C’est une secousse tellurique qui secoue le Sénégal depuis cette soirée de lundi 3 juillet 2023 qui restera assurément dans l’histoire de ce pays d’Afrique occidentale. Quand, à 20 h GMT, le président Macky Sall apparaît à la télévision et s’adresse à ses compatriotes et leur annonce sa volonté de ne plus briguer un troisième mandat présidentiel en février 2024, certains n’en croient pas leurs oreilles, tant la rumeur populaire, alimentée par la coalition Yewwi Askan Wi de l’opposant Ousmane Sonko, leader du Pastef, s’attendait à ce que le chef de l’Etat franchisse ce qu’ils considèrent comme la ligne rouge, une occasion de plus pour un embrasement du pays.
Cette éventualité était d’autant plus plausible que dans la matinée de ce même lundi, Macky Sall recevait les parlementaires et autres personnalités signataires d’une pétition favorable à sa troisième candidature. La veille, c’est Ousmane Sonko, depuis sa résidence où il est assigné en attendant son arrestation (qu’on dit imminente), qui appelait ses sympathisants à s’apprêter à descendre dans la rue pour, justement et entre autres, dire non à un troisième mandat du chef de la coalition Benno Bokk Yakaar.
En décidant de ne plus se représenter, Macky Sall donne un fameux coup dans la fourmilière politique sénégalaise en particulier et africaine en général. En tenant à son honneur, à sa dignité et au respect de la parole donnée, quoique la constitution lui offrait l’opportunité de se représenter, Macky Sall administre une sérieuse leçon à une ribambelle de ses homologues du continent dont certains s’obstinent à réécrire des lois fondamentales taillées sur mesure, quand d’autres règnent par la terreur et font une chasse acharnée à leurs opposants.
Les oreilles ont certainement tinté dans les palais cossus à travers l’Afrique, en l’entendant déclarer qu’il existe au Sénégal des personnes capables de conduire le pays vers l’émergence. Ou que son pays compte plus que sa propre personne.
Tout en sachant que le Sénégal rentre dès l’année prochaine dans le club des pays producteurs de pétrole et de gaz, il ne s’est pas accroché au pouvoir guidé par un esprit de lucre malséant, en profitant pour placer sa famille aux organes de décision.
C’est un grand homme d’Etat qui prendra congé en février prochain, avec le sentiment du travail accompli. En deux mandats, il a fait sortir de terre la nouvelle ville de Damnadio et son stade ultramoderne, des routes et une voie de chemin de fer rapide que lui envient bien des capitales au Sud du Sahara.
Econews