Candidat de l’UDPS au poste de président du Sénat, Idrissa Afani Mangala ne rassure pas. Pour cause : son passé sulfureux qui le place en mauvaise posture. Face à Jean-Michel Sama Lukonde, donné favori dans tous les sondages, dont le tout dernier en date publiés par le très crédible « Sondage Les Points », le candidat de l’UDPS n’incarne pas les valeurs qu’on attend du premier d’entre tous les sages du Parlement. Retour sur ces années sombres qui résument les frasques d’Idrissa Afani Mangala. Un analyste indépendant a scruté le passé de celui que le parti présidentiel a présenté à la succession de Modeste Bahati à la présidence de la chambre haute du Parlement. Tribune.
De guerre lasse et au bout d’une longue consultation autour d’Augustin Kabuya, à la fois Secrétaire général et Président a.i du parti, l’UDPS a désigné Idrissa Afani Mangala comme son candidat au poste de Président du bureau définitif du Sénat dont l’élection doit se tenir ce samedi 10 août, sauf nouveau changement de calendrier. Selon toute vraisemblance, et sauf changement encore, ce tout fraîchement ancien Gouverneur de la province du Maniema va devoir affronter Sama Lukonde, ancien Premier ministre.
Contrairement donc à ses habitudes, la majorité USN se présente en ordre plus que dispersé à cette élection, comme cela se fait remarquer à plusieurs autres postes du même bureau avec une multiplicité de candidatures. Mais les observateurs demeurent pantois sur le dévolu que l’UDPS, parti présidentiel, a choisi de jeter sur la personne d’Idrissa Afani Mangala dont l’image est aux antipodes de la sagesse attendue déjà de tout membre de la chambre haute.
Des actes contraires aux bonnes mœurs
En effet, si Mangala avait réussi à forcer les mailles de la CENI pour se faire candidat aux diverses élections, la société civile de Kindu a tôt fait de réitérer son étonnement de revoir le même Mangala proposé à un poste aussi prestigieux que celui qui, constitutionnellement, est appelé à faire l’intérim au poste de Président de la République en cas d’indisponibilité définitive du Chef de l’État en cours de mandat.
La Société civile du Maniema rappelle, en effet, à la conscience nationale la plainte encore pendante contre Idrissa Afani Mangala pour viol sur mineure, tandis que l’homme se rappelle encore à la mémoire de ses co-régionaires pour ses malversations financières en tant que Gouverneur avec l’impression parallèle des imprimés de valeur pour voler la province.
En août 2023, la presse de Kindu livre des faits graves attribuant au Gouverneur en fonction un cas d’abus sexuel sur une fille mineure qui a fini par tomber enceinte. L’infortunée est localisée comme habitant au quartier Luama à Kindu, chef-lieu du Maniema. Le pot-aux-roses est découvert à la suite d’une tentative d’avortement manqué, alors que la grossesse avait déjà atteint 4 mois.
Le nom d’Idrissa Mangala est alors livré par la fille mineure, et son oncle fait état de sa tentative d’achat du silence de la famille moyennant 15.000 USD.
Alertée, la société civile du Maniema va alors qualifier de « honteux » cet acte d’un Gouverneur moralement indélicat. La famille de la fille, elle, ne décolère pas et exige que le gouverneur soit arrêté et demis de ses fonctions pour avoir détruit la vie de l’enfant.
Falsification des imprimés de valeur
Les frasques d’Idrissa Afani Mangala remontent également à sa gouvernance où il se rappelle aux tristes souvenirs de sa province avec cette scabreuse affaire d’impression d’imprimés de valeur parallèles pour voler le Trésor de la province. C’est, en effet, son propre ministre des finances, Me Lumumba Dieke, qui lance l’alerte début novembre 2021.
L’argentier de la province révèle, en effet, que le Gouverneur venait de passer une commande des imprimés de valeur déjà obsolètes pour un montant de plus de 40.000 USD. Ces imprimés de valeur portent la mention de l’année 2017 en lieu et place de 2021. La commande est passée à l’insu du ministre des Finances.
Furieux de cette tricherie, Me Lumumba exige de s’exprimer à l’Assemblée provinciale où il entend mettre à nu d’autres malversations du Gouv’ indélicat. Mais comme à ses habitudes, Idrissa Mangala, qui gère la province d’une main de fer, parviendra à faire taire le ministre des Finances, notamment en dressant contre lui d’autres membres du gouvernement provincial à sa solde dont celui du budget.
C’est donc ce profil à la moralité souillée que l’UDPS a trouvé pour le perchoir d’une institution policée comme le Sénat. Et l’indignation est à son comble depuis que le nom d’Idrissa Mangala est apparu sur la liste des candidats à la présidence du Sénat.
Dans les salons capitonnés de la ville, on s’interroge : « Un violeur pour succéder à Léon Kengo wa Dondo ou Bahati? L’UDPS et ses mosaïques sont-ils fiers ou sont-ils tombés aussi bas pour trouver à Tshisekedi un dauphin constitutionnel prédateur sexuel et pédophile ? » Et de poursuivre : « Quel message l’UDPS envoie aux Nations Unies, à l’Unicef, à la Commission des droits de l’homme des Nations unies et à toutes les structures de défense des droits de l’homme et particulièrement des enfants? »
Les mains souillés d’Idrissa Mangala
Ou encore quelle image projette-t-on de l’autorité morale même du parti avec un tel profil de candidat ? Une question terrible qui n’occulte pas les casseroles empuanties d’Idrissa Mangala dont on n’oublie pas le sang dont ses mains son maculées. Le sang des militants des partis d’opposition lapidés dans leurs manifestations à Kindu par les milices locales des « Forces du Futur » à sa solde jusqu’à pertes de vies humaines.
On rappelle, en effet, ce scandale de l’attaque de la procession du parti Ensemble pour la République qui accompagnait Salomon Idi Kalonda à son enrôlement : 1 mort et plus de 20 blessés graves.
On rappelle surtout les tirs sur cette autre procession de Moïse Katumbi pendant la campagne électorale : un (1) mort en la personne de Me Didot Kakisingi atteint d’une balle tirée à partir de la résidence d’Idrissa Mangala.
CP