« Loi Tshiani », divorce avec Fayulu, Force régionale de l’EAC, présidentielle 2023 … : les quatre vérités d’Adolphe Muzito

C’est depuis Paris, loin des bruits de Kinshasa, qu’Adolphe Muzito, leader du parti politique Nouvel Elan, a choisi de s’exprimer sur les grandes questions d’actualité en accordant une interview à l’Agence congolaise de presse (ACP). Aucun sujet n’a été éludé. Sur la « loi Tshiani » qui attend restreindre la fonction présidentielle aux seuls Congolais de « père et de mère » d’origine, Muzito n’adhère pas à cette logique. Il pendant cependant que tout devait se jouer au sein du Parlement, pas en dehors. « On ne peut pas interdire un Parlement de siéger et de décider parce qu’on n’est pas d’accord avec une loi », note-t-il.

Quant à son divorce, plus que jamais irréversible, avec Martin Fayulu, Muzito regrette amèrement l’attitude de son ancien partenaire de Lamuka : « Il aurait pu procéder autrement au lieu de faire les choses comme elles se sont passées (…) Nouvel Élan a pris acte de cette rébellion de Monsieur Fayulu et a pris les commandes de Lamuka ».

Qu’attend-il alors de la Force régionale de l’EAC pour une paix durable dans l’Est de la RDC ?  Selon lui, Kinshasa a commis la grave erreur de sous-traiter sa sécurité : « Je considère que les pays de l’EAC ne garantissent pas notre souveraineté. La souveraineté d’un Etat ne peut pas être assurée par d’autres Etats, amis soient-ils ». Pour sortir du piège de l’Est, la RDC doit se doter d’une armée dissuasive : « Dès que nous avons une armée, dès que nous aurons montré les muscles, je crois que les Rwandais vont s’assagir et vont se retirer tout simplement ».

Abordant la surchauffe qu’on observe, depuis lors, sur le marché des changes, Adolphe Muzito se tourne vers la Banque Centrale du Congo, autorité monétaire de la RDC. « Quand votre monnaie baisse de valeur parce que la devise étrangère augmente de valeur, il faut améliorer la valeur de votre monnaie en injectant la devise étrangère », préconise-t-il.

A huit mois des élections générales de décembre 2023, Adolphe Muzito et Nouvel Elan se préparent pour la grande bataille. D’ores et déjà, Muzito ne fait pas de mystère sur sa candidature à la présidentielle du 20 décembre 2023. En 2023, Adolphe Muzito sera candidat sous les couleurs de son parti, Nouvel Elan ». Il fait confiance au programme de son parti.

Quant aux éventuelles alliances, Muzito reste fidèle à sa ligne. Pas d’alliances autour des individus, mais plutôt d’un programme, promet-il.

Depuis Paris où il séjourne en visite privée, Adolphe Muzito, président du Nouvel Elan et coordonnateur de Lamuka, a abordé avec l’équipe de l’ACP toutes les questions de l’heure concernant la situation politique, économique et sécuritaire de la RDC.

Muzito a un projet pour le Congo. C’est ce qu’il entend défendre en se portant candidat à la présidentielle du 20 décembre 2023.

« Loi Tshiani » : tout doit se discuter au sein du Parlement

A Kinshasa, siège des institutions, toute l’actualité politique reste focalisée sur la « loi Tshiani » qui se propose de limiter certaines fonctions de souveraineté comme le Président de la République aux seuls Congolais nés de « père et de mère » d’origine.

S’il est contre cette proposition de loi, Muzito pense cependant qu’on ne devait pas interdire au Parlement d’en débattre : «  Si j’étais au Parlement j’allais voter contre cette loi. Mais je dis ceci: Monsieur Katumbi et tous les autres qui sont contre cette loi et tous les congolais d’ailleurs pour qui j’ai beaucoup de considération ; ils ont accepté ces institutions, ils siègent dans ce Parlement, ils doivent aller jusqu’au bout de la règle démocratique du Parlement. On ne peut pas interdire un Parlement de siéger et de décider parce qu’on n’est pas d’accord avec une loi ! Il faut tout simplement jouer le jeu démocratique parce que vous reconnaissez ce Parlement-là.  Que les rapports des forces l’emportent ! Que ceux qui sont pour, si c’est eux qui ont la majorité la loi est votée. Si c’est ceux qui sont contre la loi qui sont majoritaires, la loi ne sera pas votée. Et peut-être ajouter aussi ce qu’on appelle +la démocratie sociale× en faisant pression de la rue mais de manière démocratique, sans violence. Donc la démocratie doit fonctionner. Que Monsieur Katumbi et les siens, ils sont au parlement, ils doivent respecter le jeu démocratique, et faire valoir leur thèse ! Moi je suis contre toute tentative de violence ou de séparation des Congolais. Ils se trompent, s’ils pensent que les Congolais vont se séparer pour un individu, qui que ce soit cet individu, Muzito, Tshisekedi ou Katumbi ! Ils se trompent, c’est même une insulte à notre peuple »

«Nouvel Élan a pris acte de cette rébellion de M. Fayulu »

Parlant de Lamuka, Adolphe Muzito fustige l’attitude de Martin Fayulu, un autre membre fondateur de la dite plate-forme, et qui était encore plus proche de lui, après le départ des autres membres du présidium, notamment, J.P Bemba et Moïse Katumbi.

A ce sujet, Adolphe Muzito estime que Martin Fayulu a rompu le lien entre eux de manière unilatérale. Il aurait pu procéder autrement au lieu de faire les choses comme elles se sont passées, parce que Martin Fayulu a passé le bâton de commandement au Professeur Matthieu Kalele, qui n’avait pas été parmi les membres du présidium, à l’instar de J.P Bemba et Moïse Katumbi qui avait déjà quitté cette coalition il y a plus d’une année.

«Nouvel Élan a pris acte de cette rébellion de Monsieur Fayulu et a pris les commandes de Lamuka, donc c’est  Nouvel Élan qui fait la coordination de Lamuka. Lamuka a été cassé par Martin Fayulu, il a prononcé le divorce de manière unilatérale, donc nous pensons que c’est une rébellion ! Il aurait pu choisir la manière choisir la manière amiable, mais il a fait ce qu’il a fait et nous pensons qu’il s’est éloigné de Lamuka. Il s’est écarté de la loi des partis qui nous régit et donc nous avons pris acte.  Mon parti portera des candidats à tous les échelons jusqu’à la présidence de la République. Je serai candidat  président de la République en 2023», a-t-il déclaré.

« Les pays de l’EAC ne garantissent pas notre sécurité »

Quelle est sa perception de la crise récurrente qui ravage la partie Est de la RDC. Muzito reconnaît d’emblée que la RDC est agressée par son voisin, le Rwanda. Il pense néanmoins que la RDC ne devait pas laisser sa sécurité, la sécurité de sa partie orientale entre les mains des troupes de l’EAC. « Les FARDC doivent monter en puissance pour défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale de la République Démocratique du Congo », préconise-t-il.   

Il va plus loin : « Le pays est occupé par un pays voisin. Nous sommes agressés. Nous sommes sous occupation des ennemis.  Je considère que les pays de l’EAC ne garantissent pas notre souveraineté. La souveraineté d’un Etat ne peut pas être assurée par d’autres Etats, amis soient-ils. Or dans ce domaine il n’y a pas d’amis, ce sont des intérêts. Je n’ai pas de garantie que ces pays étrangers de l’Est vont sécuriser nos intérêts, vont permettre à nos populations d’accéder à ses richesses, de fonctionner aisément ! Je crois que la solution définitive c’est de bouter les rwandais hors de nos territoires et pour ça, il faut leur faire la guerre. Mais on ne peut pas leur faire la guerre avant d’avoir fait une armée véritable. Dès que nous avons une armée, dès que nous aurons montré les muscles, je crois que les Rwandais vont s’assagir et vont se retirer tout simplement ».

Surchauffe sur le marché des changes : la BCC doit agir

Economiste de formation, ancien ministre du Budget et Premier ministre, Adolphe Muzito paraît, à ce titre, comme une bouche pour des questions économiques et financières. Alors que la surchauffe gagne le marché des changes, entrainant les prix intérieurs à la hausse, Muzito estime que la Banque Centrale du Congo devait intervenir pour stabiliser la monnaie.

« Quand votre monnaie baisse de valeur parce que la devise étrangère augmente de valeur, il faut améliorer la valeur de votre monnaie en injectant la devise étrangère. Et notre réserve, les réserves de change de notre économie sont autour de 3 milliards et demi, ce chiffre qu’on n’a jamais atteint, mais qui a son importance que si on l’utilise pour stabiliser la monnaie. Je m’attendais à ce que le Gouvernement avec le gouverneur de la Banque centrale puissent injecter les devises étrangères sur le marché de change de manière à faire baisser le taux du dollar par rapport à la monnaie nationale, de manière à ce qu’on passe de 2.300 à 2.000 ou même un peu en dessous, de manière à ce que le pouvoir d’achat de la population qui aujourd’hui est épongée, surtout des fonctionnaires dont le salaire n’a pas augmenté nominalement mais est entrain de baisser à comparer à la monnaie de internationale qui est ici le dollars, puisse retrouver son pouvoir d’achat », note-t-il.

Econews avec ACP