Comme redouté, l’euro a violemment chuté face au dollar, la monnaie unique étant lestée par la hausse des prix du gaz et les craintes de récession en Europe, notamment en Allemagne.
Le sursaut d’orgueil de l’euro face au dollar aura été de courte durée. Comme redouté la semaine dernière, la monnaie unique a rapidement mis fin à son rebond technique et repris le chemin de la baisse vis-à-vis du billet vert, qui pâtit pourtant des espoirs de ralentissement de la remontée du taux directeur de la Fed. Il faut dire que si les craintes de récession augmentent aux Etats-Unis, elles sont davantage marquées en Europe, alors que la crise sur l’énergie semble loin d’être réglée. Et les perspectives de l’économie allemande, la première de la zone euro, inquiètent particulièrement, ce qui plombe l’euro.
Tandis que le spectre d’une récession plane sur l’Allemagne, la pression «se fait plus forte chaque jour» et s’intensifie «à chaque nouvel épisode de tension sur le plan énergétique, auquel on ajoute les répercussions de l’épisode de sécheresse qui frappe une large partie de l’Europe cet été », relève le spécialiste des transferts de fonds, Western Union. Alors que les prix de l’électricité inscrivent des records en Allemagne (ils ont doublé en deux mois et sextuplé en un an !), les consommateurs vont devoir supporter une partie de cette hausse des prix avec, à partir de début octobre, un surcoût annuel évalué à 500 à 600 euros pour une famille avec deux enfants.
Autre vent contraire pour l’Allemagne, le pays est confronté à une baisse significative du niveau de ses fleuves (le Rhin et le Danube), ce qui risque d’entraîner des répercussions sur le transport de marchandises approvisionnées par voie maritime.
«Si d’autres alternatives existent comme le train, un goulet d’étranglement consécutif à une réduction des alternatives de transport pourrait entraîner un surcoût pour les entreprises (et potentiellement pour les consommateurs) et un allongement des délais de livraison», avertit Western Union, pour qui l’Allemagne risque de pâtir fortement de sa dépendance énergétique à la Russie et «du manque d’alternative à court terme, qui entraîne en ce moment une flambée des prix ».
Heureusement, on constate toutefois une consolidation des réserves de gaz naturel à l’échelle européenne. «Alors qu’avant le mois de juillet, le niveau de stockage à l’échelle européenne dépassait à peine les 60%, le niveau moyen est actuellement de 74%, d’après les données actualisées au 5 août de l’Opérateur d’infrastructure de gaz en Europe (GIE). L’Allemagne, qui s’est donné pour objectif de reconstituer à 80% ses stocks d’ici le mois d’octobre (et 90% d’ici novembre), est avec un niveau actuel de stockage de près de 77% en bonne voie pour l’atteindre», relève Western Union.
Que dit l’analyse technique ?
Du point de vue de l’analyse technique (analyse graphique et mathématique de l’évolution des cours), l’euro continue de suivre une tendance baissière de moyen terme face au dollar, à l’image du canal descendant des derniers mois et de la moyenne mobile à 67 jours (courbe bleue sur le graphique ci-dessous), qui joue le rôle de résistance baissière dynamique.
Le rebond récent de la monnaie unique s’est comme prévu arrêté net sur la zone de résistance de 1,0340-1,0412 dollar. L’analyse des bandes de Bollinger (jauge de la volatilité des cours) suggère que l’euro pourrait bientôt connaître un mouvement violent, a priori à la baisse. Une clôture franche sous 1,01 dollar pour un euro enverrait un signal négatif pour ce dernier, avec un risque d’accélération baissière à la clé.
Avec Capital.fr