L’oncle paternel censé protéger l’adolescente est devenu son bourreau. C’est l’histoire vécue par Carine après la mort de son père en 2002. Pendant près de deux décennies, elle a été soumise à une violence conjugale sans précédent. Aidée par un homme d’affaires, Carine a trouvé refuge en Europe.
Le mariage des enfants en Afrique centrale et australe est l’un des majeurs défis à relever dans la région. Il nuit gravement à l’éducation, la santé, y compris la santé sexuelle et reproductive, et le développement général des adolescents et des jeunes.
Encore fréquent dans certaines familles à travers le continent africain, le mariage précoce et forcé de la fille a encore de beaux jours devant lui. En République Démocratique du Congo, les autorités peinent à enrayer la pratique. Une pratique qui s’explique souvent par deux principaux facteurs. D’abord, un désir d’amélioration des conditions de vie de la famille de la fille qui surpassent les questions essentielles de consentement et d’amour des époux.
C’est l’histoire de Carine Kimanga Alasa, une fillette congolaise de 14 ans. Aimable et gentille. Victime de violence sexuelle depuis son jeune âge. A en croire un rapport de l’ONG «Union pour la Défense Intégrale de la Femme en RD Congo» (UDIF-Congo) publié en juin 2022, dont une copie est parvenue à la Rédaction d’Econews, depuis près de deux décennies, la jeune fille est soumise à une violence conjugale sans précédent perpétrée par son propre oncle paternelle.
L’histoire commence après le décès du père de la jeune Carine en 2002. Pour son encadrement et sa scolarité, la famille paternelle avait décidé de confier la jeune fille de 14 ans à son oncle paternel « Kimanga Victor ». Une prise en charge qui se transformera, peu de temps après, en un vrai cauchemar. L’oncle paternel censé protéger l’adolescente devient son bourreau.
L’oncle avait des rapports sexuels non protégés avec la jeune adolescente, de gré ou de force, souvent en l’absence de son épouse. Allant jusqu’à faire subir à sa victime des violences corporelles chaque fois qu’elle présentait une forme de résistance et enchainer ses deux mains pour accomplir sa basse besogne. Pour lui faire peur, l’oncle la menaçait de mort au cas où elle oserait révéler le secret de cette union forcée à qui que ce soit. Cette situation a duré près de deux ans jusqu’à ce que le pouvoir coutumier, avec l’appui de la famille paternelle et même de sa mère biologique, décida d’officialiser cette «union précoce et forcée.
De cette union naîtront deux enfants : Kevin (en 2005) et Isaac (en 2011). Des disputes régulières et orageuses sont souvent observées au sein du couple. Une violence qui ne dit pas son nom, des viols à répétition étaient devenus monnaie courante.
Personne ne pouvait la croire, malgré ses plaintes. Carine Kimanga n’en peut plus. Au bord du suicide, elle décide, en septembre 2019, de quitter Kinshasa, laissant ses enfants aux bons soins de sa mère, pendant que son bourreau est en voyage qui doit durer six mois. Carine organise sa fuite dans le but de garantir sa sécurité. S’assurant de quelques économies, elle prend fuite. Destination : Boma, dans la province du Kongo Central (RDC), puis Angola, par Lufu, localité frontalière à ce pays.
Par l’entremise d’une de ses amies, elle fait la connaissance d’un homme d’affaires angolais, qui voyage régulièrement à travers le monde pour ses affaires, pour l’aider à obtenir des documents de voyage pour l’Europe. Et selon les dernières nouvelles, elle serait en Pologne, en Europe, renseigne ce rapport. Injoignable à ce jour, sa famille maternelle cherche à avoir de ses nouvelles.
L’histoire de Carine Kimanga est un cas parmi tant d’autres. Le mariage forcé en Afrique est monnaie courante. En République Démocratique du Congo, c’est surtout en provinces que cette pratique est vécue. Des millions de jeunes femmes en sont victimes. Dommage.
Les gouvernements doivent mettre en place un cadre juridique et stratégique destiné à lutter contre le mariage des enfants. Dans le cadre de cette démarche, ils doivent investir dans l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies nationales, de plans d’action chiffrés et de mesures législatives visant à mettre un terme au mariage précoce et forcé des enfants. Des organisations régionales et continentales, comme la CEDEAO, la CEEAC et l’Union Africaine, doivent redoubler d’efforts pour mettre fin à ces vielles habitudes ancestrales, conformément aux objectifs de développement durable (ODD) et à l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.
En République Démocratique du Congo, la situation de la jeune fille demeure préoccupante au regard des violences de toutes sortes dont la jeune fille est victime. Malgré l’adoption de la Convention pour l’élimination de toutes sortes de discriminations à l’égard des femmes et de la Loi portant protection de l’enfant en 2009, les jeunes et les petites filles sont encore victimes de violences basées sur le genre, particulièrement le mariage d’enfants et le travail domestique.
TM