Le tout puissant François Beya en tenue de prisonnier devant la Haute Cour militaire : l’audience renvoyée au 10 juin prochain 

Avant lui, on a connu, sous le régime Laurent-Désiré Kabila, un certain colonel Alamba, procureur général près la Haute Cour miliaire. Une cour d’exception qui avait le pouvoir sur tout.

Devant le colonel Alamba, tous s’agenouillaient, petits et grands. Dans un régime AFDL qui venait de terrasser le mobutisme, le colonel Alamba régnait en maître. Puis, vint un jour, par l’assassinat d’un haut fonctionnaire des impôts, le colonel est descendu de son piédestal, avant de finir ses jours comme prisonnier. Ainsi va la vie, dirait-on.

Avec l’avènement du Président Félix Tshisekedi, son conseiller spécial en matière de sécurité, François Beya, passé par la DGM (Direction générale de migration) qu’il a dirigé de mains de maître sous le règne de Joseph Kabila, passe des moments extrêmement difficiles depuis son interpellation par l’Agence nationale des renseignements (ANR).

Après environ deux mois de détention dans les geôles de l’ANR, il s’est présenté, vendredi 3 juin, devant la Haute Cour militaire pour répondre des griefs retenus contre lui et ses complices.

Comme Alamba en son temps, François Beya a réalisé une chute spectaculaire. Du tout puissant conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité, donc chef du Conseil national de sécurité, François Beya s’est pointé à la Haute Cour militaire en tenue de prisonnier. Qui l’eut cru ? Il y a quelques mois, personne ne pouvait imaginer un tel spectacle. Pourtant, devant la Haute Cour militaire, François Beya était là, en chair et en os – inculpé et prisonnier.

Par rapport aux griefs qui lui sont reproché, il risque gros et pourrait passer le reste de sa vie en prison.

Pour l’instant, on n’y est pas encore. Assisté par le très pénaliste prof Nyabirungu, François Beya espère s’extirper des griffes de la Justice. Si bien que, vendredi devant la Haute Cour militaire, la bataille s’est limitée à la procédure.

Au regard des exceptions soulevées par la défense, l’audience a été renvoyée à vendredi 10 juin prochain.

En premier lieu, la défense a évoqué le temps insuffisant lui accordé pour avoir accès au dossier. La défense a également sollicité de la Haute Cour la demande de liberté provisoire, avant d’exiger la diffusion, sur les antennes de la télévision nationale, du procès pour que la vérité éclate au grand jour.

Pour toutes ces exceptions, la Haute Cour militaire s’est accordée une semaine, avant la prochaine audience prévue le 10 juin 2022 à la Prison centrale de Makala.

Avec ce procès, le régime Tshisekedi joue son va-tout.

Dans son entourage, on rapporte que François Beya est prêt à éventrer le boa. Grand acteur de l’alternance démocratique où il a participé à toutes les phases de discussions entre la Céni (Commission électorale nationale indépendante), le clan Kabila et le clan Tshisekedi, entre le 30 décembre 2018, jour de l’élection présidentielle, et le 9 janvier 2019, date de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle par la Céni, François Beya en sait trop.

En matière des secrets d’Etat, François Beya dispose d’une immense banque des données. Sans doute, n’accepterait-il pas de couler seul. Le fait pour sa défense d’exiger un procès radiodiffusé témoigne de sa ferme volonté de dire la vérité, toute la vérité.

Econews