Les dirigeants des pays membres de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) se réunissent ce lundi 24 mars 2025 lors d’un sommet extraordinaire consacré à la crise sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Objectif : examiner le rapport des ministres des Affaires étrangères de la région et dégager une réponse coordonnée face à la résurgence des groupes armés, dont le M23 et les ADF, qui menacent la stabilité de la région des Grands Lacs.
La tenue de ce sommet intervient après des mois de tensions croissantes dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, où les attaques contre les civils et les forces gouvernementales se multiplient. Malgré le déploiement de la force régionale de la SADC (SAMIDRC) et les efforts diplomatiques de l’EAC, les avancées restent limitées.
Lors d’une récente réunion préparatoire, les ministres des Affaires étrangères de la SADC et de l’EAC ont finalisé un rapport technique proposant des «mesures urgentes» pour endiguer la crise. Ce document, resté confidentiel, inclurait des recommandations sur le renforcement des troupes régionales, l’harmonisation des stratégies militaires et la relance du dialogue politique entre Kinshasa et les groupes rebelles.
Selon des sources diplomatiques, trois points clés domineront les discussions. Le premier concerne l’opérationna-lisation de la force régionale. La SADC plaide pour un mandat élargi de la SAMIDRC, incluant des frappes ciblées contre les bastions rebelles. L’EAC, de son côté, privilégie une approche mixte (militaire et diplomatique). Le deuxième concerne quant à lui la levée du moratoire sur les opérations offensives des FARDC. Plusieurs États exigent que l’armée congolaise bénéficie d’un soutien logistique accru pour reprendre l’initiative sur le terrain; le dialogue intercongolais. Enfin, le troisième concerne le rapport insisterait sur la nécessité d’inclure les groupes armés «non terroristes» dans des pourparlers de paix, une proposition qui divise toujours les partenaires régionaux.
Une chose est sûre : ce sommet se tient dans un climat de méfiance persistante entre certains membres de la SADC et de l’EAC. Des pays comme le Rwanda et l’Ouganda, accusés par Kinshasa de soutenir le M23, ne participeront pas directement aux délibérations, bien qu’ils soient observateurs au sein de l’EAC.
«La crédibilité de ce sommet dépendra de la capacité des dirigeants à dépasser les rivalités géopolitiques. Sans consensus, la région risque de s’enliser dans une guerre par procuration», avertit un analyste politique contacté par Econews.
A Kinshasa, le Gouvernement congolais salue l’initiative mais réitère son refus de «toute ingérence étrangère dans la gestion de sa souveraineté».
La Société civile reste plutôt prudente. Les organisations locales réclament « des actes concrets, pas des déclarations», exigeant la protection immédiate des civils et l’accès humanitaire aux zones occupées.
Quant aux observateurs internationaux, principalement l’ONU et l’Union africaine, ils disent suivre de près les discussions, appelant à « une solution africaine pour une crise africaine ».
Quoi qu’il en soit, si les chefs d’État de la SADC – EAC parviennent à adopter une feuille de route commune, une annonce officielle sur le déploiement de renforts militaires et la tenue d’un dialogue inclusif pourrait voir le jour. Toutefois, les divergences stratégiques entre la SADC (priorité sécuritaire) et l’EAC (approche politique) pourraient freiner l’élan.
Face à l’urgence humanitaire et aux risques de contagion régionale, les dirigeants africains n’ont plus le luxe du temps. Leur crédibilité – et celle des institutions régionales – se jouera dans les prochaines 48 heures.
Selon les organisateurs, une conférence de presse est prévue en fin de journée pour annoncer les conclusions du sommet.
Hugo Tamusa