Plus de 60 ans après les indépendances des pays africains, il y a des partenaires occidentaux, particulièrement européens, qui se croient avoir le plein droit sur tout ce qui se fait en Afrique. Leur crédo est connu : pas un pas sans nous. Gare à celui qui ose entreprendre sans avoir leur aval. Il est dès lors livré à la vindicte populaire par voies de dénigrement et de diffamation.
Si bien qu’aujourd’hui, on comprend la révolte qui gagne certains pays africains, comme la République Centrafrique et le Mali, qui se battent pour s’affranchir de la main noire française qui, en lieu et place de les aider à se développer, s’emploie plutôt à les maintenir dans un état perpétuel de précarité.
Dans cette Afrique qui se bat pour son développement, la République Démocratique du Congo ne fait pas exception.
En effet, l’Union européenne, qui passe pour le premier partenaire au développement de la RDC – ce qui est encore relatif – pense faire de la RDC son protectorat. Elle s’est adjugée le rôle de dernier rempart pour tout projet de développement. C’est elle qui donne le quitus final sur tout projet.
Si non, comment expliquer cette hargne contre le projet hydroélectrique Sombwe développé par un Congolais, Eric Monga, dans la lisière du parc de l’Upemba, dans la province du Haut-Katanga.
Alors que l’UE appuie un projet similaire dans le parc national des Virunga, dans le Nord-Kivu, le couvrant de tous les éloges, dans le Haut-Katanga, parce que c’est d’un Congolais qu’il s’agit, l’UE multiplie des stratagèmes pour mettre en difficulté le projet Sombwe. Sa méthode passe par toute forme d’intoxication et de diffamation.
Inversion de rôle
Sa dernière trouvaille en date est ce collectif de 185 ONG, dites nationales, qui disent s’opposer au projet Sombwe. Les raisons avancées dénotent d’une cécité intellectuelle sans commune. Curieusement, la démarche de ces ONG que nul, dans les milieux de la Société civile, ne peut authentifier l’existence, est appuyée par le chef de la Délégation de l’UE en RDC, l’ambassadeur Jean-Marc Chataigner.
Sur sa page Linkedin, l’ambassadeur Chataigner a développé un argumentaire qui frise l’indécence. Il affiche une position qui rappelle ce bon vieux temps de la colonisation où les « nègres » ne pouvaient rien entreprendre sans l’aval de son maître, le colon.
« Depuis plus de 30 ans, l’Union européenne en RDC est engagée aux côtés de la République démocratique du Congo et de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) pour la préservation des parcs naturels du pays et de leur magnifique biodiversité. Cet investissement massif, de plusieurs centaines de millions d’Euros sur la période considérée, vise à mettre en valeur ce que l’on peut considérer comme la véritable richesse de la RDC, celle que nous voulons défendre et transmettre à nos enfants, une nature unique, des paysages et des espaces naturels exceptionnels, dont notre planète a tant besoin », note le diplomate européen dans sa tribune.
En réalité, Jean-Marc Chataigner a oublié de dire que, pour le cas précis de ses actions de conservation de nature dans le parc de l’Upemba, ce sont des millions d’euros qui servent des intérêts obscurs d’un néocolonialiste, le Britannique Robert Miur, qui sème la terreur dans les territoires environnants du parc, se considérant dans un terrain conquis, tout en multipliant des actes de graves violations des droits de l’homme. Econews y reviendra.
Le diplomate européen se rabat alors sur le dernier dialogue politique UE – RDC. « Comme cela a aussi été rappelé lors de notre dernier dialogue politique tenue la semaine dernière avec le Gouvernement congolais, l’Union européenne soutient les engagements nationaux, continentaux et internationaux de la RDC en matière de protection des forêts et écosystèmes. C’est à ce titre que nous sommes très attachés, aux côtés de l’ICCN, au strict respect de la légalité des investissements et des projets économiques qui pourraient affecter l’intégrité des parcs (nous nous étions opposés il y a quelques années à l’octroi de permis pétroliers ne respectant pas le classement du Parc des Virunga par l’UNESCO comme patrimoine mondial de l’humanité) », rappelle-t-il.
En réalité, les intérêts de l’UE sont ailleurs. La conservation de la nature n’est qu’un épouvantail pour asseoir son hégémonie sur le territoire de la RDC. Son souci est de tout contrôler pour que rien ne lui échappe.
C’est par la suite que l’ambassadeur Chataigner révèle ses vraies intentions : « Cet appel de 185 organisations de la société civile congolaise œuvrant dans le secteur environnemental, foncier et des droits humains, alertant sur les conséquences et dangers pour le parc d’Upemba du projet de barrage hydroélectrique de Sombwe, doit donc être sérieusement pris en compte : 1) pour bien vérifier la légalité du projet (et voir si des alternatives ne sont pas éventuellement possibles) ; et 2) procéder à l’étude indépendante de l’impact environnemental et social d’un tel ouvrage sur le parc ».
Pourquoi un ambassadeur doit-il dicter la ligne à suivre à un Gouvernement ? De quel droit s’arroge-t-il cette prérogative ? Pourquoi s’appuyer sur une déclaration d’un collectif de 185 ONG qu’on ne sait même pas identifier ? Le moins que l’on puisse dire est qu’il y a une bonne dose de contrevérités dans les déclarations du chef de la délégation de l’UE.
En vérité, c’est l’identité de l’initiateur du projet Sombwe qui gêne. Si c’était un européen ou un consortium occidental, comme c’est le cas dans le projet énergétique développé dans le parc des Virunga, l’UE n’allait pas afficher cette attitude. On sait aussi que l’UE rêve de s’approprier le projet Sombwe pour lancer un projet de même nature sous son entière bénédiction. On sait, par-dessus tout, que le projet Sombwe dérange parce qu’il est juste porté par un Congolais qui a osé, motivé par le Code de l’électricité de 2014.
Heureusement, des Congolais lucides et patriotes ont directement réagi, sur Linkedin, à la tribune de l’ambassadeur Chataigner.
Cinglante réplique
L’un d’entre-eux n’a pas hésité à recadrer le diplomate européen en ces termes : « Oui pour les études environnementales poussées, mais pas pour l’arrêt du projet vu son apport sur le plan social uniquement sur base des plaintes des organismes qui ne disposent même pas des moyens d’acquisition des infos fiables de terrain. Deux centrales hydroélectriques fonctionnent en amont de Sombwe: Mwadingusha (71 MW) et Koni (36 MW). Pour le projet de Sombwe (80MW), les sites potentiels ont été ciblés le long d’un tronçon de 6 km de la rivière Lufira, situé à 40 km en aval de Kiubo Falls, qui sont un espace protégé dont le barrage de Sombwe n’impacterai pas la cascade de 60mx90m. Deux sites de déversoirs ont été considérés comme appropriés pour les options de la centrale hydroélectrique : le premier est en amont de Kiubo Falls et l’autre est à environ 14 km en aval de Kiubo, où se trouve une chute d’eau naturelle plus petite d’environ 10 m de hauteur. Les évaluations ont même montré que, bien qu’un barrage construit à une hauteur finale pouvant atteindre 850 mASL soit possible sur le site, la sélection du FSL est limitée par le fait que le nouveau bassin de retenue ne peut pas inonder les chutes de Kiubo ou provoquer des remous accrus pour les petites inondations des pavillons construits sur la rive gauche de Kiubo à 835mASL».
A tout prendre, le projet hydroélectrique Sombwe est une question de souveraineté et d’orgueil national. Pour une fois, des Congolais se sont décidés à prendre leur destin en mains, comme l’avait prédit Lumumba, notre héros national.
Il est donc révolu ce temps-là où tout ce qui doit être entrepris en RDC devrait préalablement requérir l’avis non favorable de Paris, Bruxelles, Londres ou Washington. L’Afrique en général, et la RDC, en particulier, doit se lever comme un seul homme pour chasser ce vieux démon de néocolonialisme.
Depuis quelque temps, un vent de libération souffle en Afrique. La RCA et le Mali en sont le porte-étendard. Et rien ne pourrait le stopper.
Le projet Sombwe sera mis en place, dans le strict respect de la législation congolaise. Qu’importe toute la campagne de sape menée ça et là pour décourager son promoteur. Le Gouvernement a intérêt à accompagner ce projet, pour le grand bonheur de la RDC et de son peuple.
Faustin K.