La débâcle électorale de l’African National Congress (ANC) en Afrique du Sud où pour la première fois en trente ans le parti de Nelson Mandela a perdu sa majorité absolue au Parlement, passant sous la barre des 50% sera lourde de conséquences non seulement sur la politique interne, mais aussi sur l’influence continentale de l’Afrique du Sud, et singulièrement dans l’espace de la SADC. Pendant que l’ANC se débat à la recherche d’alliés qui lui permettent de conserver le leadership de Cyril Ramaphosa à la présidence et prépare son maintien au pouvoir lors de l’élection au second tour prévue le 17 juin, à Kinshasa, les observateurs épiloguent déjà sur l’avenir de la force de la SADC (SAMIRDC) présente au Nord-Kivu en appui aux FARDC dans les opérations militaires contre les rebelles du M23 nappuyés par l’armée rwandaise. La force d’Afrique australe, on le sait, est placée sous commandement sud-africain.
Il est bien connu que l’opposition sud-africaine en particulier et les citoyens en général ont toujours désapprouvé l’envoi du contingent sud-africain sur le terrain incertain de l’est congolais. Depuis leur déploiement en décembre 2023, les soldats sud-africains ont perdu au moins cinq personnes, dont le dernier tout récemment, tandis que 13 autres étaient blessés dans des tirs des M23/RDF.
Il va de soi que pour concrétiser la future et probable coalition, l’ANC devra lâcher du lest et consentir à rapatrier les militaires qui paient un lourd tribut dans une guerre qui n’est pas forcément la leur. La situation ne pouvait pas plus mal tomber pendant ces temps où la diplomatie congolaise est en veilleuse dans l’attente de l’investiture de son prochain gouvernement. Peut-être le moment est-il venu de réactiver l’axe de Luanda.
En effet, c’est un commandement angolais qui, à l’origine, devait assurer le commandement de la SAMIRDC avant de se désengager pour des raisons jamais révélées par les autorités congolaises.
La défaite de l’ANC est par conséquent une hypothèque qui requiert célérité et réalisme de la part des Autorités de Kinshasa. La présence d’une force de la SADC amputée de la participation sud-africaine exigera davantage d’efforts tant logistiques qu’humains dans la reconquête des territoires actuellement occupés. Un effort portant par ailleurs sur une redéfinition des relations avec une nouvelle Afrique du Sud en pleine mutation.
Mwin Murub