Après avoir tourné le dos à Godefroid Mayobo en soutenant la fronde qui a conduit à la création d’une aile dissidente du Palu (Parti lumumbiste unifié), les violons ne semblent plus s’accorder entre Didier Mazenga et Willy Makiashi. A leur siège de la 4ème Limete, la confrontation a pris des allures inquiétantes.
Ça chauffe à l’instant au siège du PALU sur la 4ème Rue Limete/ industriel à Kinshasa. Des coups de feu sont entendus sur le lieu, a-t-on constaté. Entre Didier Mazenga et Willy Makiashi, deux frondeurs du Parti lumumbiste unifié (PALU) qui se sont désolidarisés du Palu originel que continue à piloter Godefroid Mayobo, la guerre est déclarée. En soutenant la fronde, les deux «rebelles» du Palu pensaient bien faire en ouvrant le front contre Mayobo aujourd’hui, ils sont sur le point de se séparer.
«L’esprit du patriarche Antoine Gizenga a fini par les diviser. Au Palu 4ème Rue, la confusion est totale », se dit-on au siège du Palu de Godefroid Mayobo sur le boulevard Lumumba.
Tirs croisés
La première salve a été lancée, le mardi 23 janvier 2024, lorsque le secrétaire général du Palu, Willy Makiashi, a été destitué par des cadres, militantes et militants réunis lors d’un «congrès de la renaissance» et qui ont, à l’unanimité, voté pour cette décision, l’accusant de haute trahison et d’incompétence.
En réaction, les membres du «bureau politique du parti», réunis autour de Willy Makiashi, ont décidé, le jeudi 25 janvier 2024, non seulement de destituer de ses fonctions le secrétaire général adjoint Didier Mazenga, mais aussi de l’exclure définitivement du Palu.
«(…) Est exclu définitivement du Parti lumumbiste unifié (Palu), M. Mazenga Mukanzu Didier. Il lui est strictement interdit de faire usage des logos, drapeaux et tout autre insigne distinctif du Palu ni de porter la parole en son nom, en quelque circonstance que ce soit. Par conséquent, il est sommé de restituer sans délai tous les biens du parti qu’il détient par devers lui. Faute de s’exécuter, il sera exposé à des poursuites judiciaires », renseigne dans un document signé par Willy Makiashi, se présentant comme secrétaire général du parti.
La confrontation serait donc partie, rapportent les sources du parti, du refus catégorique de Willy Makiashi de se plier à la décision de Didier Mazenga. Depuis lors, deux camps se sont formés dans le parti, les uns appuyant Mazenga dans son initiative cavalière et, les autres, se disant légalistes, s’étant rangés derrière Willy Makiashi.
Le plus évident est que la confusion est totale au sein du Palu 4ème Rue. Une nouvelle fronde est en gestation, après celle que les deux, en l’occurrence Didier Mazenga et Willy Makiashi, ont mené contre Godefroid Mayobo.
A Matete, au siège légitime et légal du Palu d’Antoine Gizenga, on se frotte les mains au régard du désordre qui règne dans sa doublure de la 4ème Rue.
«C’est l’esprit d’Antoine Gizenga qui est en action » a déclaré un cadre du Palu resté fidèle à Godefroid Mayobo. Un autre d’ajouter : «C’était prévisible. On savait qu’ils n’iront pas loin. Avec la formation du prochain Gouvernement, ils ont déterré ce qu’ils affectionnent le mieux, c’est-à-dire la guerre de positionnement pour avoir un poste. Didier Mazenga, qui vient d’être invalidé aux législatives nationales à Masi-Manimba, tient à jouer le premier rôle. Ce qui explique leur guerre avec Makiashi ».
Le Palu de la 4ème Rue Limete résistera-t-il au vent de division qui souffle dans ses rangs ? Difficile à prédire.
La mort d’Antoine Gizenga a tout changé
Il y a lieu de rappeler que l’affrontement entre les clans Makiashi et Mazenga n’est qu’un nouvel épisode de la querelle intestine qui a élu domicile au sein du Palu depuis le décès de son fondateur, le patriarche Antoine Gizenga, suivi de celui de son fils et successeur, Lugi Gizenga.
Début 2022, une guerre de succession avait éclaté entre deux ailes du Palu, représentées par Godefroid Mayobo et Willy Makiashi. Se réclamant secrétaire permanent statutaire, Godefroid Mayobo avait cependant été contesté, bien que détenant l’arrêté signé par Gilbert Kankonde, alors ministre de l’Intérieur, lui confiant la gestion du parti jusqu’à la tenue du congrès.
Willy Makiashi avait, de son côté, saisi la justice et le ministre de l’Intérieur Daniel Aselo, qui avait succédé à Gilbert Kankonde. Le nouveau ministre de l’Intérieur lui avait donné raison, se fondant sur un arrêt de la Cour de cassation. Ainsi, les conclusions du congrès organisé par Godefroid Mayobo avaient été rejetées. A l’époque, Willy Makiashi avait bénéficié d’un soutien important de Didier Mazenga.
Francis N.