Parti de Kinshasa avec le statut d’un condamné, c’est en homme libre que Vital Kamerhe, président de l’Union sacrée de la nation, est rentré, le 18 avril 2022, discrètement à Kinshasa. C’est aussi à pas feutrés qu’il avance pour se repositionner dans le cercle présidentiel de Félix Tshisekedi.
Une semaine après l’arrêt de la Cour de cassation qui lui donne une lueur d’espoir dans l’affaire qui l’oppose à la justice congolaise en rapport avec le programme, dit de 100 jours, le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC), Vital Kamerhe, est rentré à Kinshasa dans les petites heures du lundi 18 avril 2022 avec le statut d’un homme libre.
Parti en condamné depuis le Centre médical Nganda, c’est en homme libre que Vital Kamerhe est rentré à Kinshasa. Parce que, juste après son atterrissage à l’aéroport international de N’Djili, le président de l’UNC a regagné sa résidence huppée de la commune de Ngaliema.
En effet, depuis sa condamnation, Vital Kamerhe bénéficie des faveurs qui ne sont pas réservées au commun des Congolais. Incarcéré à la Prison centrale de Makala, il aura donc passé le reste de son emprisonnement au Centre médical Nganda, sous bonne escorte de la Police nationale congolaise, avant d’être évacué, quoi que condamné, en Europe pour raison de santé.
Et le 11 avril 2022, la Cour de cassation a ouvert la voie à une procédure qui mène droit vers l’acquittement total de Vital Kamerhe dans le procès de «100 jours ».
Décidément en RDC, tous les justiciables ne sont pas logés à la même enseigne. Ainsi, à certains, comme le sénateur Matata, non condamné ni en procès devant la justice, on interdit toute sortie de la ville de Kinshasa, mais aux autres, à l’instar de Vital Kamerhe, quoi que condamné par une décision de la justice coulée en chose jugée, on accorde tous les privilèges jusqu’à lui rendre toute sa liberté. C’est aussi cela les contrastes d’un Congo avec sa justice à géométrie taillée sur mesure.
Retour en grâce
Renvoyé devant la justice après l’annulation de sa condamnation en appel, l’ancien bras droit du Président Félix Tshisekedi, rentré discrètement à Kinshasa le lundi 18 avril 2022, prépare son grand retour dans le cercle présidentiel. «Un pari risqué à moins de deux ans des élections », ironise Jeune Afrique.
Le plus important est qu’à Kinshasa, Vital Kamerhe a retrouvé sa liberté, quoi qu’encore provisoire, en attendant qu’une chambre recomposée à la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe ne statue sur son cas. La réouverture de son procès pourrait nettement jouer en sa faveur. Ses partisans n’excluent plus son acquittement.
Quoi qu’il en soit, l’arrêt de la Cour de cassation a été célébré comme une victoire par l’Union pour la nation congolaise (UNC), son parti, qui a longtemps dénoncé un « procès politique ».
Remis en liberté provisoire le 6 décembre 2021 et autorisé à se faire soigner en France, il a mené, jusqu’à son retour à Kinshasa le 18 avril 2022, une discrète convalescence parisienne. Pendant quatre mois, seule une poignée de proches pouvait le rencontrer, dont son épouse, Hamida Chatur, et son assistant personnel, Michel Moto. L’issue favorable du pourvoi en cassation n’a rien changé au silence auquel il s’astreint. Même son entourage dit vouloir rester prudent quant à l’issue de l’affaire.
« Le dossier est tellement sensible », estime un cadre de l’UNC refusant de « céder au triomphalisme ».
Si, pour Jeune Afrique, la décision de la Cour de cassation « n’est en soi qu’une étape », le magazine pense cependant qu’«elle crédibilise un peu plus la rumeur qui circulait déjà depuis des mois d’un possible retour aux affaires de l’ancien bras droit de Félix Tshisekedi ».
Francis M.