Dans les rapports entre humains de tous les continents, de toutes les races et religions, il est une qualité qui constitue le socle-même du vivre ensemble dans un monde qui tend à devenir un village planétaire, selon l’expression consacrée : il s’agit de l’empathie. Une réalité que le Larousse qualifie comme étant la capacité à s’identifier à autrui dans ce qu’il ressent. S’il est aisé pour une personne de ressentir de l’empathie pour un individu donné aux heures de malheur, la question se pose autrement quand il s’agit d’exprimer des sentiments identiques face à la détresse de toute une communauté. La question se corse davantage quand il s’agit de transposer l’empathie dans l’entendement qu’en fait l’homme politique. Il s’agit en l’espèce de l’homme politique (ou politicien) congolais.
Plus préoccupés par l’approche de la date fatidique des élections générales supposément prévues le 20 décembre 2023, ils font mine de ne pas réaliser la tragédie en cours aux portes de la ville de Goma. La capitale du Nord-Kivu, privée d’électricité depuis le lundi 6 novembre à la suite des dommages causés sur la ligne à haute tension qui dessert la ville, et des menaces qui la mettent désormais à la portée des canons du M23 ne trouvent pas d’écho dans une classe politique lancée à corps perdu dans une campagne électorale prématurée…
Mais il y a plus grave encore : l’Organisation internationale de migration (OIM) a beau alerter sur le nombre record de déplacés internes – près de 7 millions – en Ituri, les Nord-Kivu et Sud-Kivu, et le Tanganyika, la capitale, Kinshasa, vit au rythme des concerts, des rencontres de football, tandis que les dirigeants se dépensent en voyages à l’étranger et même à Lubumbashi et Kolwezi au cours des «missions officielles» à la vacuité manifeste. Tout se passant comme si les provinces meurtries de l’Est du pays ne faisaient pas partie intégrante du territoire congolais.
Bien malin qui saurait prédire les développements de la situation sur le terrain, alors même que Kinshasa campe sur son intransigeance à refuser toute négociation avec les « forces d’agression » soutenues par le Rwanda. Sans le souhaiter, une réflexion par l’absurde s’impose d’emblée. Car si par malheur Goma venait à passer sous contrôle du M23 et de son parrain rwandais, l’organisation des élections en deviendrait inconcevable ce qui, paradoxalement, ne serait pas de nature à déplaire à tout le monde.
Un machiavélisme qui se marierait difficilement avec l’empathie dont question envers les populations de ces zones instables.
Econews