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Lourenço et Ndayishimiye, les grands absents du sommet conjoint SADC – EAC

Le sommet conjoint SADC – EAC, tenu à Dar es-Salaam, s’est conclu sans avancée notable pour le processus de paix dans la région des Grands Lacs, où les tensions persistent, notamment dans l’Est de la RDC. Marqué par l’absence remarquée de João Lourenço et Évariste Ndayishimiye, ce rendez-vous diplomatique a mis en lumière les dissensions persistantes entre les acteurs régionaux, laissant planer le doute sur l’efficacité des efforts en cours.

Le sommet conjoint de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), qui vient de se tenir à Dar es-Salaam, s’est achevé sur une impression d’inachevé. Malgré la présence de plusieurs chefs d’État et dirigeants régionaux, aucune avancée concrète n’a été enregistrée pour apaiser les tensions qui secouent l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Pire encore, l’absence de deux acteurs clés, le président angolais João Lourenço et son homologue burundais Evariste Ndayishimiye, a jeté une ombre sur l’efficacité des discussions.

UN SOMMET SOUS TENSION

Alors que l’offensive du M23, soutenu par le Rwanda selon Kinshasa, continue de semer la désolation dans l’Est congolais, la rencontre de Dar es-Salaam était attendue comme une étape cruciale pour renforcer la coordination diplomatique entre les blocs régionaux. La RDC, directement concernée, a été représentée par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka, tandis que le président Félix Tshisekedi a suivi les débats en visioconférence.

Toutefois, cette réunion n’a pas permis de dissiper les tensions ni d’apporter des solutions concrètes. Le sommet s’est contenté de réaffirmer la nécessité de soutenir la souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC, sans aller plus loin dans la mise en place de mécanismes contraignants pour endiguer la crise.

LOURENÇO ET NDAYISHIMIYE ABSENTS : UN SIGNAL FORT ?

L’absence du président angolais João Lourenço, médiateur du processus de Luanda, a été particulièrement remarquée. Son absence pourrait traduire un scepticisme croissant face à l’engagement de certains pays de l’EAC, notamment le Rwanda, dans la résolution du conflit. Lourenço, qui a multiplié les efforts diplomatiques ces derniers mois, pourrait considérer que certains acteurs ne jouent pas le jeu, ce qui rendrait toute négociation inefficace.

De son côté, le président burundais Evariste Ndayishimiye, un proche allié de Kinshasa, n’a également pas fait le déplacement. Ses relations tendues avec Paul Kagame ne sont un secret pour personne, et son absence pourrait refléter son désaccord avec l’approche prônée par l’EAC, perçue comme trop indulgente à l’égard du Rwanda.

Le cessez-le-feu annoncé par le M23 n’a tenu qu’un seul jour

Côté ONU, la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keïta, a fait état d’une « avancée sans précédent du M23 et des forces armées rwandaises », avec une « expansion territoriale » du M23 au Nord-Kivu, où il occupe en partie quatre des six territoires, et la prise de plusieurs localités du territoire de Kalehe, au Sud-Kivu.

Dans ce climat d’hostilités, le cessez-le-feu unilatéralement annoncé par le M23 et son partenaire l’Alliance Fleuve Congo (AFC), le 4 février, n’a tenu qu’un seul jour et permis le renforcement présumé de leurs positions au Nord- et Sud-Kivu et la reprise d’intenses combats dans les environs de la ville de Bukavu, capitale du Sud-Kivu.

«La reprise des offensives dans des centres densément peuplés, comme ce fut le cas à Goma, entraînerait des conséquences dévastatrices sur la population civile », a averti Bintou Keïta, relevant « le risque d’expansion du conflit dans la région si des mesures urgentes, dissuasives et contraignantes ne sont pas prises pour arrêter l’escalade de la violence ».

Sur le terrain, la criminalité et la montée de la justice populaire sont plus qu’alarmantes, avec la prolifération d’armes abandonnées par les soldats et l’errance de plus de 4.000 prisonniers évadés de la prison centrale de Goma le 27 janvier.

UN DIALOGUE TOUJOURS BLOQUE

Tout compte fait, le sommet conjoint de Dar es-Salaam illustre une réalité inquiétante : les divisions persistent au sein des instances régionales, rendant difficile l’émergence d’une position unifiée sur la crise en RDC. Alors que Kinshasa réclame des sanctions contre Kigali et refuse tout dialogue avec le M23, certains pays de l’EAC restent prudents, préférant privilégier une approche plus conciliante.

Dans ce contexte, la RDC doit réfléchir à la suite de sa stratégie diplomatique. L’appui de la SADC semble plus solide, mais l’absence d’un consensus régional fragilise les efforts visant à contraindre Kigali à revoir sa position.

Pour l’heure, le sommet de Dar es-Salaam s’ajoute à la longue liste des réunions qui, faute de décisions concrètes, laissent la RDC dans une impasse. L’heure tourne, et sans une action forte, la crise de l’Est pourrait encore s’aggraver, au détriment des populations déjà meurtries par des années de conflit.

Econews

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