Place à présent à Judith Suminwa

On a presque eu tendance à oublier jusqu’à son existence. Et pourtant, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka est, dit-on, à l’œuvre. Une activité quelque peu éclipsée par des événements parfaitement indépendants de son indubitable bonne volonté. Entre la perte de Rubaya et le coup d’Etat étouffé dans l’œuf en passant par une cherté de la vie accentuée par une desserte en eau et en électricité devenues aléatoires, Madame a du pain sur la planche.

Il a été écrit que l’ancienne ministre du Plan se rongeait les ongles d’ennui. Qu’elle était mise à l’écart des négociations homériques autour de la formation du gouvernement qu’elle est censée diriger un jour. Qu’elle ne recevrait aucun rapport sur les opérations militaires en cours dans les provinces de l’est. Pire, qu’elle servirait de doublon dans une configuration unique où son prédécesseur élu député continue à assurer des affaires courantes à n’en plus finir. Enfin, des voix se sont élevées contre le fait, prouvé ou pas, qu’elle serait rémunérée au même titre que son ancien patron transfiguré certes en parlementaire.

Honnêteté oblige, après le vote à l’Assemblée nationale et l’installation du bureau définitif de la chambre basse du parlement, rien ne s’oppose plus à la publication de l’équipe gouvernementale dirigée par la première femme cheffe du gouvernement en République démocratique du Congo.

Le peu que l’on sait de ses exigences transmises au chef de l’Etat évoquent sa détermination à se passer de chefs de partis politiques revêtus de la casaque d' »Autorités morales », mais surtout, sa volonté de s’entourer de « compétences professionnelles « avérées.

De jour en jour, de mois en mois et de semaine en semaine, le temps s’écoule et Judith Suminwa affiche une patience sans pareille. Curieusement, loin de la desservir, sa mise à l’écart dissimulée contribue à renforcer son image et son crédit.

La mise en place du bureau de l’Assemblée nationale ne s’oppose plus désormais à l’investiture du gouvernement Suminwa. A moins que seraient intervenues entretemps de nouvelles conditionnalités connues des seuls caciques du régime dont elle ne serait pas informée.

Mais la Première ministre ne se laisse pas faire, et à juste titre. Son « armée numérique » veille jour et nuit. Bien que membre du parti, présidentiel, Judith Suminwa y est présentée comme une personnalité hors normes considérée sous le prisme inédit des femmes aux compétences souvent cachées.

Econews