Pour faciliter la mobilité pendant la campagne électorale, Tshisekedi allège l’état de siège dans l’Ituri et le Nord-Kivu

En lieu et place de lever l’état de siège décrété dans les deux provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a préféré plutôt l’alléger en y apportant quelques ajustements. Si le Chef de l’Etat dit s’être inspiré des recommandations du dernier forum de Kinshasa, sur place en Ituri et dans le Nord-Kivu, sa décision passe pour une pullule amère. On sait néanmoins qu’à deux mois des élections du 20 décembre prochain, le Président de la République a allégé les mesures d’application de l’état de siège de façon à permettre aux candidats de se mouvoir librement aussi bien en Ituri que dans le Nord-Kivu. Mais, le problème reste réel, pour autant que ces deux provinces restent toujours sous administration militaire.
Les populations de l’Ituri et du Nord-Kivu devront encore supporter l’état de siège, malgré quelques allégements. Ainsi en décidé le Président de la République, Félix Tshisekedi, au terme d’un message à la nation, prononcé jeudi dernier sur les antennes de la télévision nationale.
Un seul message à retenir : l’Ituri et le Nord-Kivu restent toujours sous état de siège. Ainsi en a décidé le Président de la République en aménageant les contraintes de mobilité nées de l’état de siège.
«En ma qualité de garant du fonctionnement régulier des institutions de la République et de la continuité de l’État, j’ai examiné en toute responsabilité l’ensemble des recommandations formulées dans les trois commissions de la Table ronde. Après avoir échangé avec les responsables des institutions de l’État et entendu le Conseil Supérieur de la Défense, j’ai pris la ferme résolution de conduire, «sans atermoiements funestes, mais sans précipitation inconsidérée», les populations des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu vers un allégement progressif et graduel du régime de restriction de l’état de siège avec les meilleures garanties de poursuite du maintien d’une pression maximale sur les ennemis de la paix. C’est pourquoi, prenant la juste mesure de l’impérieuse nécessité d’un retour sécurisé de nos populations à une vie civile et citoyenne normales d’une part; et des avancées enregistrées au cours de la gouvernance sous l’état de siège, d’autre part, notamment l’amélioration de la situation sécuritaire dans certaines zones des deux provinces concernées; j’ai opté, en toute responsabilité, pour la mise en œuvre d’un dispositif transitoire graduel au terme duquel cette situation exceptionnelle devra connaître sa fin», a déclaré le Chef de l’Etat dans son message. Avant d’en explique la mise en œuvre : «S’inspirant des tendances dégagées des travaux de la Table ronde, ce dispositif transitoire consistera au rétablissement de l’autorité civile dans les entités territoriales décentralisées et déconcentrées qui sont déjà sécurisées et sous contrôle des Forces Armées de la République Démocratique du Congo. Ce qui implique la levée des restrictions des libertés constitutionnelles de tous les citoyens et plus particulièrement : la libre circulation des personnes et de leurs biens en mettant fin au couvre-feu; la liberté d’association, de manifestation pacifique et de réunion dans le strict respect des conditions légales. Ceci est d’autant plus important que les différents acteurs engagés au processus électoral ont droit à y participer pleinement et sans entrave aucune».
C’est dire que les deux provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu tendent peu à peu vers la normalité tout en restant sous administration militaire. A ce propos, le Président de la République précise : «Il va sans dire qu’en plus de leurs compétences matérielles, les juridictions civiles, du reste compétentes pour gérer les contentieux électoraux, recouvrent le plein exercice de leurs compétences répressives à l’exception de quelques préventions liées à la sûreté nationale qui relèveront des juridictions militaires».

La campagne électorale explique tout
L’assouplissement de l’état de siège est sans doute guidé par le contexte électoral de la fin de cette année, pensent nombre d’analystes. Avec le lancement dès le 19 novembre 2023 de la campagne électorale pour les scrutins combinés du 20 décembre prochain qui incluent la présidentielle, les législatives nationales et provinces ainsi que les municipales, il était impératif d’alléger les conditions dans les provinces sous état de siège pour permettre aux candidats de battre campagne en toute quiétude.
C’est ce qui, note-t-on, aurait motivé la décision d’alléger le dispositif de l’état de siège tout en gardant en l’état l’administration militaire.
Malheureusement, sur place en Ituri et dans le Nord-Kivu, la décision, du Chef de l’Etat ne fait pas l’unanimité. Certains, très virulents, estiment que le Président de la République s’est totalement écarté des options levées au dernier forum de Kinshasa qui a fait le point sur l’état de siège.
Toujours est-il que le Nord-Kivu et l’Ituri demeurent sous état de siège, moyennant quelques allégements dictés par le contexte électoral de décembre prochain.

Francis N.