Le bras de fer engagé entre le gouvernement congolais et la Mission des Nations-Unies pour la stabilisation en RdCongo (Monusco) comporte de curieuses similitudes avec les déboires de la force Barkhane poussée par la junte militaire à quitter le Mali.
La fusillade du dimanche 31 juillet 2022 au poste frontalier de Kasindi au cours de laquelle des Casques bleus, en provenance de l’Ouganda, ont tiré sur une foule hostile faisant deux morts et une quinzaine de blessés rappelle en effet l’incident où les soldats français qui avaient quitté leur base de Gao, au Mali, avaient ouvert le feu sur des émeutiers qui tentaient de… leur barrer la route vers le Niger voisin. Bilan : deux morts au moins et une dizaine de blessés.
L’Afrique attend toujours les résultats de l’enquête ouverte depuis.
Comme Barkhane, enlisée depuis neuf ans dans le sable malien face à des djihadistes insaisissables, la Monusco empile 22 ans d’une présence routinière en RDC au point de pousser les populations – qu’elle est censée protéger, selon son mandat – à exiger son départ pour raison d’inefficacité.
Tout est parti de déclarations fracassantes de hautes personnalités gouvernementales (pour le Mali), ou de la représentante du Secrétaire général des Nations Unies (pour la RDC). Le premier ministre malien avait répondu à l’agacement des dirigeants francais outrés par la présence aux côtés des forces armées maliennes des mercenaires russes du groupe Wagner, comparant Paris à un pilote qui abandonnerait son avion en plein vol.
Bintou Keita, patronne de la Monusco, avait, pour sa part, étalé devant le Conseil de sécurité des Nations Unies l’impuissance de la force onusienne en RDC face à la rébellion du M23, appuyée notoirement par l’armée rwandaise. Une rébellion devenue, à ses dires, une véritable armée conventionnelle dotée de moyens militaires que la Monusco ne possède pas ! Des propos répétés à l’envi par son porte-parole et qui valent à ce dernier d’être déclaré persona non grata en RDC.
A défaut d’atteindre Dieu le Père, Kinshasa frappe saint Pierre.
Et comme en diplomatie le hasard n’existe pas, voici que le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés annonce la cessation de la majeure partie de ses activités en RDC, faute d’un financement substantiel de ses bailleurs de fonds traditionnels devenus frileux à l’égard de la RDC.
Moralité : le Gouvernement se trouve face à ses responsabilités régaliennes. Militaires d’abord, en rapport avec l’invasion rwandaise ; humanitaires ensuite, dans la gestion des milliers de familles déplacées par la mosaïque de conflits internes.
La Monusco partira certes, mais il faudrait que Kinshasa assure le service après-vente. Ce qui pose un sérieux problème.
Econews