Prédation à Congo Airways : la liste des coupables est longue

Pascal Kasongo Mwema, l’homme qui pensait faire mieux que Désiré Balazire à la tête de la compagnie nationale aérienne Congo Airways, est venu pourtant crucifié une entreprise qui était vouée à un bel avenir à sa création en 2014 sous la houlette de Matata Ponyo Mapon, alors Premier ministre. Présenté comme un fils –maison car pilote de ligne dans Congo Airways – la nomination de Pascal Kasongo Mwema a été très applaudie. Mais, c’était sans compter avec sa forte propension de réduire en miettes une entreprise qui était pourtant prête à consacrer le retour sur le ciel congolais, en particulier, et africain, en général, du «léopard volant» Aujourd’hui, Congo Airways est une entreprise en situation de banqueroute. Visiblement, Pascal Kasongo Mwema, tout comme son directeur financier, ne veulent porter seuls la responsabilité de la déconfiture de Congo Airways. Désormais entre les mains de la Justice, ils ont promis de collaborer pleinement. Les premières révélations sont accablantes. Car, derrière la descente aux enfers de Congo Airways se recrutent de puissantes mains politiques qui se recrutent dans la haute sphère de la République. A différents niveaux de l’Etat, tous ont mis la main à la pâte pour réduire en cendres Congo Airways. Le moment est venu de rendre compte. On a la justice aller jusqu’au bout en inquiétant tous les coupables.
Le directeur général de Congo Airways, Pascal Kasongo Mwema, a tout déballé aux inspecteurs généraux des finances dépêchés dans son entreprise. Ils avaient la mission de déterminer les origines des dépenses inappropriées opérées au sein de cette société aérienne de l’Etat congolais.
Selon des révélations faites par Jeune Afrique, le directeur général Kasongo Mwema a tout dit aux enquêteurs. Visiblement, il n’est pas disposé à couler seul. Aussi, a-t-il avoué que des rétro-commissions étaient versées à différents membres du Gouvernement, dont l’ancien ministre de l’Economie, Jean-Marie Kalumba Yuma, estampillé AFDC-A de Modeste Bahati Lukwebo, actuel président du Sénat.
Une pratique courante au sein de cette entreprise qui reçoit des subventions de l’Etat congolais en termes de carburant. Sur les 3 millions de dollars américans de carburant, différents membres du Gouvernement recevaient, sous la bénédiction du ministre de l’Economie, plus de 600.000 dollars américains de retro-commission.
Selon les révélations de Jeune Afrique, s’appuyant sur les procès-verbaux de leur audition fin septembre par l’IGF (Inspection générale des finances), le directeur général Pascal Kasongo Mwema a avoué avoir payé une rétro-commission en décembre 2021 de 612.500,01 dollars américains US, soit les 20% des trois millions de dollars US de dotation en carburant en faveur de Congo Airways, repris comme entreprise à caractère social pour le compte du budget 2020, à différentes périodes.
Son aveu est glacial. «Il m’a été dit que si je veux avoir cette somme, il me faudra laisser 20 % de ce montant. J’ai été scandalisé, mais lorsque je m’adresse à mes collaborateurs, ils m’ont dit que c’est comme cela que les choses se passent », révélé Pascal Kasongo Mwema qui avoue que «c’était une question de survie ».
Dans la comptabilité de Congo Airways, les enquêteurs de l’IGF n’ont retrouvé aucune trace de ce paiement. Tout s’est passé dans le noir, loin des normes établies.
Acculé, Pascal Kasongo a fini par se plier. Une chose est vraie : il reconnaît avoir remis à un émissaire de l’ancien ministre AFDC-A de l’Economie nationale la somme de 612 500,01 dollars américains, sans aucune justification.
«Ces genres des choses, on ne les acquitte pas », s’est-il limité à dire aux inspecteurs de l’IGF. Un cas avéré de rétro-commission – il y en a bien d’autres – du reste confirmé par le directeur financier de Congo Airways, également en état d’arrestation.

La liste est longue
Il n’y a pas que le ministre de l’Economie qui recevait des rétro-commissions dans le cadre de Congo Airways. En réalité, ce dernier ne servait que de facilitateur, avant de distribuer la manne à d’autres membres du réseau.
D’autres acteurs haut placés à différentes échelles du pouvoir sont également cités parmi les bénéficiaires de ces faveurs illégales qui ont mis cette société en difficulté de trésorerie. Des vols annulés, avec ce que cela comporte en termes de désagrément. Pire, aujourd’hui cette société aérienne d’Etat ne dispose que d’un aéronef, un Airbus A320 à rotation incertaine. Et pourtant, sous Matata Ponyo, à sa création en 2014, cette société était dotée de quatre avions (deux Airbus A320 et deux Bombardiers). La mauvaise gestion et les détournements ont fait le reste jusqu’à précipiter l’entreprise dans l’abîme. Aujourd’hui, Congo Airways est par terre, avec un personnel en grève qui accumule près de dix mois d’arriérés de salaires.
On pensait que la révocation de Désiré Balazire allait arranger les choses. Bien au contraire. Son successeur est venu achever cette entreprise, aidé par tous les prédateurs, politiques et autres, qui se sont servir sur la maigre trésorerie de l’entreprise.

Econews