Le président polonais Andrzej Duda a opposé son veto lundi à une loi controversée sur les médias, soupçonnée par ses détracteurs d’être un outil aux mains du gouvernement populiste de droite pour réduire au silence la chaîne d’information indépendante TVN24, contrôlée par l’américain Discovery. «Je refuse de signer l’amendement sur la radio et la télévision et le renvoie au Parlement pour un nouvel examen. Cela signifie que j’y oppose mon veto», a déclaré lundi Andrzej Duda dans une annonce télévisée, qui fait suite à de vives critiques américaines et européennes.
Le texte, adopté par le parlement polonais le 17 décembre 2021 et voulu par le parti populiste PiS (Droit et justice) au pouvoir, devait empêcher les entreprises n’appartenant pas à l’Espace économique européen (EEE, qui comprend les 27 Etats de l’UE, l’Islande, le Liechtenstein et la Norvège) de détenir une participation majoritaire dans les entreprises de médias polonais.
Discovery dans la tourmente ?
Cela devait obliger notamment le groupe américain Discovery à vendre sa participation dans TVN, l’un des plus grands réseaux de télévision privée de Pologne. TVN24 est sa chaîne d’information en continu, considérée comme critique envers les conservateurs au pouvoir. Le gouvernement a, de son côté, affirmé que la loi devait protéger le paysage médiatique polonais contre des acteurs potentiellement hostiles, comme la Russie.
Andrzej Duda a déclaré qu’il restait fidèle à ce principe, mais que la loi ne devait pas remettre en cause les investissements existants ni aller à l’encontre des accords internationaux. «Les gens auxquels j’ai parlé sont préoccupés par cette situation. Ils ont différents arguments. Ils ont parlé de paix et de tranquillité… Nous n’avons pas besoin d’un nouveau conflit, d’un nouveau problème. Nous avons déjà beaucoup de problèmes», a dit le président polonais.
Coup de pression efficace
Un porte-parole de la Commission européenne avait souligné que cette loi présentait «des risques graves pour la liberté et le pluralisme des médias en Pologne». TVN s’est réjoui de l’annonce, se félicitant que le président polonais ait fait le choix de « bonnes relations avec les Etats-Unis».
Des milliers de personnes avaient manifesté le 19 décembre devant la présidence à Varsovie et ailleurs dans le pays, brandissant des drapeaux de l’UE et scandant «Médias libres !» et «Nous voulons un veto !».
L’ancien Premier ministre polonais et ancien président du Conseil européen Donald Tusk, qui est à la tête du parti d’opposition Plateforme civique, a déclaré que la décision du président Duda montrait que «faire pression a du sens». Le PiS contrôle déjà la télévision publique TVP, devenue un atout majeur du gouvernement populiste, et la plus grande partie de la presse régionale.
Econews avec 20minutes.fr