Si la CENI (Commission électorale nationale indépendante) reste focus sur l’échéance du 20 décembre 2023, date prévue pour la tenue des élections générales (présidentielle, législatives nationales et provinciales, municipales), il y a cependant des incertitudes qui entourent encore le processus électoral en cours. C’est ce que rappelle Matata Ponyo Mapon, dans une correspondance adressée au président de la CENI en date du 2 novembre 2023.
En six points, le candidat à la présidentielle fait part à la CENI des zones d’ombre qui entoure le processus électoral en cours, plongeant les scrutins du 20 décembre dans une zone de turbulences.
Dans ses recommandations, Matata attend de la CENI : « l’affichage, conformément à la loi, de la liste des électeurs dont l’adjudication vient de se terminer il y a deux mois, dans les différents sites d’enrôlement; la publication de la cartographie complète des bureaux et centres de vote; la publication des listes définitives des candidats députés nationaux, qui prennent en compte les arrêts rendus par la Cour constitutionnelle. »
Loin de ce souci de recadrage du processus électoral en cours, sans se lasser, Matata a entamé sa tournée dans les provinces pour présenter son offre politique. Première étape : le Kongo Central où il a fait carton plein samedi dans la ville de Muanda, avant de mettre le cap sur Boma.
Intégralité de la lettre de Matata à la CENI.
Econews
A Monsieur le Président de la Commission électorale Nationale Indépendante (CENI)
Concerne : Mes observations sur l’état des lieux du processus électoral en cours
Monsieur le Président,
J’ai lu votre communiqué de presse du 31 octobre dernier, référencé n°060/CENI/2023, par lequel la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), dont vous avez la charge, a confirmé poursuivre sans désemparer le processus électoral dans le respect des lois, et réitéré son engagement à organiser les élections dans le délai constitutionnel. Cet engagement mériterait d’être salué et encouragé, dans la mesure où il est conforme aux exigences légales auxquelles la CENI est astreinte.
Toutefois, je voudrais, en tant que partie prenante au processus électoral en cours, vous faire part des observations qui se dégagent de l’analyse dudit processus, compte tenu des informations contenues dans votre communiqué sus-évoqué :
- Il ressort, des informations en ma possession, en ma qualité de Sénateur, que les aires opérationnelles 1 & 2 auraient perdu une bonne partie des données des électeurs enregistrés, suite à de nombreuses défaillances qui ont émaillé la constitution du fichier électoral. Si tel est le cas, cette situation appelle, à mon avis, des éclaircissements de la part de la CENI de manière à rassurer toutes les parties prenantes que des pertes de données n’ont pas été enregistrées.
- Cette première préoccupation semble prendre racine dans le fait que le fichier électoral a, durant l’opération de son adjudication, connu des défaillances d’inadéquation qui n’ont pas permis à la CENI de transmettre au Parlement les vraies données, lors des débats sur le projet de loi relatif à la répartition des sièges. En effet, au même moment, la CENI continuait à traiter et à nettoyer ledit fichier, dont les travaux n’ont pris fin qu’il y a quelque deux mois passés.
- Ceci pousse à se poser la question de savoir comment cela a-t-il pu arriver que le projet de loi sur la répartition des sièges soit adopté et promulgué pendant que le traitement et le nettoyage du fichier électoral continuait à se faire au niveau de la Centrale électorale ?
- Dès lors, il importe de se demander également si cette situation n’est pas corrélée à la violation constatée des dispositions légales autour de l’affichage des listes définitives des électeurs, selon la cartographie des bureaux d’enrôlement. En effet, subséquemment à votre communiqué de presse n°050/CENI/2023 du 05 octobre 2023, il s’observe sur terrain que les consultations des listes des électeurs ne se font qu’au niveau des antennes et/ou sur le site web de la CENI. Cet état des choses est susceptible, au regard des réalités du Congo profond, de désorienter les électeurs se trouvant dans les villages et secteurs éloignés des antennes de la CENI. A titre d’exemple, un électeur se trouvant à Bikenge doit parcourir, pendant 4 jours, une centaine de kilomètres pour atteindre l’antenne située dans le chef-lieu du territoire à Kasongo ! Il va sans dire que cette situation ne sera pas sans conséquence sur le taux de participation des électeurs le 20 décembre prochain.
- Aussi, la CENI est sans ignorer l’état actuel de défectuosité des cartes d’électeurs délivrées lors des opérations d’enro-lement, devenues illisibles pour une bonne partie. Or, la réussite d’un processus électoral dépend prioritairement de l’identification de l’électeur, laquelle se concrétise par l’octroi d’une carte lisible avant d’exercer par la suite son devoir civique, qui est celui de voter. L’opération d’octroi des duplicatas a certes débuté mais ne se réalise qu’au niveau des antennes de la CENI, pénalisant ainsi ceux qui s’étaient fait enrôler dans les différents secteurs tels que définis par la cartographie opérationnelle des bureaux d’enrôlement (cf. point 3 de votre communiqué n°060/CENI/2023 du 31 octobre 2023).
- A partir de ce moment-là, il se pose la question de savoir combien de temps prendra cette opération d’octroi de duplicatas, laquelle doit s’étendre à en croire votre communique précité, pour couvrir l’ensemble du territoire national. Car, cette opération est similaire à une nouvelle opération d’enrôlement en bonne et due forme.
C’est pourquoi, eu égard à ce qui précède, et en attendant vos éclaircissements utiles et vos assurances, je me permets de réitérer les recommandations suivantes :
a) L’affichage, conformément à la loi, de la liste des électeurs dont l’adjudication vient de se terminer il y a deux mois, dans les différents sites d’enr6lement;
b) La publication de la cartographiques complète des bureaux et centres de vote;
c) La publication des listes définitives des candidats députés nationaux, qui prennent en compte les arrêts tendus par la Cour constitutionnelle.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma parfaite considération
Matata Ponyo Mapon