Dimanche 3 juillet, le Pape François a présidé la messe en la Basilique Saint-Pierre, dans la cité de Vatican, à l’atention de la communauté congolaise de Rome, dont de nombreux fidèles étaient présents, en communion avec tous les chrétiens de la République Démocratique du Congo. Dans son homélie, le Souverain Pontife les a invités à témoigner de la paix et de la proximité de Dieu, spécialement là où sévissent la haine et la cupidité. Simultanément, à Kinshasa, sur l’esplanade du Palais du peuple, son envoyé spécial, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, a célébré une messe de communion avec l’église du Christ en RDC. Présent à la messe du Palais du peuple, le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge, a réitéré le vœu de voir le Saint-Père retrouver sa pleine santé afin de visiter les Chrétiens de la RDC. Enfin, le Premier Ministre a transmis, par le canal du Cardinal Pietro Parolin, un message du peuple congolais au Pape François : « Nous prions pour sa santé (…) Nous avons besoin que vous puissiez venir ici prier avec nous ». Pour le Pape, sa prière est pour la paix et la réconciliation en RDC, « tellement blessée et exploitée ».
«Bobóto, Bondéko, Esengo…
Paix, fraternité, joie… ». C’est par quelques mots de lingala, l’une des quatre langues nationales de la République Démocratique du Congo, que le Pape François a débuté dimanche son homélie devant les quelque 2.000 fidèles congolais – et d’autres nationalités – rassemblés sous la coupole de la Basilique Saint-Pierre. L’évêque de Rome présidait la cérémonie, mais c’est Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les Rapports avec les États, qui a célébré la liturgie eucharistique.
En communion spirituelle avec la RDC
La messe en rite zaïrois, à l’attention de la communauté congolaise de Rome, se déroulait en même temps que celle célébrée à Kinshasa par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, envoyé du Saint-Père dans ce pays que François n’a pas pu visiter pour le moment – ni le Soudan du Sud – en raison de ses problèmes au genou.
Youyous, chants festifs en langues locales, drapeaux et bannières agités, tenues traditionnelles chatoyantes, pas de danse esquissés… La distance géographique semblait toutefois réduite tant la chaleureuse atmosphère du pays emplissait la vaste basilique romaine.
Prendre soin de son frère
Dans son homélie, le Souverain Pontife a commenté l’évangile du jour (Lc 10, 1-12.17-20), dans lequel Jésus envoie deux par deux les 72 disciples en mission. La mission est la tâche essentielle de tous les chrétiens, a déclaré le Pape François. Pour l’accomplir, le Christ indique «trois surprises missionnaires» réservées à ceux qui l’écoutent. La première est «l’équipement», réduit à l’essentiel.
«Frères, sœurs, ne faisons pas confiance aux richesses et ne craignons pas nos pauvretés, matérielles et humaines. Plus nous sommes libres et simples, petits et humbles, plus l’Esprit Saint guide la mission et fait de nous des protagonistes de ses merveilles. Laisser de l’espace à l’Esprit Saint !», a demandé le Successeur de Pierre.
L’équipement fondamental est le «frère», montre Jésus. «Jamais sans le frère, car il n’y a pas de mission sans communion. Il n’y a pas d’annonce qui fonctionne sans prendre soin des autres», a rappelé le Pape.
Prier pour la paix et la réconciliation
La deuxième surprise est le message. Il s’agit «de se présenter, en tout lieu, comme des ambassadeurs de paix. Un chrétien apporte toujours la paix». «Voilà le signe distinctif : le chrétien est porteur de paix, parce que le Christ est la paix», a insisté le Souverain Pontife. Au contraire, a-t-il prévenu, celui «qui attise la rancœur, incite à la haine, court-circuite les autres, ne travaille pas pour Jésus, n’apporte pas sa paix».
«Aujourd’hui, chers frères et sœurs, nous prions pour la paix et la réconciliation dans votre patrie, en République Démocratique du Congo, tellement blessée et exploitée, a poursuivi le Saint-Père. Nous nous unissons aux messes célébrées à cette intention dans le pays, et nous prions afin que les chrétiens soient des témoins de paix, capables de surmonter tout sentiment de haine, tout sentiment de vengeance, de surmonter la tentation que la réconciliation n’est pas possible, tout attachement malsain à son propre groupe qui conduit à mépriser les autres».
Faire du monde un jardin de paix
Le Pape a ensuite insisté sur le fait que la paix commence dans son propre cœur. «Si tu vis sa paix, Jésus arrivera et ta famille, ta société changeront. Elles changeront si, d’abord, ton cœur n’est pas en guerre, s’il n’est pas armé de ressentiment et de colère, s’il n’est pas divisé, n’est pas double, n’est pas faux. Mettre la paix et de l’ordre dans son cœur, désamorcer la cupidité, éteindre la haine et la rancœur, fuir la corruption, fuir les tricheries et les ruses : voilà par où commence la paix», a-t-il expliqué.
L’annonce de la paix s’accompagne de celle de la proximité du Royaume de Dieu. «Annoncer la proximité de Dieu, voilà l’essentiel». Si l’on vit sous son regard de Père, «le monde ne sera plus un champ de bataille, mais un jardin de paix ; l’histoire ne sera pas une course pour arriver les premiers, mais un pèlerinage commun», a affirmé François.
Rejeter l’arrogance et l’avidité
Enfin, la troisième surprise de la mission concerne notre style. Jésus exhorte à se rendre dans le monde «comme des agneaux au milieu des loups» (v. 3). «Cela ne veut pas dire être naïf (…) mais abhorrer tout instinct de suprématie et d’oppression, de cupidité et de possession». Et le Pape de dénoncer ce qui vivent «dans la force» ou «dans l’arrogance, dans l’avidité d’argent et de biens qui causent aussi tant de mal à la République Démocratique du Congo». Au contraire, le disciple de Jésus «rejette la violence, il ne fait de mal à personne et aime tout le monde», et puise sa force dans la croix du Bon Pasteur. « Et moi – demandons-nous encore – est-ce que je vis comme un agneau, comme Jésus, ou en loup, comme l’enseigne l’esprit du monde, cet esprit qui mène à la guerre ?», a interrogé le Saint-Père.
François a terminé en priant pour que chacun soit un missionnaire avec «la paix et la proximité de Dieu sur les lèvres; la douceur et la bonté de Jésus, Agneau qui enlève les péchés du monde dans le cœur».
«Moto azalí na matói ma koyóka [Que celui qui a des oreilles pour entendre]… Ayóka [entende] » « Moto azalí na motéma mwa kondíma [Que celui qui a le cœur pour consentir]… Andima [Consente] », a-t-il conclu en lingala, avec l’assemblée enthousiaste lui répondant.
Econews avec Vatican News