«Pour éviter la remise en cause des efforts récents et actuels qui se sont traduits par le contrôle de l’inflation et la reprise de la croissance, il est crucial de résoudre durablement le problème de chômage des masses et de longue durée ». Le prof. Vincent Ngonga Nzinga de la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de l’Université de Kinshasa (UNIKIN) l’a fait remarquer samedi 11 septembre dernier devant les étudiants de cette Faculté. C’était à l’occasion de la conférence qu’il a animée dans la salle de promotion Mgr Gillon à la demande des étudiants. Thème choisi : « L’état actuel des marchés de l’économie congolaise et nécessité de réformes ».
Il a relevé les constats selon lesquels « la croissance de l’activité économique entre 1968 et 1973 a résulté tant d’un environnement international (hausse du cours de cuivre), macroéconomique et d’affaires que de la contribution des grandes entreprises intérieures (MIBA, GECAMINES, SNCC, REGIDESO, SNEL …) ». Un environnement plombé par des chocs négatifs d’offre (l’échec des mesures de nationalisation en 1973, d’étatisation (1974), de rétrocession (1975). Sans oublier les contrecoups de deux crises pétrolières (1973 et 1976), les pillages du tissu socio-économique 1991 et 1993 et les difficultés de grandes entreprises.
Des solutions appropriées
Le prof. Vincent Ngonga n’a pas occulté la mutation du mode de production des entreprises minières (de la forte intensité en main d’œuvre à la forte intensité en emploi) et les problèmes d’hystérèses liés au chômage de longue durée et ceux d’appariement (l’inadéquation entre la formation des diplômés et les exigences des entreprises).
Qu’à cela ne tienne, il a soutenu que « des solutions appropriées à ces chocs négatifs passent par les réformes en profondeur des grandes entreprises et la prise en main des activités nationalisées et étatisées à l’époque ». Sans oublier « la mise en place d’un programme de l’enseignement mettant en exergue les priorités de développement du pays et adapté aux exigences des entreprises et la mise en œuvre du programme d’incubation des jeunes » ainsi que « l’encadrement de la jeunesse désœuvrée, de recyclage et le renforcement des capacités des chômeurs de longue durée frappés d’hystérie ».
Au cours d’un débat animé, le conférencier a répondu avec satisfaction aux multiples préoccupations de l’assistance. Il a été question notamment de la problématique d’adapter l’enseignement aux exigences des entreprises, du recyclage des employés frappés d’hystérèses qui doivent carrément être mis de côté, de la controverse sur la stabilité et de l’âge de diamant qui n’a pas été pris en compte dans le cadre empirique.
Programmes d’enseignements adaptés aux exigences des entreprises
Pour le prof. Vincent Ngonga, il faut revoir les programmes scolaire, secondaire et universitaire qui doivent être adaptés aux exigences des entreprises et aux priorités pour le développement de la RDC.
Concernant les gens atteints d’hystérèses, il a fait savoir qu’il n’est pas bon de dire qu’il faut oublier tous ceux qui sont frappés d’hystérèses parce ce qu’ils sont âgés. « Ils ont droit à la vie. Et en les recyclant, on peut peut-être récupérer certains. En Europe, dans les pays avancés, les seniors qui ont de l’expérience, à travers les recyclages, peuvent retrouver certaines aptitudes qu’ils avaient avant et contribuer au développement du pays. Il ne faut pas balayer d’un revers de main une bonne parte de la population », a-t-il fait valoir.
Quant à la stabilité pour les dépenses qui n’ont pas été réalisées, il trouve qu’il faut relativiser les choses. D’abord, «en ce qui concerne les dépenses, la paie est réalisée chaque jour, chaque mois», a-t-il fait remarquer. Ensuite, pour la dette intérieure, il a toujours noté qu’elle a deux étapes. La première consiste à «démontrer que c’est une dette, c’est l’étape de la certification de cette dette. Une étape très importante. Vous savez ce qui s’est passé à l’époque ».
Le comportement tordu produist des effets pervers
La seconde étape, a-t-il poursuivi, « c’est la programmation du paiement de cette dette par rapport aux ressources disponibles. Je crois que vous devez tenir compte de ces éléments. Aujourd’hui, la certification de la dette intérieure est d’environ 1,4 milliard de dollars américains. Il faudrait aussi tenir compte de la disponibilité des ressources dans la programmation de cette dette. Et aussi des effets attendus de cette dette sur l’économie ».
S’agissant de la question sur l’âge de diamant auquel le prof. Ngonga n’a pas fait allusion, un consultant Essimbo du PNUD a fait remarquer qu’il existe bel et bien et se situe de 1983 jusqu’aux premiers pillages de 1991. «C’est une courte période, certes. Mais au cours de laquelle il y a eu libéralisation de l’économie. Et après avoir décrété le régime de change flottant, je dirais que le politique s’est reposé parce qu’avant cela, il y a eu beaucoup de publications au niveau même de la faculté. Les professeurs Tshiunza Mbiye, Kabuya Kalala et tant d’autres ont publié sur la nécessité de changer, d’opérer des mutations vers un mode de gestion dans le comportement des acteurs économiques». Et d’ajouter : «Ce qu’on a appelé la position factorielle signifie qu’il y a des facteurs qui doivent agir d’une manière ou d’une autre, librement peut-être. Mais en économie, certains penseurs viennent tordre ce comportement. Et quand ces facteurs dans leur comportement tordu produisent des effets pervers immédiatement ».
Olivier Dioso