Le rideau est tombé sur la «Pré-COP27», organisée du 3 au 5 octobre 2022 à Kinshasa, à un mois du sommet sur le climat prévu en novembre en Égypte. Les ministres et spécialistes de l’environnement d’une soixantaine de pays y étaient réunis pour échanger, débattre et avancer sur les thèmes habituels des négociations sur le climat : adaptation, atténuation, finance, «pertes et préjudices». Cette rencontre a également été l’occasion de multiples échanges bilatéraux entre Européens, Africains, Asiatiques et Américains.
Il n’y a pas eu de déclaration finale, mais c’est le propre de ces «Pré-COP », lieux de «discussions à bâtons rompus», a rappelé Tosi Mpanu Mpanu, négociateur de la République Démocratique du Congo (RDC) aux conférences climat des Nations-Unies. «Les pays peuvent discuter de manière plus audacieuse, plus osée, sachant que rien ne leur serait imposé comme conclusion», a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse. Tout le monde n’est pas d’accord, mais tous ont «identifié l’urgence de l’action climatique». «Du point de vue de la diplomatie climatique, c’est un succès », a-t-il jugé.
La ministre congolaise de l’Environnement, Eve Bazaïba, à la manœuvre depuis des semaines pour piloter cette « Pré-COP » co-organisée avec l’Égypte, semblait satisfaite elle aussi en annonçant dans la journée la formation prochaine d’un front commun des grands pays forestiers que sont la RD Congo, le Brésil et l’Indonésie. Il s’agira pour eux de se présenter en force aux négociations sur le climat et la biodiversité, pour parler préservation du couvert forestier, mais aussi de « l’accès aux finances climat » et du « prix de la tonne de carbone ».
Au cœur du Bassin du Congo, la RDC avait donné le ton dès l’ouverture de la pré-COP. Comme nombre d’autres pays en développement, la RDC aura de plus en plus de mal à «opérer un choix» entre la lutte contre «l’extrême pauvreté» et «la lourde facture à payer pour l’adaptation au changement climatique », si les pays industrialisés ne lui offrent pas «d’alternatives technologiques et financières conséquentes». «Nous avons besoin d’oxygène, nous avons aussi besoin de pain », avait lancé Mme Bazaïba.
Le sujet des «pertes et dommages» également sur la table
Les discours congolais d’ouverture des travaux ont été qualifiés de « virulents », voire « va-t-en guerre » par certains participants à la pré-COP. Mais cette réunion a été «très utile», a estimé, parmi d’autres, la ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.
«Je suis arrivée ici un peu inquiète, compte tenu des tensions géopolitiques» ou des «attentes et déceptions » depuis la COP26 de Glasgow en novembre 2021, a-t-elle déclaré à l’AFP. «Je repars avec le sentiment que cet événement a permis de resserrer les positions, de redire l’urgence de l’action, de bien définir les chantiers sur lesquels on peut avancer», a-t-elle ajouté. Le sujet des «pertes et dommages» (ou «préjudices ») causés par le dérèglement du climat sera discuté à Charm-el-Cheikh, a poursuivi la ministre, «parce que c’est une question essentielle […] qui concerne tous les pays», confrontés à des « dégâts irréversibles du changement climatique». Il faut être «pragmatique», «avoir des résultats» et «simplifier l’accès aux financements », plutôt selon elle que de «créer un énième fonds qui suscitera les mêmes réserves…»
Les pays en développement voudraient eux qu’il y ait «une institution pour mettre de la cohérence» dans ce qui se fait déjà, a relevé Tosi Mpanu Mpanu. «Il y a un peu de tension, tous les pays ne voient pas les choses de la même manière…».
Avec Le Point Afrique