la situation, sur les plans sécuritaire ou humanitaire, «ne s’est pas du tout améliorée, au contraire ».
«Le renforcement militaire» de la RDC et du Rwanda, «l’absence d’un dialogue direct de haut niveau et la persistance des discours de haine sont autant de signaux inquiétants que nous ne pouvons ignorer », a déclaré Huang Xia.

Qu’en est-il au juste ?
En réalité, les craintes des Nations Unies sont nées de la montée en puissance des Wazalendo, ces volontaires congolais, face aux terroristes du M23. Après avoir, pendant des mois, conquis des pans entiers d’une bonne partie du territoire de Rutshuru, le M23 est en perte de vitesse, subissant de lourdes défaites de la part des Wazalendo. La reprise des combats sur le front de l’Est tournent pratiquement en leur défaveur.
En effet, les armes redoutables que le secrétaire général des Nations Unies a vu entre les mains des terroristes du M23 n’ont pas résisté à la bravoure des Wazalendo. Depuis lors, le M23 bat en retraite, mis en déroute par la puissance de feu des Wazalendo.
A tout prendre, les Wazalendo ont pris au dépourvu le M23, combattant loin de toute influence des Forces armées de la RDC. La logique est bien simple : au M23 soutenu par le Rwanda, la RDC a trouvé un allié de taille, les Wazalendo. Autrement, c’est la réponse du berger à la bergère.
A l’ONU, les défaites du M23 font mal, si bien les Nations Unies craignent désormais une confrontation directe entre la RDC et le Rwanda. Il y a cependant une question que les Nations Unies ne savent pas éclaircir : pourquoi la bataille entre le M23 et les Wazalendo doit intéresser autant le Rwanda qui a toujours soutenu que le M23 était un problème congolo-congolais ? Difficile à cerner.

A l’ONU, la crainte est bien réelle
En tout cas, l’ONU s’est inquiétée mardi d’un risque de «confrontation directe» entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, à couteaux tirés depuis la réapparition fin 2021 dans l’Est congolais de la rébellion du M23.
Les représentants des pays membres du Conseil de sécurité ont à tour de rôle appelé à la retenue, au dialogue et à une solution politique.
A la fin de la réunion, ceux du Rwanda et de la RDC ont dénoncé l’un, «le manque de volonté politique» de Kinshasa et l’autre, «l’agression» de Kigali, tout en réaffirmant leur souhait de trouver «une solution pacifique».
Dans une déclaration lundi de sa présidence tournante – détenue par le Brésil en octobre – le Conseil de sécurité de l’ONU s’est dit «prêt à décider, d’ici la fin de 2023, de l’avenir de la MONUSCO, de son retrait progressif, responsable et durable et des mesures concrètes et réalistes à prendre en priorité pour mettre en œuvre ce retrait ».

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Le Rwanda déploie les réservistes de son armée
Reprise par le média en ligne proconceptmedia.com, émettant depuis Goma, la Société civile, coordination territoriale de Nyiragongo (Nord-Kivu), a alerté sur le déploiement mercredi 18 octobre 2023, de plusieurs militaires Rwandais pour appuyer les terroristes du M23 qui font face depuis quelques jours, aux Wazalendo qui ne jurent que par la libération de toutes les entités occupées par le Rwanda via le M23 au Nord-Kivu.
Mambo Kawaya, président de la Société civile de Nyiragongo qui l’a annoncé à la radio Top Congo, renseignait que des éléments de l’armée rwandaise sont entrés en grand nombre mercredi au niveau de la zone Kabuanga.
Selon lui, les réservistes de l’armée rwandaise (RDF) ont été mobilisés pour appuyer les terroristes du M23.
«On a observé d’abord du renfort du côté de l’ennemi. On a observé l’entrée de deux jeeps au niveau de la frontière vers la RDC et en suite, on a observé des colonnes de militaires rwandais et enfin, sept autres jeeps ont traversé vers la RDC » a-t-il dit. Et d’ajouter : «Goma reste sous menace partant de ce que nous observons en termes de renfort ou en terme des activités militaires. Même ce soir, il y a un camion Fuso qui vient de traverser en provenance de la RDC, il est vide et nous pensons peut-être qu’il traverse pour prendre d’autres militaires rwandais. Le Rwanda a appelé même ses réservistes à venir combattre à son côté».
Sur place à Goma et dans d’autres villes de la province du Nord-Kivu, des manifestations se multiplient contre la présence des troupes de la Force régionale de l’EAC (Communauté de l’Afrique australe) que la population soupçonne de faire le jeu des terroristes du M23.
Mercredi 18 octobre, la Police nationale congolaise a réprimé à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, une manifestation pacifique initiée par le collectif des victimes de l’agression rwandaise. Quatre manifestants ont été interpellés lors de cette dispersion, mais ce collectif ne jure que par le départ de l’EAC qu’il qualifie de complice dans la guerre que subit la RDC de la part du Rwanda, agissant vie ses supplétifs du M23.
Jeudi, un collectif de mouvements citoyens et groupes de pression de Goma étaient encore dans la rue pour exiger le départ des troupes militaires de l’EAC.
L’Est de la RDC est en proie depuis près de 30 ans aux violences de nombreux groupes armés, hérités pour beaucoup des conflits régionaux des années 1990-2000.
Les Nations Unies ont depuis 1999 dans le pays une force (la Monusco) comptant encore quelque 14.000 soldats dont Kinshasa, qui les accuse d’inefficacité, demande le départ à partir de décembre prochain.
Les rebelles du M23 se sont emparés l’année dernière de pans de territoire qu’ils continuent d’occuper dans la province du Nord-Kivu. Kinshasa reproche à Kigali son soutien à cette rébellion majoritairement tutsi, Kigali accusant en retour Kinshasa de collusion avec les FDLR, un groupe armé d’origine hutu rwandaise.
Après six mois de calme précaire, des combats ont repris début octobre, impliquant notamment des miliciens présentés comme des «patriotes» luttant contre le M23.

Econews