Il l’a déclaré dans une interview à « New York Times » publiée le samedi 22 février 2025 dans la foulée de l’annonce des sanctions occidentales et du Conseil de sécurité de l’Onu ! Il est à espérer qu’il sait qu’étant isolé au plan diplomatique, Paul Kagame a besoin d’un nouveau génocide pour susciter et justifier un nouveau foyer rwandophone à tailler en RDC ! Aux jusqu’au-boutistes qui gravitent autour de Félix Tshisekedi de se le rappeler : depuis 1996, le détenteur du ‘droit de vie et de mort’ dans son pays est dans la logique de Berlin II ! D’où, le devoir de vigilance.
Semaine rassurante et presque «festive » pour Kinshasa, éprouvante cependant pour Kigali, elle l’est avec ses journées «folles » du 19 au 21 février 2025 au regard des prises de position diplomatiques du Conseil de sécurité de l’Onu, de l’Union européenne, des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la Belgique en rapport avec la situation sécuritaire à l’Est de la RDC.
REPRENDRE LES POURPARLERS DIPLOMATIQUES
En résumé, le Conseil de sécurité de l’Onu a adopté le 21 février 2025 la résolution 2773/2025 de laquelle il ressort la condamnation du soutien du Rwanda au M23, l’imposition du retrait immédiat de ses troupes présentes sur le sol congolais, l’injonction donnée au M23 à cesser les hostilités et la condamnation de la prise de Goma et de Bukavu. Le groupe rebelle (sic) est obligé de «se retirer de toutes les zones sous son contrôle » et de démanteler ses administrations «parallèles illégitimes mises en place sur le territoire de la RDC ».
Le Conseil salue « les efforts régionaux déployés par l’Union africaine (UA), la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) pour mettre en œuvre un cessez-le-feu immédiat ». A cet effet, il invite la RDC et le Rwanda « à reprendre les pourparlers diplomatiques, conformément au processus de Luanda, principal cadre de négociation entre Kinshasa et Kigali, et au processus Nairobi, centré sur la résolution du conflit à l’intérieur de la RDC ».
Cerise sur le gâteau, il dit condamner « par ailleurs l’appui apporté par l’armée de la RDC aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et demande que les engagements visant à neutraliser le groupe soient respectés », non sans promettre « de nouvelles mesures contre les personnes qui contribuent à la poursuite du conflit dans l’est de la RDC ».
FÉLIX TSHISEKEDI EN POSITION DE FORCE FACE A PAUL KAGAME
La veille, l’Union européenne a réagi de la même manière : condamnation de l’offensive, retrait des troupes rwandaises du territoire congolais, cessation de tout soutien au M23 «ainsi que tout autre groupe armé », retour au dialogue, soutien aux efforts «pour parvenir à une résolution pacifique du conflit ».
Il y a d’ailleurs plus : le blocage envisagé de l’accord préliminaire sur les minéraux et la suspension de l’aide au développement et le soutien aux casques bleus rwandais au Mozambique.
Bien entendu, «le Rwanda dément, et affirme que sa sécurité est menacée par certains groupes armés présents dans la région, notamment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), créées par d’anciens responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda ».
Ainsi, malgré les contre-performances militaires actuelles au travers de la chute de Goma et de Bukavu, Félix Tshisekedi peut s’estimer en position de force face à Paul Kagame au plan diplomatique, quand bien même on aurait souhaité voir les sanctions frapper l’État du Rwanda et non, comme c’en est le cas, des individus.
MAINMISE SUR LES TERRES CONGOLAISES DU KIVU FRONTALIER
C’est l’occasion ou jamais pour Kinshasa de prendre conscience de l’impératif de tirer profit maintenant et non demain de ce qui représente réellement une première depuis l’avènement de l’Afdl en 1996 : les sanctions occidentales visant le Rwanda.
C’est le moment pour la RDC de jouer son va-tout en ne se trompant pas d’agenda.
En effet, l’agenda de Paul Kagame n’a pas d’essentiel la neutralisation des FDLR ou le changement du Pouvoir à Kinshasa. Il n’est même pas la protection de la communauté rwandophone, tutsi en priorité, comme il le prétend.
C’est la mainmise sur les terres congolaises du Kivu frontalier (Nord et Sud Kivu) qui, à l’en croire, reviennent à son pays.
Pour rappel, en 1998, dans la foulée de l’agression opérée via le Rcd, Pasteur Bizimungu, alors chef État rwandais hutu, l’avait déclaré à haute voix en préconisant Berlin II, entendez la révision des frontières validées en 1885. «Si vous chassez les populations rwandophones, chassez-les avec leur terre», avait-il déclaré aux autorités congolaises sous le leadership du M’zée Laurent-Désiré Kabila.
En 2023 – soit 25 ans après – son successeur tutsi, Paul Kagame, va profiter de l’agression opérée sous le M23 pour y revenir. Il l’a fait pendant son séjour au Bénin au mois d’avril. « En ce qui concerne le M23 et les personnes liées au M23, les Congolais qui ont des origines rwandaises, il faut savoir que les frontières qui ont été tracées lors de la période coloniale ont découpé nos pays en morceaux. Une grande partie du Rwanda a été laissée en dehors, dans l’est du Congo, dans le sud-ouest de l’Ouganda. Les gens dans ces régions, dans des pays autres que l’Ouganda, ont des origines rwandaises, mais ne sont pas Rwandais. Ils sont citoyens de ces pays qui ont absorbé ces parties du Rwanda à l’époque coloniale. C’est un fait, un fait de l’histoire», a-t-il déclaré.
Au mois de septembre de la même année, Bertrand Bisimwa va lui emboîter le pas. «Si vous ne voulez pas de nous, le Congo n’a qu’à nous laisser avec nos terres », a-t-il dit.
De ce fait, la question foncière est essentielle. Primordiale. Vitale.
NE PAS PERMETTRE À PAUL KAGAME D’ÉCHAPPER AU « COMBAT DE SA VIE » : BERLIN II
Pour avoir été chargé en 2016 de piloter un comité des réformes de l’organisation continentale et pour avoir assuré la présidence rotative de l’Union africaine en 2018-2019, Paul Kagame ne pouvait pas et ne peut pas remettre en cause les fondamentaux de cette institution. Dont celui du respect de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Or, il l’a osé en sachant ce qui doit arriver : une déflagration du conflit armé dans la sous-région des Grands Lacs.
Depuis 1996, le seul pays à lui en offrir l’occasion est justement la RDC !
Point n’est besoin d’être stratégique pour en deviner la finalité : la guerre généralisée sera, en surface, un nouveau génocide rwandais et, en profondeur, la nécessité de la création d’un nouveau foyer rwandophone !
Où ? Naturellement dans les terres congolaises revendiquées par Kigali. Ce sera la consécration même de la balkanisation de la RDC.
En d’autres mots, Félix Tshisekedi n’a pas à lâcher Paul Kagame. C’est à lui, et à lui seul qu’incombe aujourd’hui la responsabilité de ramener son homologue autour de la table pour jouer carte…sur table. Car les minerais qu’il dit exporter proviennent des terres congolaises précitées.
Aussi, lorsque les jusqu’au-boutistes qui gravitent autour de Félix Tshisekedi le dissuadent de toute rencontre avec son homologue rwandais pour une solution négociée, la seule logique qui puisse justifier cette contradiction est de permettre à Paul Kagame d’échapper au «combat de sa vie » : Berlin II !
Seuls les professionnels de la «victimisation » savent jouer (à) ce jeu pourtant malsain puisque, à la limite, suicidaire et «génocidaire »…
Omer Nsongo die Lema
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