Le président américain Joe Biden a effectué lundi une visite surprise à Kyiv, promettant de nouveaux armements et un soutien «indéfectible» à l’Ukraine, à quelques jours du premier anniversaire de l’invasion russe. Le président ukrainien a salué cette venue comme un «signe extrêmement important de soutien», confiant à la presse, en compagnie du président américain, que les deux hommes voulaient discuter «de comment gagner (la guerre) cette année». «Nous sommes déterminés à travailler ensemble pour assurer la victoire de l’Ukraine», a-t-il écrit sur Twitter, sous une vidéo montrant l’arrivée du président américain à Kyiv.
Un jour historique. Ce lundi, le président américain s’est rendu à Kiev pour une visite surprise chargée en symbole et en importance. Depuis qu’Abraham Lincoln s’est rendu sur les lignes de front à l’extérieur de Washington pour assister aux batailles en Virginie pendant la guerre de Sécession, aucun président en exercice n’a été aussi près du combat. Qu’un chef d’État américain se présente sur une zone de guerre non contrôlée par l’armée américaine est un fait particulièrement rare et édifiant et montre bien l’étendue et le sens de ce déplacement diplomatique. Au cours de cette journée, Joe Biden, s’est entretenu avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky et lui a promis le «soutien indéfectible» des États-Unis. Récit d’une journée pas comme les autres.
Habitué à faire ses déplacements à bord d’Air Force One, le trajet de Joe Biden a été pour le moins inhabituel. Nos confrères du New York Times ont raconté que le chef d’État américain a fait près de neuf heures de train, pour atteindre, secrètement, sa destination. Un voyage préparé depuis plusieurs mois dans la plus stricte confidentialité et qui, en matière de protocole de sécurité et de potentiel danger, a dû être particulièrement compliqué pour les agents chargés de la sécurité du président. Accompagné d’une équipe réduite de conseillers, le démocrate a voulu montrer l’importance de ce qui se jouait actuellement en Ukraine car «la liberté n’a pas de prix».
Jack Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche l’a confié aux journalistes à son départ de Kiev : « Bien sûr, il y avait encore des risques, et il y a toujours des risques, dans une entreprise comme celle-ci, mais le président Biden a estimé qu’il était important de faire ce voyage en raison du moment critique dans lequel nous nous trouvons».
Traversée secrète et train classique
Après avoir décidé de bel et bien réaliser ce voyage, Joe Biden a profité de son déplacement prévu en Pologne pour mettre à exécution son plan. Après une soirée en compagnie de son épouse, où ils ont été aperçus en train d’arpenter le Musée national d’histoire américaine avant de diner au célèbre restaurant de Washington RedHen, le couple est revenu à la Maison Blanche.
Peu après minuit, le président américain s’est finalement rendu à l’Andrew Air Force Base où l’attendait une équipe réduite ainsi que de deux journalistes. À noter que lors de ses déplacements officiels, Joe Biden est habituellement accompagné de treize journalistes. Ils sont montés à bord d’un Air Force C-32, utilisé le plus souvent pour des vols intérieurs, et ont décollé à 4h15 pour une traversée secrète de l’Atlantique. L’avion a ensuite atterri en Pologne à 19h57, avant une première escale technique en Allemagne.
Discrètement, le président américain et son entourage ont été emmenés jusqu’à la petite ville de Przemyœl, où ils sont tous montés à bord d’un train lambda qui passait la frontière en catimini aux alentours de 22 heures. Alors que Biden traversait l’Ukraine, la Maison Blanche publiait un agenda expliquant que le président était toujours à Washington et que son départ pour la Pologne était prévu uniquement lundi matin. Secret jusqu’au bout…
Mémoires, insomnies et promesses
Au cours de ce périple en train, Joe Biden a eu beaucoup de mal à s’endormir. Une tension relative à la situation ? Peut-être. Il en a donc profité pour se souvenir de ses anciennes visites à Kiev, notamment lorsqu’il occupait le poste de vice-président lors des mandats de Barack Obama. Après avoir lu une note d’information sur l’histoire de la capitale ukrainienne, il s’est entretenu avec ses conseillers, tout en leur racontant le premier appel entre lui et Zelensky le 24 février 2022, jour de l’invasion russe.
Il est finalement arrivé à 8 heures à la gare de Kiev-Pasazhyrsky. Accueilli par l’ambassadrice américaine, Biden a déclaré : «C’est bon d’être de retour à Kiev ». L’image de la rencontre avec son homologue ukrainien est déjà historique. Cette vision de deux présidents marchant vers un mémorial en l’honneur de soldats morts sur le front, alors même qu’une sirène de raid aérien retentissait, est pleine de sens.
Au cours d’une conférence de presse commune, Joe Biden a finalement annoncé « la livraison d’autres équipements essentiels, notamment des munitions d’artillerie, des systèmes anti-blindage et des radars de surveillance aérienne », tandis que Volodymyr Zelensky évoquait «la visite la plus importante de toute l’histoire de l’Ukraine».
Quelques heures plus tard, il montait dans un vol à destination de Varsovie. Le message est passé : «l’Amérique reste avec vous, le monde reste avec vous ».
Avec JDD.FR