On aurait cru entendre le Roi Soleil en personne. Immortalisé par le célèbre portrait en pied d’Hyacinthe Rigaud, Louis XIV le Grand drapé dans son manteau d’hermine proclamant à la face du monde : «L’Etat, c’est moi ! ». Ces trois mots étaient à eux seuls le Manifeste par excellence de la monarchie absolue. Mais on était alors au XVIIème siècle dans un royaume de France à l’apogée de son rayonnement !
Seulement, la RdCongo n’est pas la France. Et c’est le XXIème siècle. Qu’un conseiller du président de la République pris la main dans le sac d’une sulfureuse négociation affirme avec une assurance compassée :
«Le Président, c’est moi !», la posture ne laisse pas de faire frémir.
Vidiye Tshimanga, qui d’évidence n’en était pas à son coup d’essai, n’aurait pas imaginé qu’en énonçant son étrange sentence destinée, selon lui, à arracher la signature des vrais-faux «investisseurs» qui l’enregistraient à son insu, il se tirait une balle dans le pied, s’infligeant une blessure dont il aura du mal à se relever.
En affirmant que Félix Tshisekedi et lui ne faisaient qu’un, il réveillait les phalanges des démons tapis sous les ors de la présidence, qui s’épient les uns les autres sous des dehors d’une solidarité tribale de façade.
Poussé à la démission suite au tollé soulevé par une démarche dont il ne détient d’ailleurs pas le monopole dans les cercles du pouvoir UDPS, Vidiye Tshimanga paye pour une malheureuse boutade tirée en réalité d’un substrat linguistique lingala. Dans le parler kinois en effet, on désigne son meilleur ami par « Wana aza pire nga’ ! » (Traduction : celui-là, c’est moi !) Pour souligner une proximité-complicité de longue date, soldée par de multiples cops aux antipodes de la légalité!
Exit donc Vidiye Tshimanga des allées du pouvoir. En promettant de « faire la lumière sur les commanditaires de ce montage grossier », il aura beau jeu d’emprunter à la jurisprudence Kamerhe qui, tout au long de son procès pour détournement de fonds, s’était tué à répéter devant les juges que toutes ses initiatives ne pouvaient être menées sans l’aval du Chef.
Et comme Kamerhe, aujourd’hui lavé de toute opprobre, il pourra toujours faire son come-back à la faveur d’une tournée dans le Kasaï avec à la clé l’appel à un soutien massif à la réélection de Fatshi. Le peuple, réputé avoir la mémoire courte, aura vite fait d’oublier le rêve des 20% de l’ancien conseiller présidentiel aux stratégies.
Econews