Le député national jouit du titre d’«honorable» en raison de la noblesse de son statut de «représentant légitime du peuple souverain» qui l’a délégué à l’Assemblée nationale. A ce titre, le député national est une référence, car il incarne un électorat qui l’a mandaté à l’Hémicycle. A ce titre, il doit se plier à un Code d’éthique en adoptant un comportement tout aussi honorable. Et lorsqu’un élu national déborde et s’écarte de l’honorabilité du titre qu’il porte, c’est à l’électorat de le lui rappeler. C’est l’exercice auquel s’est attelé un analyste indépendant dans une lettre ouverte envoyée à M. Daniel Safu, député national, élu de Mont-Amba (Kinshasa). Intégralité.
Monsieur Daniel Safu, je prends la liberté de vous écrire, au nom de la liberté d’expression garantie par la Constitution de la République, et en ma qualité d’électeur résident dans la Circonscription du Mont-Amba et, donc, votre mandant à l’Assemblée nationale.
Pas pour vous narguer mais juste pour vous rappeler que la mission d’un député national est de légiférer et contrôler le gouvernement (contrôle parlementaire).
En RDC, notre pays, le contrôle parlementaire se fait via une question écrite, une question orale ou une motion (de défiance ou de censure).
Le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale ne prévoit pas de contrôle parlementaire par téléphone ou dans les médias.
Il ne dit pas non plus que le contrôle parlementaire peut prendre la forme d’une insulte, d’une diffamation, d’une imputation dommageable ou d’un outrage.
Ça fait plus de trois semaines que vous passez dans les médias et les réseaux sociaux pour attaquer un ministre de la République, son père déjà décédé, sa mère, sa famille, sans oublier le chef de son parti politique… Les médias et les réseaux sociaux ne sauraient jamais prendre la place de la chambre basse du Parlement.
Si vous avez réellement des reproches à faire au ministre et estimez avoir réuni les preuves suffisantes pour le sanctionner via le contrôle parlementaire, passez à l’acte, sans attendre.
Au cas contraire et si c’est pour amuser la galerie, n’ayez pas honte, faites marche-arrière. Les immunités derrière lesquelles vous vous réfugiez pour oser insulter un ministre et menacer de mort un journaliste ne font pas de vous un intouchable ou une personne au-dessus de la Loi.
N’oubliez pas que vous avez déjà été condamné à deux ans de prison, en 2015, pour outrage et imputations dommageables. La prochaine fois, votre peine risque d’être lourde pour circonstances aggravantes. Vous avez le choix. Pensez-y!
CP