Les 22 et 23 juin, un «Nouveau pacte financier mondial» se négocie à Paris : Tshisekedi décline l’invitation de Macron

A l’initiative du président français Emmanuel Macron, un Sommet pour un «Nouveau pacte financier» se tient, les 22 et 23 juin 2023, à Paris (France). Une réunion qui s’inscrit contre la fragmentation du monde. Plusieurs chefs d’Etat africains feront le déplacement de Paris. Parmi les absents, Félix Tshisekedi de la République Démocratique du Congo qui devait se faire représenter par le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge.
«80 ans après la conférence de Bretton Woods, il est grand temps de réformer le système financier international. Les 22 et 23 juin 2023, le Président de la République invite à Paris des chefs d’État et de gouvernement, des représentants d’institutions financières mondiales et des représentants du secteur privé et de la société civile afin de jeter les bases d’un nouveau système». C’est par ces mots que les organisateurs du Sommet du palais Brongniart ont présenté leur projet ambitieux pour dire adieux à la politique monopoliste de la Maison-Blanche.
Le Sommet pour un Nouveau pacte financier mondial, qui se tient les jeudi 22 et vendredi 23 juin 2023 à Paris (France), va réunir du beau monde, surtout côté africain. Toujours est-il que le Chef de l’Etat congolais Félix Tshisekedi, ni son homologue rwandais Paul Kagame ne participeront au Sommet pour un «Nouveau pacte financier» mondial organisé par le président français Emmanuel Macron les 22 et 23 juin, annonce le site Africa Intelligence.
C’est un Sommet qui a été voulu par le président Macron, notamment pour préparer la COP28, prévu cette année aux Emirats Arabes Unis. «L’objectif est de mobiliser les chefs d’État et de gouvernement, parce que l’urgence écologique crée un impératif de transformation des économies qui suppose des investissements massifs. Pour nous, c’est un enjeu de solidarité; c’est aussi un enjeu de stabilité et d’efficacité dans la lutte contre le réchauffement climatique», rappelait déjà le Quai d’Orsay.
La rencontre, qui se déroule à Paris les 22 et 23 juin, vise donc à réformer le système financier international pour aider les pays les plus démunis à faire face à l’urgence climatique. Une manière aussi de tenter de réduire la fracture Nord-Sud que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est venue creuser et de sauver un multilatéralisme menacé.
Ce Sommet va rassembler des spécialistes du secteur privé, de l’administration publique, des organisations internationales et de la société civile dans le but d’étudier les moyens de mobiliser les investissements du secteur privé à l’appui de systèmes alimentaires durables, de mettre fin à la pauvreté et de contribuer au développement économique.
Après la présentation de partenariats public-privé efficaces, on examinera comment le secteur public peut créer un environnement propice à la collaboration du secteur privé avec les petits producteurs, en finançant des entités du secteur privé le long des filières rurales et en attirant des cofinancements privés. Il mettra en lumière la façon dont les banques publiques de développement apportent leur appui en faveur d’économies et des systèmes financiers durables, d’une part en se plaçant à l’avant-garde des efforts de mobilisation dans le cadre de l’initiative Finance en commun, et d’autre part, en plaidant pour que les flux financiers soient dirigés à l’appui des cibles de l’Accord de Paris et des objectifs de développement durable.
Près d’un an et demi après le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, le monde est tiraillé entre fragmentation croissante et reliquat de multilatéralisme. La guerre sur le sol européen n’est pas la seule cause de ces tensions : une mondialisation inégalitaire, la crise climatique montante, des clivages géopolitiques brûlants… Mais le conflit a servi de révélateur à une polarisation mondiale d’une ampleur insoupçonnée.
Parmi les tentatives pour empêcher ces clivages de se transformer en dangereux partage du monde, la France et la petite île caribéenne de la Barbade, un pays du Nord et un du Sud, sont les co-parrains d’un prochain sommet au sujet d’apparence technique, mais très politique.
Quatre grands objectifs pour ce sommet, ont été annoncés et le suivi sera assuré par quatre groupes de travail : redonner un espace budgétaire aux pays qui font face à des situations difficiles à court terme, notamment les pays les plus endettés; favoriser le développement du secteur privé dans les pays à faible revenu; encourager l’investissement dans les infrastructures «verte» pour la transition énergétique dans les pays émergents et en développement; mobiliser des financements innovants pour les pays vulnérables au changement climatique.

Tourner le dos aux Etats-Unis
Malgré ces liens étroits avec les Américains, Emmanuel Macron ne cache pas ses ambitions pour créer un nouvel ordre mondial. Ces critiques envers le protectionnisme de l’administration Biden dans le domaine de la production des batteries des véhicules électriques rentrent dans ce schéma.
Dans le domaine de la défense européenne aussi, le président Macron a présenté son idée de la «Souveraineté stratégique» de l’Union européenne au bord de l’avion présidentiel qui l’a ramené vers la France, après sa visite en Chine.
Dans son projet de la réindustrialisation, en lançant l’usine des semi-conducteurs au nord de la France, le locataire de l’Elysée a montré encore son intention pour redonner à l’économie française une sorte de l’indépendance par rapport à la mainmise américaine qui ne cesse pas de racheter les grandes entreprises françaises.
La présidente de la Commission européenne et le secrétaire général de l’ONU sont des participants majeurs de ce Sommet où le président Macron envisage de réserver déjà une place pour la France dans le nouvel ordre mondial avec un clin d’œil sur le développement durable basé sur le respect des questions climatiques, un geste familier de l’Elysée dans les réunions internationales.

Hugo Tamusa