Pour avoir la tête de Kamerhe L’Assemblée nationale en panne sèche Vital Kamerhe, pion majeur de l’alternance de 2019 ayant porté Félix Tshisekedi au pouvoir, voit son crédit politique s’effriter. Isolé par l’UDPS, le parti présidentiel, après des prises de position ambigües sur la guerre dans l’Est de la RDC et le rôle du Rwanda, le président de l’Assemblée nationale affronte désormais une double tempête : des rumeurs insistantes sur son éviction du «perchoir» et une crise financière paralysant son institution. Alors que Kamerhe dénonce un «régime d’austérité» forçant les députés à « acheter du papier avec [leurs] propres moyens », un compte X proche du pouvoir rétorque : «Satisfaire l’oligarchie ou le peuple ?». Entre asphyxie budgétaire et fronde interne, le naufrage de l’ex-allié de Tshisekedi symbolise les fractures d’un régime où les alliances se disloquent aussi vite qu’elles se forgent. La chute annoncée d’un homme qui croyait incarner l’équilibre ?
Vital Kamerhe, figure clé de l’alternance démocratique de 2019 ayant propulsé Félix Tshisekedi à la présidence, traverse une tempête politique sans précédent. Isolé au sein du pouvoir, menacé dans ses fonctions à la tête de l’Assemblée nationale, et confronté à une crise institutionnelle, l’homme fort du parlement congolais voit son étoile pâlir dans un climat de tensions croissantes.
Porté au perchoir de l’Assemblée nationale en 2024 après avoir scellé une alliance décisive avec Tshisekedi, Vital Kamerhe a progressivement perdu sa place dans le cercle restreint du pouvoir. Ses prises de position «alambiquées» sur la guerre dans l’Est, où la RDC affronte la coalition rebelle AFC/M23 soutenue par le Rwanda, ont creusé le fossé avec l’UDPS, parti présidentiel.
Selon des sources parlementaires, ses critiques voilées sur la gestion sécuritaire et diplomatique de la crise auraient irrité la Présidence de la République, accélérant son isolement.
À l’hémicycle, les rumeurs d’un remplacement imminent de Kamerhe se multiplient. «Son départ est une question de semaines », confie un député sous anonymat, évoquant des manœuvres en coulisses pour le pousser vers la sortie.
Mais c’est surtout la crise financière frappant l’Assemblée nationale qui fragilise sa position. Lors d’une déclaration récente, Kamerhe a dénoncé un «régime d’austérité intenable» : «Nous sommes fatigués de devoir acheter du papier avec nos propres moyens. L’Assemblée nationale n’est pas une petite institution, elle mérite des conditions de travail dignes».
Ces accusations ont déclenché une riposte cinglante sur les réseaux sociaux. Un compte X, sous l’identifiant de «Doudou Fwamba News-Exclusif», l’a indirectement taclé : «La rigueur ne fait pas d’amis. Faut-il satisfaire l’oligarchie de la Gombe ou doubler les salaires des militaires et construire des routes ? Au peuple de choisir ». Un message perçu comme un désaveu public de la part des soutiens de Tshisekedi.
UNE MANŒUVRE POUR «POUSSER A LA FAUTE » ?
Pour plusieurs observateurs, la crise budgétaire de l’Assemblée nationale ne serait pas un hasard. «Priver l’institution de fonds, c’est affaiblir Kamerhe et créer une fronde interne pour justifier son éviction», analyse un politologue kinois. Depuis des mois, le président de la chambre basse du Parlement est accusé par des députés de sa majorité de «gestion opaque», tandis que ses alliés dénoncent un «sabotage orchestré».
Dans ce jeu d’échecs politique, Vital Kamerhe semble acculé. S’il conserve encore un réseau d’influence, notamment dans l’Est du pays, ses marges de manœuvre se réduisent. La Présidence de la République, de son côté, garde le silence, alimentant les spéculations sur un possible chambardement dans l’Hémicycle.
Certains voient dans cette crise un test pour Tshisekedi : éliminer un rival encombrant ou préserver les apparences d’une démocratie pluraliste ? En toile de fond, la guerre dans l’Est de la RDC et les pressions économiques accaparent un gouvernement qui semble peu disposé à ménager ses alliés d’hier.
Alors que l’Assemblée nationale étouffe sous les dettes et les divisions, le naufrage de Kamerhe symbolise les fractures d’une majorité éclatée. Refaire l’Union sacrée de la nation devient plus qu’évident.
Econews