Après un temps d’accalmie, la cité de Kwamouth, dans la province du Mai-ndombe, a encore compté ses morts. En effet, une dizaine de personnes ont été tuées, la semaine dernière, obligeant les habitants du village Kinsele à se réfugier loin de leurs terres. Après une mission de pacification du Gouvernement, on pensait que le conflit opposant les communautés Teke à Yaka appartenait désormais au passé. Bien au contraire ! L’onde de choc de nouvelles tueries de Kinsele s’est répandue jusqu’à la partie Est de Kinshasa, plus précisément dans la commune urbano-rurale de Maluku où la psychose est bien réelle.
La violence est loin de s’estomper dans la cité de Kwamouth (Province du Mai-ndombe), malgré tous les appels à l’accalmie entre les communautés Teke et Yaka. Après un temps d’accalmie, la mort a encore frappé dans cette cité meurtrie de Mai-ndombe.
Le village de Kinsele dans le territoire de Kwamouth (Mai-Ndombe) reste complètement vidé de ses habitants, depuis l’attaque perpétrée par des hommes armés, le mercredi 8 mars 2023, signale radio Okapi. En plus de la mort de plus de quinze personnes, des actes de pillage, de vandalisme et de destruction des biens ont été enregistrés dans ce village, indiquent les habitants en fuite.
Les habitants du village Kinsele, en fuite, témoignaient que des tueries, des actes de pillage, de vandalisme et de destruction des biens ont été commis par les assaillants, munis de plusieurs armes, dont les flèches, et qui auraient même annoncé leur incursion.
Le député provincial élu de Kwamouth, Moïse Makani, cité par actualite.cd, s’est interrogé sur l’efficacité de différentes missions de paix diligentées dans la région : «La grande question que je me pose, quels sont les fruits de trois missions effectuées par Mini Kongo qui a perçu des fonds colossaux auprès du gouvernement congolais afin de pacifier ou de remettre la paix dans cette partie du territoire national où la population meurt chaque jour? »
Selon lui, une trentaine de villages de Kwamouth sont toujours occupés par des assaillants. Aussi, a-t-il lancé l’alerte : « J’interpelle le gouvernement central à prendre toutes les dispositions qui s’imposent afin de mettre un terme à ces massacres. Pour votre gouverne, plus de 37 villages de Kwamouth sont occupés et gérés illégalement par les sujets Yaka et il y a silence radio de la part des autorités tant provinciales que nationales ».
La Société civile de Kwamouth est tout aussi désemparée et affirme que de nombreux habitants tentent à pied, de rejoindre Kinshasa, la capitale, qui se trouve à une centaine de kilomètres. D’autres se sont dirigés vers différentes entités du territoire de Kwamouth. D’autres encore se cacheraient encore dans la forêt.
Le président de cette structure citoyenne, Martin Suta, repris par radio Okapi, n’a pas caché son désarroi : «Les enfants, et les mamans, donc toutes les familles sont en mouvement, les uns dans la forêt, les autres en route pour Kinshasa. Et on ne sait pas dans quelles conditions ils vont se déplacer jusqu’à se trouver un bon refuge ».
Il craint aussi que ce regain d’insécurité ne puisse à nouveau interrompre le trafic entre Kinshasa – Kwamouth et Bandundu, sur la route nationale numéro 17, car depuis cette attaque, a-t-il indiqué, « il n’y a plus de circulation des véhicules sur cet axe routier ». Et d’ajouter : « Les véhicules qui empruntent ces tronçons sont vraiment bloqués, il n’y a pas de circulation normale à ce niveau (de la route) Kinshasa-Bandundu ».
L’Est de Kinshasa dans le viseur
Avec ce regain de tensions dans le Mai-Ndombe, avec possibilité de s’étendre, comme auparavant, dans les deux autres provinces du Grand Bandundu, la peur gagne la partie Est de la ville de Kinshasa, particulièrement la commune urbano-rurale de Maluku qui fait frontière avec le Grand Bandundu. Déjà, un nombre important de déplacés convergent vers la ville de Kinshasa, fuyant les exactions commines par les assaillants qui se réclament aussi bien de la communauté Teke que Yaka.
On se rappelle qu’à Kinshasa, une mission de pacification a été dépêchée dans le Grand Bandundu. A la suite de cette caravane de paix, un calme précaire regnait, depuis lors, avant que de nouvelles tueries soient perpétrées dans le village Kinsele.
A Kinshasa, on a maintes fait part d’une «main noire» qui serait derrières ces tensions récurrentes dans le Mai-Ndombe, sans toutefois l’identifier.
Sans doute, avec la résurgence de ces tensions qui ont fait une dizaine de morts, Kinshasa devra mettre tout en œuvre pour neutraliser tous ceux qui charrient la mort dans la cité de Kwamouth et ses villages environnants.
Lors d’une mission officielle de pacification à Bandundu, chef-lieu de la province du Kwilu, le chef traditionnel Fabrice Kavabioko, accompagné des chefs Teke et Yaka, avait déclaré avoir sorti de la forêt plus de 1000 assaillants armés du groupe «Mobondo» qui avaient répondu à l’appel du gouvernement à faire la paix et devraient intégrer les FARDC. Il avait aussi rassuré que la paix était rétablie à plus de 70% au territoire de Kwamouth.
Econews