Matata Ponyo dément les rumeurs sur l’usage des vélos contre les embouteillages à Kinshasa

Matata Ponyo Mapon, président de la Commission chargée des questions d’insalubrité, d’embouteillage et de constructions anarchiques, mise en place au niveau de l’Assemblée nationale, a formellement démenti l’idée selon laquelle l’utilisation des vélos et de la marche à pied figure parmi les solutions pour résoudre les embouteillages à Kinshasa. Lors de la présentation du rapport de 260 pages devant la plénière de l’Assemblée nationale, l’élu de Kindu a dénoncé cette fausse information, précisant que le document se concentre sur des causes structurelles telles que les embouteillages, l’insalubrité et les constructions anarchiques. «En tant que président de la Commission chargée des questions d’insalubrité, d’embouteillages et de constructions anarchiques, j’ai présenté à l’Assemblée nationale, avec mes collègues, les recommandations devant sauver la RDC du triangle de la mort. L’urgence d’actions s’impose», a écrit Matata dans son compte X (ex-twitter).

Le recours aux vélos et à la marche à pied comme solutions aux problèmes d’embouteillages à Kinshasa a récemment alimenté une vive polémique. Cependant, cette proposition, largement relayée sur les réseaux sociaux et dans certaines discussions publiques, n’a jamais figuré dans les recommandations de la Commission Matata. Lundi, à l’occasion de la présentation officielle de son rapport devant la plénière de l’Assemblée nationale, Matata Ponyo Mapon, président de cette commission et élu de Kindu (Maniema), a fermement démenti cette rumeur qu’il qualifie de «fausse information».

UN RAPPORT SANS EQUIVOQUE

Le rapport de la Commission Matata, qui comprend  quelque 260 pages, est le fruit d’un travail approfondi sur les problématiques majeures qui minent la ville de Kinshasa. Il met en lumière ce que l’ancien Premier ministre appelle le «triangle de la mort» : embouteillages, insalubrité et constructions anarchiques. Ces trois fléaux, identifiés comme des causes structurelles des dysfonctionnements urbains de la capitale, sont au cœur des analyses et recommandations de la commission.

Interpellé par un journaliste sur la fameuse «solution vélo», Matata Ponyo n’a pas mâché ses mots : «Cette annonce est une fausse information, véhiculée par des individus qui n’apprécient pas les efforts visant à faire avancer ce pays. Avant même que nous n’ayons terminé le rapport ou présenté nos conclusions, certains ont propagé des idées totalement erronées. Dans ce rapport, il n’y a aucune recommandation concernant l’usage des vélos ou la marche à pied comme solution aux embouteillages.»

Il a ensuite souligné l’irréalisme d’une telle suggestion : «Comment peut-on imaginer des vélos dans une ville où même les véhicules et les motos restent immobilisés pendant des heures ? Cela n’a aucun sens et ne répond en rien à la complexité des problèmes que nous avons identifiés.»

Pour Matata Ponyo, ces rumeurs ne sont pas anodines. «Ce sont des détracteurs qui n’aiment pas ce pays, qui n’aiment pas cette ville, qui ont délibérément fait allusion à ce type de recommandations non pertinentes pour discréditer notre travail », a-t-il déclaré. Il a insisté sur le fait que ces affirmations sans fondement visent à détourner l’attention des véritables recommandations issues d’un travail rigoureux.

DES SOLUTIONS PRAGMATIQUES POUR KINSHASA

Plutôt que de s’attarder sur des propositions irréalistes, la Commission Matata a axé ses recommandations sur des solutions concrètes et adaptées aux réalités de Kinshasa. Parmi elles figurent l’amélioration de la gestion des infrastructures routières, la lutte contre les constructions anarchiques, et la mise en place d’un système efficace de collecte et de traitement des déchets.

Le rapport plaide également pour une meilleure coordination entre les autorités locales et nationales, afin d’assurer une planification urbaine cohérente et durable. Ces mesures, selon Matata Ponyo, constituent des réponses viables pour transformer durablement le cadre de vie des millions de Kinois.

A tout prendre, Matata Ponyo a appelé les Congolais à faire preuve de vigilance face à la désinformation et à se concentrer sur les véritables enjeux qui freinent le développement de Kinshasa. Il a également exhorté les responsables politiques et la société civile à s’unir pour la mise en œuvre des recommandations issues de ce rapport, qui pourrait marquer un tournant décisif pour l’avenir de la capitale congolaise.

Ainsi, loin des rumeurs fantaisistes, le rapport de la Commission Matata se positionne comme une feuille de route sérieuse pour affronter les défis urbains de Kinshasa avec pragmatisme et vision.

Des réunions trimestrielles pour un suivi stratégique

Alors que le rapport de la Commission Matata continue de susciter des débats et des suggestions, d’autres députés ont également présenté leurs idées pour accompagner les recommandations formulées. Parmi eux, le député Raphaël Kibuka s’est démarqué en proposant des mécanismes concrets pour garantir un suivi efficace et une mise en œuvre rigoureuse des solutions avancées.

Raphaël Kibuka préconise la tenue de réunions trimestrielles à partir de janvier 2025, placées sous la présidence directe du chef de l’État. Ces rencontres regrouperaient les principaux acteurs décisionnels : le Premier ministre, les ministres concernés, le président de l’Assemblée nationale et le gouverneur de la ville de Kinshasa. L’objectif serait d’évaluer l’état d’avancement des recommandations émises par les commissions ad hoc et de réajuster les stratégies en fonction des résultats observés.

«Il est essentiel d’établir un cadre régulier de dialogue au plus haut niveau pour garantir que les solutions proposées ne restent pas lettre morte», a souligné Kibuka en présentant ses propositions.

En complément, le député suggère des réunions bimensuelles entre le président de l’Assemblée nationale, le chef du Gouvernement et le gouverneur de Kinshasa. Ces rencontres, selon lui, seraient pilotées par le président et le bureau de la Commission ad hoc, avec la participation des ministres concernés et des autorités provinciales.

Ces réunions auraient un caractère plus fonctionnel et opérationnel, permettant de résoudre rapidement les blocages éventuels et d’assurer une coordination étroite entre les différentes instances impliquées.

UN PAS VERS UNE MEILLEURE GOUVERNANCE URBAINE

Les propositions de Raphaël Kibuka s’inscrivent dans une volonté d’améliorer la gouvernance et la gestion des problèmes qui affectent Kinshasa. En créant des cadres de concertation réguliers et inclusifs, ces initiatives visent à garantir une prise de décision informée et une mise en œuvre efficace des solutions préconisées pour relever les défis de la capitale, notamment en matière de mobilité, d’urbanisme et d’assainissement.

Ces idées viennent enrichir les débats autour du rapport de la Commission Matata, confirmant que la résolution des problèmes de Kinshasa nécessite un effort collectif et coordonné entre les différentes sphères du pouvoir. Reste à savoir si ces propositions seront adoptées et traduites en actions concrètes dans les mois à venir.

A noter que la question de l’insalubrité, des constructions anarchiques et des embouteillages à Kinshasa ainsi que dans d’autres villes du pays va au-delà d’un simple désordre urbain, elle constitue une véritable problématique de sécurité nationale. Ces problèmes affectent directement la vie des citoyens en influençant des aspects essentiels tels que la santé publique, l’économie, la cohésion sociale et l’environnement. Cela met en évidence la nécessité d’une action urgente, intégrée et multisectorielle à un niveau élevé des autorités politiques.

Benny Lutaladio

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