Il aura résisté jusqu’au bout. Il affichait arrogance et morgue face aux manifestants qui réclament régulièrement son départ, n’hésitant pas à s’interroger publiquement sur la santé mentale de certains politiques congolais. Finalement, Vincent Karega, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Rwanda en République démocratique du Congo, est sommé de quitter Kinshasa dans les 48 heures.
Le gouvernement, de son côté, aura mis du temps à reconnaître la dangerosité du diplomate rwandais expulsé jadis d’Afrique du Sud à la suite d’assassinats d’opposants rwandais en exil dans ce pays.
Des voix s’étaient pourtant élevées contre son accréditation à Kinshasa. Le temps a fini par leur donner raison.
L’expulsion du diplomate rwandais : un simple os à ronger sans lendemain ? Pas sûr à condition que tant que des mesures diplomatiques radicales soient prises. Simplement parce que l’expulsion de Vincent Karega ne signifie pas une rupture des relations diplomatiques avec Kigali. L’ambassade rwandaise à Kinshasa reste ouverte, fonctionnant certainement sous la direction d’un chargé d’affaires. Et le drapeau tricolore du Rwanda continuera de flotter dans le ciel de la capitale. Mais jusques à quand ?
L’heure est venue de passer à la vitesse supérieure. Puisqu’il ne fait plus aucun doute que depuis plus de soixante-douze heures le Rwanda déverse ses forces spéciales dans le Rutshuru en appui à ses troupes déjà présentes sur le terrain, rien ne s’oppose plus à déclarer l’état de guerre et de fermer les frontières. Et puisque l’option diplomatique est morte de sa belle mort, et que les processus de Luanda et de Nairobi sont retournés dans les limbes, le Conseil supérieur de la Défense, le parlement et le gouvernement se trouvent devant la seule alternative crédible : celle de (ré) motiver les forces armées, avec une assistance humanitaire et la protection des milliers de déplacés jetés sur les routes de l’errance par l’agression rwandaise.
Le Rwanda a beau exprimer des «regrets» après l’expulsion de son ambassadeur, tout en dénonçant la sempiternelle «collusion» des FARDC et les FDLR d’une part et le prétendu «discours» de haine à l’encontre des rwandophones vivant à Kinshasa d’autre part, le président congolais et son régime n’ont plus d’autre choix que de monter à la face du monde que la RDC reste un grand pays qui ne se laisse pas intimider par un Etat lilliputien porté à bout de bras par ses mentors anglo-saxons.
Econews