A peine sorti de la remise et reprise avec sa prédécesseure, le nouveau ministre de la Justice a aussitôt adressé coup sur coup, et le même jour, deux injonctions au procureur général de la Cour de cassation. La première demande à Firmin Mvonde d’engager des poursuites contre les personnes aux penchants sexuels déviants ou ceux qui font l’apologie de l’homosexualité. La seconde l’invite à sévir contre les nuisances sonores.
Autant la seconde injonction citée suscite de l’espoir dans une ville de Kinshasa devenue littéralement la capitale africaine de la bière, où il n’existe aucune réglementation sur les heures d’ouverture et de fermeture des milliers de débits de boissons; où des milliers d’églises parfois érigées côte à côte déversent à longueur de journée et de la nuit des milliers de décibels nuisant à la quiétude des citoyens et surtout, à la sérénité des apprenants incapables de s’adonner au « blocus »; Autant la décision de poursuites contre les homosexuels n’est pas une mince affaire en considérant la banalisation de ce fait social en Occident avec le « mariage pour tous ». S’opposer aux faits sociaux qui s’inscrivent aux antipodes des cultures africaines, voire bibliques, qui les qualifient d’abominations entraîne par automatisme l’accusation aujourd’hui infamante d’ho-mophobie. Si là-bas, en Occident, ministres, PDGs, des artistes de renom et des sportifs s’enorgueillissent de leur homosexualité, il n’est pas certain qu’une famille africaine connaisse la paix à cohabiter avec un couple de personnes déviantes. Cette catégorie de personnes existe bel et bien dans nos grands centres urbains, se concentrant principalement autour des hôtels fréquentés par des étrangers où ils trouvent une forme de sécurité, contrairement aux regards désapprobateurs et propos menaçants dès qu’ils se risquent à se dandiner dans nos « cités ».
Aucune loi n’interdit explicitement l’homosexualité en RDC. Le comportement se régule en lui-même par la crainte qu’éprouvent les homos et lesbiennes de s’afficher ouvertement aux yeux de leurs compatriotes.
En revanche, les retombées de la mesure du ministre de la Justice ne se feront pas attendre. Constant Mutamba devrait s’inspirer de la jurisprudence ougandaise où le parlement a voté une loi réprimant sévèrement l’homosexualité. Ni les sanctions et menaces venues de l’Occident n’ont fait fléchir Yoweri Museveni. Il reste seulement à voir si l’opposant-ministre aura les reins aussi solides que ceux du dictateur ougandais.