L’Assemblée nationale tient à rétablir la souveraineté de la République Démocratique du Congo dans la direction de ses aires protégées, particulièrement les Parcs nationaux. Pour la Commission Environnement, tourisme, ressources naturelles et développement durable de la chambre basse du Parlement, plus question de voir les expatriés à la tête des directions provinciales de l’ICCN (Institut congolais pour la conservation de la nature). Les cas les plus flagrants sont notamment celui du Parc national des Virunga que dirige le Belge Emmanuel de Mérode, tout comme le Parc national d’Upemba, dans la province du Haut-Katanga, où son directeur, le Britannique Robert Miur, règne en maître, ayant étendu, sans l’aval de Kinshasa, son autorité jusqu’au Parc national de Kundelungu. Pour l’Assemblée nationale, le temps est venu de mettre fin à ce gangstérisme.
Le ministre du Tourisme, Modero Nsimba, était l’invité mercredi de la Commission Environnement, tourisme, ressources naturelles et développement durable de l’Assemblée nationale, en rapport avec la gestion du secteur touristique congolais, notamment du Fonds de promotion du tourisme (FPT). Un exercice de redevabilité démocratique auquel s’est soumis volontiers le ministre Modero Nsimba.
«Nous avons essayé, comme jamais sûr à 100% de ce qu’on ramène, de répondre à toutes les préoccupations de la commission. Et comme nous l’avons dit dans notre conclusion, nous sommes toujours disponible à apporter plus d’éclairage à la commission, afin de mieux cerner les problèmes du secteur du tourisme congolais », a dit le ministre. Et d’ajouter : «Nous sommes dans le secteur du tourisme pour rendre à la RDC sa grandeur. Nous allons relancer les travaux de la N’Sele. Cela veut dire que nous voulons remettre la RDC sur la carte mondiale des destinations touristiques et ce sont des objectifs majeurs pour le ministère du Tourisme ».
Dans son exposé, le ministre a expliqué aux élus du peuple la perception du FPT (Fonds de promotion du tourisme), la problématique du développement des infrastructures touristiques et de la promotion du tourisme dans notre pays, sans oublier la gestion des aspects touristiques dans les aires protégées et la gestion administrative de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN).
Sur ce point particulier, a fait observer Modero Nsimba, les députés ne veulent plus voir des expatriés à la tête des directions provinciales de l’ICCN.
PARCS NATIONAUX : CHASSE AUX EXPATRIÉS
Dépouiller les expatriés de la direction des antennes provinciales de l’ICCN est la nouvelle bataille que promet de porter au niveau du Conseil des ministres le ministre du Tourisme, Modero Nsimba. Fort de l’appui de l’Assemblée nationale, le ministre du Tourisme, concomitamment avec son collègue en charge de l’Environnement, pense y arriver.
En réalité, les directeurs expatriés, placés par l’ICCN, aux commandes de certains Parcs nationaux, se comportent comme des roitelets, ignorant superbement les instructions de Kinshasa dans leur fonctionnement. Bref, ils semblent opérer dans des territoires où l’Eta congolais n’a aucun mot à dire. Pour eux, leur seul interlocuteur valable est le groupe de bailleurs de fonds qui les soutiennent dans leurs actions, principalement l’Union européenne (UE).
Dans le lot de ces partenaires visés qui font la loi dans leurs parcs placés sous leur direction, il y a notamment le Belge Emmanuel de Mérode qui gère les Virunga (Nord-Kivu) et le Britannique Robert Miur qui fait régner la terreur dans le Parc national de l’Upemba (Haut-Katanga). Pire, ce dernier a étendu, sans
le consentement de Kinshasa, son influence jusqu’au Parc national de Kundelungu en créant une structure non reconnue par l’ICCN, à savoir le Complexe Upemba-Kundelungu (CUK).
Cette menace de l’Assemblée nationale tombe à point nommé. C’est le moment de remettre de l’ordre dans un secteur où des expatriés, nommés directeurs provinciaux de l’ICCN, se servaient des fonds de l’Union européenne pour se comporter en potentat. C’est le cas du Britannique Robert Miur qui se croit gestionnaire d’un bien sans maître, en l’occurrence le Parc national de l’Upemba, multipliant des exactions et violations des droits de l’Homme sur les autochtones qui contestent ses méthodes.
Le temps est aussi venu de le mettre hors d’état de nuire, tout en démantelant son nébuleux Complexe Upemba-Kundelungu, une structure illégale qui est financée par l’argent du contribuable européen.
Autant se poser une question : comment est-ce que l’UE continue de financer cette structure dirigée par Robert Muir qui s’est compromis dans beaucoup de dossiers de malversations financières ? La proposition de l’Assemblée nationale de ne plus voir les expatriés à la tête des aires protégées devait vraisemblablement résoudre ce problème.
LE RECADRAGE DE FRANÇOIS NZEKUYE
François Nzekuye, vice-président de cette Commission parlementaire, s’est dit, pour sa part, satisfait des réponses du ministre, mais pas de la réalité du secteur touristique congolais.
«Nous avons des voisins qui tirent jusqu’à 30% des recettes de leur budget du secteur touristique. Et notre pays est en retard dans ce domaine et des efforts sont encore à consentir. Le ministre a évoqué la récolte des Fonds de promotion du tourisme, il y a des aspects qui ne sont pas encore mis en œuvre, notamment l’aspect HORECA (hôtel, restaurant, café), où on traîne encore les pieds. Il faut qu’on arrive à mobiliser dans ce domaine », a-t-il regretté par ailleurs.
De son point de vue, le tourisme congolais est à revitaliser, en explorant d’autres créneaux tels que le tourisme du Tourisme urbain et scolaire.
Il reconnaît cependant que le ministère commence à fournir des efforts, mais il en faut plus pour aller de l’avant.
«Nous sommes fiers qu’il ait dégagé le pays de la liste touristique rouge, ce qui a constitué un frein au développement de notre tourisme. Des efforts qui sont consentis, nous satisfont, mais ils lui demandent de ne pas dormir sur ses lauriers. Il y a encore beaucoup à faire, il faut que le ministre relève de grands défis qui sont devant dans le secteur touristique. Pour le reste, nous l’encourageons », note Nzekuye.
Pour le vice-président de la Commission parlementaire, le ministre a soumis à la commission certaines préoccupations qui nécessitent l’appui des élus du peuple qui, à leur tour, ont accepté de l’accompagner, notamment sur la question du Parc de la N’Sele.
Sur cette question, le député François Nzekuye rappelle qu’«il est inadmissible qu’on puisse spolier les biens de l’Etat et que les élus nationaux restent silencieux », avant de promettre : « Dès la semaine prochaine, nous allons entamer des démarches conjointes avec le ministre pour arriver à rétrocéder au ministère l’espace qui lui est dû. Nous allons aussi l’accompagner dans le plaidoyer dans la gestion des parcs nationaux qui pose problème».
Il a, par ailleurs, recommandé au ministre Modero Nsimba de matérialiser toutes les mesures adoptées par la Commission pour que «le secteur touristique soit à la dimension du pays, une destination touristique tant rêvée à travers le monde, mais à cause de la mauvaise publicité, le pays n’attire pas suffisamment de touristes».
En fin de compte, le député François Nzekuye a exhorté les Congolais à cultiver la mentalité touristique afin que « le tourisme soit d’abord une affaire des Congolais avant d’appeler les étrangers à visiter notre pays».
Francis M.