M23 : l’accord de cessez-le-feu signé entre la RDC et le Rwanda tiendra-t-il ?

Après deux ans et demide combats et d’accords rompus, un pas fragile a été franchi hier dans l’espoir de pacifier l’est de la République démocratique du Congo (RDC) avec la signature d’un nouveau cessez-le-feu qui doit entrer en vigueur dimanche prochain, le 4 août, au Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo. C’est le résultat de pourparlers qui ont débuté mardi. à Luanda, sous l’égide du médiateur, le président angolais João Lourenço. La déclaration de la présidence angolaise ne précise pas pour autant quelles parties ont accepté le cessez-le-feu ni combien de temps celui-ci durera.

Ce n’est pas le premier cessez-le-feu négocié depuis le début du conflit opposant l’armée congolaise à la rébellion du M23 («Mouvement du 23 mars»), qui, avec le soutien du Rwanda, s’est emparée depuis fin 2021 de vastes pans de territoire dans la province du Nord-Kivu.

REPRISE DU PROCESSUS DE LUANDA

Mais ce dernier accord survient à seulement trois jours de l’expiration de la trêve humanitaire obtenue par les États-Unis et qui engage les belligérants à «faire taire leurs armes» et à «fournir au personnel humanitaire un accès sans entrave aux populations vulnérables», selon le Conseil national de sécurité de la Maison-Blanche. Au total, une trêve d’une durée totale d’un mois qui n’a été que partiellement respectée puisque des combats se sont poursuivis dans les territoires de Masisi et de Rutshuru.

Les combats dans la province du Nord-Kivu ont déplacé plus de 1,7 million de personnes, portant le nombre de personnes déplacées au Congo par de multiples conflits à un record de 7,2 millions, selon les estimations des Nations unies.

Cette fois, le médiateur a précisé que l’accord de cessez-le-feu annoncé à Luanda serait supervisé par un «mécanisme de vérification ad hoc», qui sera renforcé, dans le cadre du système de pacification déjà créé en réponse aux violences. «Nous espérons que cet accord pourra aider à créer les conditions pour une désescalade des tensions entre la RDC et le Rwanda et pour permettre le retour des déplacés chez eux», a déclaré Stéphane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres.

ENTRE TREVE HUMANITAIRE ET CESSEZ-LE-FEU

Les chefs de la diplomatie congolaise, Thérèse Kayikwamba Wagner et son homologue rwandais, Olivier Nduhungirehe, ne s’étaient pas réunis depuis le mois de mars dernier. Et, entre-temps, les deux pays ont connu des changements politiques avec des remaniements à la suite des élections générales du mois de décembre 2023 pour la RDC et de mi-juillet pour le Rwanda. Le ministre rwandais des Affaires étrangères a estimé qu’il s’agissait d’« une rencontre dans un esprit constructif et pour des résultats positifs».

À l’international, la France, la Belgique, l’Union européenne et l’ONU ont salué dès mercredi la signature de cet accord en demandant à toutes les parties au conflit de «respecter» leurs engagements. Pour la Belgique, ancienne puissance coloniale de la RDC et du Rwanda, cet accord marque «une étape essentielle pour atténuer les souffrances de la population et mener à une résolution du conflit dans l’est de la RDC».

«L’UE salue le cessez-le-feu conclu hier à Luanda à l’issue de la réunion trilatérale entre l’Angola, le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC). Elle salue le travail inlassable de la présidence angolaise en tant que médiateur de l’Union africaine pour le processus de paix en RDC, ainsi que l’engagement du Rwanda et de la RDC à obtenir ce résultat important», déclare Josep Borrell dans un communiqué.

Au-delà de ces réactions, tout l’enjeu de ce processus dit de Luanda est de parvenir à réunir autour d’une même table de discussion les deux chefs d’État. Jusqu’ici, la partie congolaise avait posé comme préalable le retrait des soldats rwandais de l’est du pays. De plus, Kinshasa réclame toujours des sanctions économiques contre Kigali.

Avec Le Point Afrique