Alors que la compétition mondiale pour l’accès aux minerais critiques s’intensifie, les grandes entreprises minières sont de plus en plus au cœur du débat à cause de leur rôle et position sur les chaînes d’approvisionnement de ces minerais. La chute persistante des prix du nickel, du cobalt et du lithium a attiré l’attention des décideurs politiques et des chefs d’entreprise occidentaux, qui critiquent la Chine et ses entreprises pour l’influence considérable qu’elles exercent sur ces marchés.
China Molybdenum (CMOC), le plus grand producteur de cobalt au monde, qui opère en République Démocratique du Congo (RDC), a été accusé par des responsables américains de surproduction de cobalt dans le but de faire baisser intentionnellement les prix et de décourager les nouveaux concurrents d’entrer sur le marché.
Dans une récente communication à Bloomberg, CMOC a exprimé ses inquiétudes quant à l’avenir du cobalt dans l’industrie des batteries pour véhicules électriques, qui représente plus de 70 % de la demande mondiale de cobalt.
En outre, en RDC, CMOC est confronté à une demande pressante de la part du gouvernement qui, comme plusieurs pays producteurs de ces minerais dans le Sud, désire obtenir de la valeur ajoutée locale à sa production de cobalt; Et l’année dernière, la société avait résolu un différend avec son partenaire congolais, l’entreprise minière publique Gécamines, au sujet des redevances liées à leur projet Tenke Fungurume.
Pour mieux comprendre la position de CMOC sur ces questions et la manière dont CMOC envisage les perspectives du cobalt en RDC, le site spécialisé projetafriquechine.com s’est entretenu par e-mail avec Vincent Zhou, porte-parole de CMOC. Interview.
Avec la récente chute des prix du cobalt, pourquoi CMOC continue-t-il à accroître sa production de cobalt ?
Vincent ZHOU: L’augmentation de la production de cobalt de CMOC est directement liée à l’accent mis sur la production de cuivre, le cobalt étant un sous-produit naturel du cuivre. Le lancement réussi de nouveaux projets de cuivre et d’expansion en République démocratique du Congo (RDC) a considérablement stimulé la production de cobalt.
Au niveau mondial, le cobalt est également un sous-produit du nickel. L’augmentation de la demande de cuivre et de nickel – matières clés pour les infrastructures, les véhicules électriques (VE) et les énergies renouvelables – a stimulé les activités minières, augmentant encore l’offre de cobalt. En 2023, la production de cuivre en RDC a augmenté de 19 % pour atteindre 2,84 millions de tonnes, consolidant ainsi sa position de deuxième producteur mondial de cuivre. Cette croissance a contribué à une augmentation de 21 % de la production de cobalt dans la région. De même, la production de cobalt de l’Indonésie a fait un bond de 86 %, grâce à l’expansion des projets de nickel et des activités minières.
Compte tenu de l’évolution vers des batteries sans cobalt pour les véhicules électriques, comment voyez-vous l’avenir du marché du cobalt ?
VINCENT: La tendance croissante à privilégier les batteries au phosphate de fer-lithium (LFP), qui ne contiennent pas de cobalt, est en train de remodeler le marché. Les batteries LFP dominent désormais les systèmes de stockage d’énergie et s’imposent de plus en plus comme le choix le plus courant pour les véhicules électriques. Actuellement, les batteries contenant du cobalt ne représentent que 30 % du marché des batteries pour véhicules électriques, et cette part devrait encore diminuer pour atteindre 10 %, voire moins.
Toutefois, les batteries nickel-cobalt-manganèse (NCM) contenant du cobalt conserveront une part de marché dans les applications nécessitant une densité énergétique élevée. Si le cobalt reste pertinent pour des utilisations spécifiques, il n’est plus considéré comme un métal critique indispensable pour le développement des batteries de VE.
Quel est l’avenir de CMOC en RDC ? Le groupe envisage-t-il d’étendre ses activités au-delà du cuivre, du cobalt et de la région du Katanga ?
VINCENT: La stratégie de CMOC en RDC reste axée sur le cuivre, avec des projets d’expansion au niveau de la production. Des travaux d’exploration préliminaires sont en cours pour deux projets majeurs : l’extension occidentale de Tenke Fungurume Mining (TFM) et la phase 2 du projet Kisanfu Mining (KFM).
Au-delà des opérations de cuivre et de cobalt, CMOC investit dans des initiatives d’énergie renouvelable telles que le projet hydroélectrique Nzilo II de 200 MW et un système d’énergie hybride solaire-hydraulique dans la province de Lualaba, qui produira 600 MW une fois achevé. Ces projets visent à fournir de l’énergie propre aux exploitations minières et aux communautés locales, répondant ainsi aux besoins énergétiques critiques de la région.
Au Zimbabwe, Zhejiang Huayou a soulevé certaines préoccupations concernant les conditions préalables à la mise en place d’un traitement du lithium destiné aux batteries. Quelles seraient les conditions préalables pour que CMOC puisse répondre aux demandes similaires de la RDC en matière de transformation locale avancée ?
VINCENT: CMOC est ouvert aux opportunités de traitement local en aval en RDC, à condition que les conditions économiques et structurelles soient favorables. La démarche s’inscrit dans notre volonté d’améliorer la chaîne de valeur industrielle tout en soutenant les efforts de la RDC en matière de modernisation industrielle et de croissance économique.
Pour que cette vision devienne réalité, les conditions préalables essentielles sont les suivantes :
- Améliorer l’infrastructure pour assurer la fiabilité de l’électricité, de l’eau et des transports.
- Accroître le personnel technique qualifié par la formation et le renforcement des capacités.
- Améliorer la logistique pour une circulation efficace des matériaux et des produits.
Pour relever ces défis, les investissements en cours du CMOC dans des projets d’énergie renouvelable visent à atténuer certaines des contraintes d’infrastructure. En 2023, nous avons dispensé des formations en menuiserie, carrelage, plomberie et couture à un total de 404 membres des communautés locales. Nous pensons que ces efforts contribuent au développement industriel futur, y compris à la transformation locale en aval.
Quelles sont les mesures prises par le groupe pour améliorer ses normes ESG et obtenir la première certification Copper Mark en Afrique ?
VINCENT: L’obtention de la première certification Copper Mark d’Afrique souligne l’engagement à long terme de CMOC en faveur des normes environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) les plus strictes.
Cette certification, basée sur l’évaluation de l’état de préparation au risque de la Responsible Minerals Initiative, évalue la conformité à 32 critères, dont la gestion de l’environnement, les relations de travail, le développement communautaire et la diligence raisonnable de la chaîne d’approvisionnement, garantissant des pratiques responsables tout au long du cycle de production du cuivre et du cobalt.
Depuis 2022, CMOC a mis en œuvre un plan d’action complet pour répondre à ces normes rigoureuses, en se concentrant sur la durabilité environnementale, l’engagement communautaire et la gestion éthique de la chaîne d’approvisionnement.
Engagé dans une démarche d’amélioration continue, CMOC fournit des produits d’origine responsable qui soutiennent la transition énergétique mondiale tout en adhérant à des pratiques éthiques et durables.
Avec projetafriquechine.com
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