Ils ont été les premiers à boucler leur ultime mandat. Ecourtant la législature d’un mois pour cause de l’imminence de la campagne électorale, députés nationaux et sénateurs ont pris congé du palais du Peuple, non sans avoir suivi d’une oreille distraite le dernier discours sur l’état de la Nation prononcé par le Chef de l’Etat.
Deux longues heures d’un bilan donné pour élogieux, à l’audition duquel certains ne se sont pas empêchés de piquer un somme réparateur ! Une sieste où certains se voyaient réélus et portés en triomphe, peu importe la liste sur laquelle ils seraient réélus.
Après tout, arrivés au parlement sous le label alors tout puissant du PPRD/FCC pur jus, ils finissent leur mandat sous les couleurs glorieuses de l’USN. Les plus pessimistes se réveillant en sursaut, le cœur battant la chamade, à l’idée d’un éventuel échec.
Entre-temps, tous se sont lancés à corps perdu dans la campagne électorale. Ils y sont rejoints par la quasi-totalité des membres du gouvernement et des mandataires publics. Le ministre de la Communication Patrick Muyaya a beau déclarer que les membres de l’Exécutif ne sont pas tenus d’abandonner leurs charges en période de campagne contrairement aux DG et PCA des entreprises du Portefeuille de l’Etat, la vérité est plus prosaïque : dans la course aux juteux strapontins du palais du Peuple, personne ne voudrait être en reste.
D’autant que la prochaine législature sera des plus incertaines. Il n’est pas évident en effet que le parti vainqueur aux législatives, emportant une confortable majorité au profit de Fatshi s’embarrasse d’alliés qui traversent la rue au moindre miroitement d’avantages matériels.
Il y a des milliers d’appelés, mais il y aura moins d’élus. La conséquence est des plus surréalistes. Le chef de l’Etat en tournée électorale, ses ministres séjournant dans leurs «fiefs», les secrétaires généraux des ministères du gouvernement central sensés expédier les affaires courantes se la coulent douce désormais.
L’Etat s’est arrêté. Pire, il est en vacances. La vie politique s’est transportée en provinces. Dans certains hameaux, villages et bleds perdus, un semblant de civilisation est à l’ordre du jour. Il va pleuvoir des T-shirts et des casquettes. Les plus chanceux auront peut-être la chance de palper des billets verts. Et dans les cuisines enfumées par le feu de bois, du riz cuira dans des marmites antédiluviennes couvertes de suie…
Jusqu’à la proclamation des résultats au milieu des larmes de joie et des pleurs des candidats malheureux. Dans deux mois.