Je salue l’exhortation du président de la République quand il décrit, lors du Conseil des ministres d’il y a deux semaines, la «théâtralisation» des décisions judiciaires.
Il y a plus d’un mois, j’avais publié une tribune qui a été relayée par la presse tant nationale qu’internationale intitulée : « De l’instrumentalisation de la justice par Kabila à la théâtralisation par Félix Tshisekedi ».
Aujourd’hui, le président Félix Tshisekedi vient de me donner raison très vite et je salue cette honnêteté et cette objectivité intellectuelle du premier citoyen congolais. Comme quoi, sans fausse modestie, je suis toujours le dernier à avoir raison.
Certains partisans de l’actuel président et de son prédécesseur n’avaient pourtant pas toléré ce qu’ils avaient vite assimilé à un « pamphlet », criant au crime de lèse-majesté ou encore à l’outrage au chef de l’État. Ils avaient refusé d’accepter ce qui paraît aujourd’hui comme une évidence : l’instrumentalisation et la théâtralisation de notre justice à des périodes différentes. Cependant, le président de la République, le premier magistrat du pays, ne devrait pas se contenter de dénoncer, pleurnicher, stigmatiser la comédie judiciaire, comme le commun des mortels.
Il est de son devoir et pouvoir de faire un bon casting dans les nominations des hauts magistrats. Cela passe par le bannissement du clientélisme, du népotisme, du tribalisme… Les critères de compétence et de conscience devraient prévaloir dans ce secteur.
En outre, le président de la République a tout naturellement le pouvoir de destituer, de sanctionner en utilisant les mécanismes institutionnels et constitutionnels. Le principe de séparation du pouvoir cher à Montesquieu où le pouvoir doit arrêter le pouvoir, n’est pas antinomique du principe de l’intérêt général et du rôle social de la justice d’Aristote.
Dans les Saintes écritures (la Bible et le Coran), il est clairement mentionné que la justice élève une nation. Dans le cas contraire, elle la détruire. La justice sociale et distributive est le fondement d’un État de droit. Sinon, l’héritage politique du mémorable Tshisekedi qui se résume par «le Peuple d’abord» ne serait qu’une illusion, une vision sans provision.
Moïse Moni Della Idi
Politiste, président du Conade et porte-parole du peuple