La jeunesse du territoire de Beni au Nord-Kivu exige la fin de l’état de siège instauré depuis mai 2021 par le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Pour ce faire, la ville de Beni, précisément la commune de Mulekera, s’est réveillée, le lundi 24 janvier 2022, sous une forte tension. Des échauffourées ont opposé les forces de l’ordre congolaises aux jeunes manifestants en colère qui exigeaient la fin de l’état de siège. Bilan : un mort et plus de trente personnes interpellées.
Neuf mois après l’instauration de l’état de siège au Nord-Kivu et en Ituri, la population de ces deux provinces du Nord-Est de la République Démocratique du Congo (RDC) n’est pas satisfaite des opérations menées jusque-là. Des jeunes, pour la plupart appartenant à des mouvements citoyens et groupes de pression, ont programmé de manifester leur indignation dans les rues de la ville.
Seulement, dans leur mission de maintien de l’ordre public, la Police nationale congolaise et même les Forces armées de la RDC (FARDC) ont déployé, dès la nuit de dimanche à lundi 24 janvier 2022, un important dispositif sécuritaire aux endroits chauds et sur certaines artères des quartiers tel que Macampagne, Kanzulinzuli, Butsili, Kalinda et Kangayembi afin de décourager et de contenir toute tentative de manifestation.
Un militant de la Lucha fauché
Malgré cela, tôt le matin du 24 janvier, l’artère principale de la ville de Beni a été barricadée par des jeunes manifestants en colère. Pour disperser les manifestants, la Police et les FARDC ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles réelles qui ont causé la mort du jeune Ushindi Mumbere, troisième militant du mouvement citoyen ‘‘Lucha’’ à perdre la vie dans les mêmes circonstances depuis novembre 2019. Il a été lâchement abattu par un élément de la Police nationale congolaise en lui logeant une balle à la hanche.
«Notre frère Ushindi vient de décéder après avoir reçu une balle tirée par un élément des forces de l’ordre qui reste inconnu jusqu’à présent. Il a été achéminé urgemment aux soins à l’ISTM/Kibango dans la commune de Mulekera où il est mort de suite à ses blessures », a indiqué la sœur de la victime, Masika Françoise, contactée par 7sur7.cd. Le responsable de la morgue, Jonh Muhotolo, l’a confirmé : «Je confirme l’arrivée du corps du jeune garçon Ushindi Mumbere à la morgue de l’hôpital général de référence de Beni. Agé d’une vingtaine d’années, il est décédé à la structure de l’ISTM Kibango ».
La semaine dernière, le même scénario a été vécu à Goma dans la même province du Nord-Kivu. La jeunesse de cette ville, située à 242 km de Beni, avait occupé les rues de la ville pour manifester leur indignation, toujours pour le même motif : l’insécurité grandissante dans les grandes villes.
L’état de siège a montré ses limites
L’état de siège n’apporte pas de solutions durables, pense la population de ce coin du pays. L’insécurité bat toujours son plein à Goma, à Beni et en Ituri, pourtant sous état de siège.
Après presque huit mois d’opérations sur le terrain, cette mesure, qui a montré ses limites, n’a plus sa raison d’être au vu de maigres résultats récoltés. Il faut tout simplement y mettre fin, suggère-t-elle.
Les autorités, qui n’ont pourtant aucune autre alternative, ne peuvent pas imaginer qu’il soit mis un terme à cet état de siège, cher au Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, qui a promis de mettre fin à l’insécurité qui s’est installée depuis plus de vingt ans dans cette région. Et cela avant la fin de son quinquennat. La tâche paraît ardue et le chemin reste long, à voir l’évolution des choses. En dépit de cela, le Président de la République, commandant suprême des forces armées, ne ménage aucun effort pour honorer sa promesse de pacification de l’Est de la RDC.
Pour renforcer les opérations déjà en cours, de nouvelles stratégies sont en train d’être envisagées pour mettre définitivement fin à l’insécurité chronique. C’est dans ce cadre que les responsables des forces engagées dans les opérations militaires dans la région de Beni se sont réunis le samedi 22 janvier dernier à Kamango, chef-lieu de la chefferie de Watalinga dans le territoire de Beni. Ils ont statué sur la responsabilité de chaque armée afin de bien évoluer avec les opérations contre tous les groupes armés dans la région dont les rebelles ougandais de l’Alliance des forces démocratiques (ADF).
Pour sa part, la population est impatiente de voir le retour imminent de la paix dans les deux provinces sous état de siège. Sinon, c’est « la fin de l’état de siège » qui doit être envisagée.
T. Masiala