Projet Grand Inga : Kinshasa prêt à tourner le dos à l’Australien Fortescue Metals Group

Entre la Présidence de la République et la firme australienne Fortescue Metals Group, développeur du projet hydroélectrique Grand Inga, dans la province du Kongo central, les violons ne semblent plus s’accorder. A Glasgow, où se tient toujours la COP26, une réunion prévue, la semaine dernière, avec le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, et les délégués, en présence des équipes de la Banque africaine de développement et de l’Union africaine, a été annulée sans autre raison. Suspense à Kinshasa !

Coup de théâtre à Glasgow, rapporte le site Africa Intelligence, après une réunion annulée en dernière minute qui devait associer autour d’une table le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi, les équipes de la Banque africaine de développement (BAD)et de l’Union africaine (UA) ainsi que les délégués de firme australienne Fortescue Metals Group. Objet des discussions : le projet Grand Inga pour lequel Kinshasa a jeté son dévolu sur la société australienne. Apparemment, Kinshasa serait prêt à revoir sa position, et pourquoi pas, reconsidérer le contrat conclu avec Fortescue. Décidément, le gigantesque projet Grand Inga passera par toute forme de montage financier.

A ce propos, Africa Intelligence note qu’«après s’être entretenu avec le patron de Fortescue Metals Group, un groupe minier australien souhaitant développer le projet de méga-barrages du Grand Inga, le président Félix Tshisekedi a annulé à la surprise générale une réunion sur ce dossier, où devaient intervenir des représentants de la Banque africaine de développement et de l’Union africaine ». Est-ce déjà un retour à la case départ. En tout cas, à Glasgow (Ecosse) où se tient encore la COP26 (Conférence des Nations Unies sur le climat), toutes les équipes étaient mobilisées pour des discussions, en présence de la BAD et de l’UA, du projet Grand Inga avec les délégués de Fortescue, avant que la réunion ne soit finalement renvoyée aux calendes grecques.

A la Présidence de la République, où le dossier est toujours piloté par Bruno Kapandji, coordonnateur de l’Agence de développement du projet Grand Inga, à ce poste depuis l’ère Joseph Kabila, c’est le silence-radio.

En réalité, le projet Grand Inga, dont la première phase consiste à la construction d’Inga 3 jusqu’en phase finale avec le dernier module Inga 8, les enjeux autour de ce projet dépasse le seul cadre de la République Démocratique du Congo.

Un projet porté par toute l’Afrique

Compte tenu de son impact aussi bien dans la sous-région que dans le continent, tous les partenaires extérieurs, essentiellement la Banque mondiale et la BAD, ont un œil sur ce grand projet. L’Union africaine, qui considère le projet Grand Inga, comme un outil efficace d’intégration et du développement de l’énergie propre en Afrique, est depuis lors associée aux discussions.

Pour l’instant, Kinshasa semble naviguer à fond. Après avoir tourné le dos en 2018 à un consortium hispano-chinois – le premier était chinois et emmené par Three Gorges Corporation, le gestionnaire du barrage des Trois-Gorges ; le second, Proinga, européen, avec pour leader le groupe espagnol de BTP ACS – c’est finalement sur la firme australienne Fortescue que la RDC avait jeté son dévolu.

Mais, avec ce qui s’est passé dernièrement à Glasgow, des experts prédisent que Kinshasa n’exclurait plus l’option de revoir le contrat de partenariat conclu avec la société australienne.

En attendant, la mise en œuvre effective du projet Grand Inga piétine. En attendant, sans doute, que Kinshasa trouve le montage financier idéal.

Grand Inga pourrait produire jusqu’à 40.000 MW d’électricité, plus de deux fois la production d’énergie du barrage des Trois Gorges en Chine, et plus d’un tiers de l’électricité totale actuellement produite en Afrique. Le Grand Inga est une série de barrages qui sont proposés sur la partie inférieure du fleuve Congo en République Démocratique du Congo (RDC). Le Grand Inga sera construit en sept phases, dont le barrage Inga 3 BC (4.800 MW) est la première phase. Le projet est déjà présenté comme un moyen « d’éclairer l’Afrique » par les entreprises qui prévoient d’en bénéficier et les gouvernements qui espèrent en recevoir l’électricité. Grand Inga est répertorié comme un projet prioritaire de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (CDAA), le Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), le Southern African Power Pool (SAPP) et le Conseil mondial de l’énergie.

Le Grand Inga est un projet massif qui nécessitera d’énormes sommes d’argent pour sa réalisation et une gestion avisée des processus d’appel d’offres et de sa mise en œuvre. L’histoire nous montre qu’il y a des risques élevés de corruptions et de dépassement des coûts. On prévoit des impacts écologiques énormes sur ses écosystèmes uniques, tel que le piégeage de nutriments et de sédiments et ainsi, la perte du panache de l’Atlantique, notent quelques experts.

Econews