Initialement annoncé pour ce mardi 21 juin 2022; le procès en appel de Vital Kamerhe poursuivi avec ses co-accusés dans l’affaire dite de Cent jours a été une fois de plus renvoyé à une date ultérieure, en l’occurrence le 24 du mois en cours. La deuxième chambre de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe évoque la nécessité de compléter le dossier avec des éléments qui font défaut. Quant à la nature de ces éléments, ils n’ont pas été divulgués.
Les jours passent, et la conclusion dans «l’affaire Kamerhe» ne semble pas pointer à l’horizon. La Cour d’appel de Kinshasa/Gombe a une nouvelle fois renvoyé pour la deuxième fois le prononcé du verdict. L’ancien directeur de cabinet du chef de l’Etat, aujourd’hui en liberté provisoire, condamné il y a deux ans à 20 ans de réclusion, peine réduite ultérieurement à 13 ans, est poursuivi pour le détournement présumé de quelque 50 millions de dollars américains du Programme dit, de cent premiers jours de l’arrivée de Félix Tshisekedi à la présidence de la République.
Dans l’opinion, prétendre que le co-fondateur de la coalition politique Cap pour le Changement (CACH) qui a porté le fils d’Etienne Tshisekedi au pouvoir aurait purgé sa peine à l’issue du procès à rebondissements d’avril-juin 2020, serait faire montre de naïveté. Tant l’homme, devenu puissant et porté par un parti politique fortement ancré dans les Kivu, à fini par inquiéter ses alliés. A telle enseigne que les péripéties de son procès apparaissent de plus en plus comme un simulacre d’une justice aux ordres.
Que la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe avance pour raisons des reports successifs l’impératif d’étoffer le dossier porte à croire qu’elle se trouve dans l’embarras. Elle est face à un dilemme cornélien : condamner Kamerhe à une lourde peine, et s’aliéner une bonne frange de ses partisans, avec des répercussions politiques malvenues en cette année pré-électorale. Ou l’acquitter purement et simplement, et apporter de ce fait de l’eau au moulin des détracteurs du régime déjà échaudés par des manifestations d’impunité dont jouissent les caciques au pouvoir. Sans omettre la réaction de l’amplification du malaise latent au sein de la magistrature. Dans le dernier cas de figure, le principal concerné en sortirait politiquement ragaillardi, et personne alors ne pourrait s’étonner qu’il mette à bas son alliance avec celui pour lequel il avait mis son ambition présidentielle sous le boisseau en 2018, et afficher sa volonté de briguer la présidentielle de 2023.
Pour rappel, c’est le 6 décembre 2021 que la Cour de cassation a décidé d’accorder une liberté provisoire à Vital Kamerhe, ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, condamné pour détournement de fonds publics. Une liberté provisoire motivée par des raisons sanitaires, mais assortie d’une forte caution.
Selon des sources internes de la Cour de cassation, Vital Kamerhe a dû débourser 500.000 dollars américains pour jouir de cette liberté provisoire qui lui était accordée pour des raisons humanitaires. Dans son compte Twitter, la cellule de communication de la Cour de cassation motivait la décision par le tableau médical très critique du leader de l’UNC (Union pour la nation congolaise).
Plus tard, la même Cour de cassation a annulé la décision rendue au second degré par la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, ordonnant la recomposition de la chambre pour requalifier les faits.
Dans son parti, l’UNC, on continue toujours à croire à son innocence. «Il n’a jamais été même dans un commissariat de police pour un quelconque fait infractionnel. Ce n’est pas à 60 ans qu’il va apprendre à voler, donc pour nous, nous avons toujours cru en l’innocence lors du procès en première instance la Cour n’avait pas étayé des preuves pour condamner notre président. Et donc pour nous, nous pensons que c’est un pas dans la bonne direction avec cette liberté provisoire et nous allons poursuivre le combat pour que finalement nous obtenions l’acquittement de notre président », avait commenté Billy Kambale, secrétaire générale de l’UNC, sur la liberté provisoire de Kamerhe.
Allié de Félix Tshisekedi pendant les élections de 2017, pour ensuite devenir son directeur de cabinet, Vital Kamerhe avait été accusé de détournement de fonds destinés aux travaux des 100 premiers jours du mandat du Président Tshisekedi.
Condamné à 20 ans de prison au premier degré par le Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, il avait plusieurs fois sollicité la liberté provisoire sans succès pour l’obtenir, en dernier ressort, à la Cour de cassation devant laquelle il avait introduit un pourvoi.
Son principal co-accusé, l’entrepreneur libanais Samih Jammal, a également bénéficié d’une liberté provisoire, vidant le procès, dit de «100 jours », de tout son contenu
Ce vendredi 24 juin 2022, la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe rendra enfin son prononcé. Vraisemblablement, Vital Kamerhe a plus de chance d’en sortir libre et lavé blanc comme neige.
Hugo Tamusa