Sept cent mille personnes déplacées et 3.000 morts depuis que les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, occupent la ville de Goma au Nord-Kivu. Entre-temps, et malgré l’appel au cessez-le-feu lors du sommet des pays d’Afrique australe et de l’Est à Dar es- Salaam, les rebelles marchent sur Bukavu, la capitale provinciale du Sud-Kivu.
La situation humanitaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo est «absolument catastrophique», estime Luise Amtsberg, chargée de la politique des droits de l’Homme et l’aide humanitaire au sein du gouvernement allemand.
Dans une interview accordée à la DW et Tina Gerhäusser, elle critique le rôle joué par le Rwanda dans ce conflit. Pour Luise Amtsberg, «les liens avec le M23 sont très clairs et incontestables. Le Rwanda a donc un rôle absolument central à jouer dans la question de l’avenir et de la possibilité de parvenir à la paix. Le gouvernement allemand s’efforce de s’adresser clairement au Rwanda, pour qu’il mette fin à son soutien au M23 et s’engage sur la voie de la paix. Nous avons déjà suspendu la coopération au développement avec le Rwanda. Ces discussions sont une étape importante, car il doit être tout à fait clair que l’Allemagne s’engage pour une politique de paix. Et cela n’est bien sûr possible que si la souveraineté de la RDC est respectée, également du côté rwandais».
«LES HUMANITAIRES SONT EN DANGER»
«Lors de ma dernière visite en juin, explique-t-elle, le gouvernement congolais a affirmé très clairement pouvoir continuer à garantir la sécurité après le retrait ou le retrait partiel de la Monusco et qu’il pouvait protéger la population. A l’époque, nous étions déjà très sceptiques et nous avons dit que nous voulions que la Monusco continue à être présente sur place et à protéger la population, tout en soutenant le gouvernement congolais. Et c’est toujours ma position, à savoir que l’on devrait vraiment insister pour que le soutien des Nations unies, le mandat robuste de la Monusco, soient utilisés ici et que l’on garantisse la sécurité sur place avec les Nations unies. Et c’est aussi ce que nous disons clairement au gouvernement congolais».
Luise Amtsberg a enfin rappelé que l’Allemagne est l’un des principaux contributeurs en aide humanitaire, mais qu’il est «toujours très difficile d’apporter une aide humanitaire dans un contexte de guerre ou de conflit. D’une part, les humanitaires sont en danger. Nous avons malheureusement appris que des travailleurs humanitaires ont perdu la vie dans les combats. La situation de l’approvisionnement humanitaire dépend aussi beaucoup de l’infrastructure disponible, l’aéroport de Goma est un point névralgique central et il est tout à fait clair que tant que les combats se poursuivront de la sorte, le travail humanitaire sera limité ».
Avec DW