Ancien gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku, actuel ministre de l’Industrie, est une bibliothèque pour bien comprendre les enjeux en présence dans la partie Est de la République Démocratique du Congo. Convié lundi au briefing en sa qualité de grand notable du Nord-Kivu, Julien Paluku a démonté pièces sur pièces les intentions cachées du président rwandais Paul Kagame dans son soutien aux terroristes de M23. Elles sont de trois ordres, selon Julien Paluku. L’ancien gouverneur du Nord-Kivu est convaincu que Paul Kagame tient à avoir le contrôle du Nord-Kivu pour des intérêts à la fois économique, politique et sécuritaire. Les rebelles rwandais de FDLR n’étant plus une menace pour le Rwanda, Julien Paluku est d’avis que Kagame est en position d’isolément, tant que sa recette de FDLR ne fait pas l’unanimité à l’échelle internationale. D’où, la nécessité, pense-t-il, de continuer à faire pression sur la communauté internationale pour faire entendre la voix de la RDC.
Dans ses invasions répétées de la RDC, le Rwanda, qui soutient ouvertement les terroristes du M23, vient de commettre un crime de trop en massacrant près de 270 personnes, hommes, femmes et enfants, dans la localité de Kisheshe. C’est la ligne rouge qui a été franchie.
Lundi, lors du briefing traditionnel, auquel a été confié Julien Paluku, ancien gouverneur de la province du Nord-Kivu et actuel ministre de l’Industrie, aux côtés du porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya, l’occasion était donnée à ces deux membres du Gouvernement de démonter la stratégie de guerre développée par le président rwandais Paul Kagame pour justifier ses exactions répétitives en RDC.
A Kinshasa, on réclame vivement l’ouverture d’une action judiciaire contre le Rwanda et le M23 devant la Cour pénale internationale.
«A ce jour, seul l’Ituri a fait l’objet d’une action judiciaire au niveau de la CPI avec Bosco Ntaganda, Thomas Lubanga et autres. Il est temps de se pencher aussi sur les Sud-Kivu et Nord-Kivu », a dit, à ce propos, Julien Paluku, réclamant vivement une enquête sur les crimes qui viennent d’être commis à Kisheshe, en territoire de Rutshuru.
Selon Julien Paluku, Kinshasa a de bonnes raisons d’interpeller la CPI. «Nous sommes à 10 millions de morts, soit dix fois plus que le génocide du Rwanda et personne n’en parle, a dit Paluku. L’impunité fait qu’on n’entre dans une guerre cyclique. Le monde doit réagir ».
Ce que soutient le ministre Patrick Muyaya : «Tant que vous assistez à un mal et vous ne le dénoncez pas, vous êtes complices ». Il comprend dès lors que le peuple congolais indexe la communauté internationale dans le complot dont il se sent victime.
«Les Congolais sont en droit d’interpeller davantage la communauté internationale », soutient Muyaya.
Qui pis est, Julien Paluku estime, pour avoir été pendant 12 ans gouverneur de la province du Nord-Kivu, qu’à ce jour, «les FDRL ne représentent aucunement une menace pour le Rwanda ». Et de s’interroger : «Quelle est cette localité du Rwanda qui a été déjà occupée, ne serait que pendant quelques heures par les FDLR? ».
Manquant d’argument pour légitimer l’activisme de ses troupes sur le sol congolais, Julien Paluku note que « Les FDLR est cette liane dont se sert le Rwanda pour justifier ses actions en RDC ». « Malheureusement, le monde a découvert la vérité. Il a compris le jeu de Kagame. Cet argument ne passe plus », a fait observer Julien Paluku.
A Paul Kagame qui croit imposer sa loi dans l’Est de la RDC, Julien Paluku prévient : «On peut tuer tous les Congolais mais on ne va pas tuer la flamme de la résistance. Kagame doit le savoir ». Avant de lancer une pique aux soutiens occidentaux de Paul Kagame : «Que la communauté internationale cesse de couvrir Kagame qui se nourrit du sang congolais ».
Quoi qu’il en soit, Julien Paluku est convaincu que Paul Kagame fonde son action en RDC sur trois axes : économique, politique et sécuritaire.
Mais, par-dessus tout, c’est la visée économique qui prime : «Ce qui se passe dans l’Est de la RDC est une guerre économique. Ce sont le coltan, la cassitérite, l’or et surtout le pyrochlore qui sont visés. C’est la mine de Sominki qui est visée. Ce qui justifie la progression de l’armée rwandaise vers Kisheshe pour contrôler la mine de la Sominki afin d’extraire le pyrochlore, une composante essentielle dans la fabrication des fusées».
Econews