Pour les journalistes, l’exercice de la profession dans les provinces en situation d’état de siège (Nord-Kivu et Ituri) devient un chemin de croix.
Défenseur des journalistes, le secrétaire général de l’ONG Journalistes en danger (JED), Tshivis Tshivuadi, a engagé mardi un plaidoyer auprès du ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya Katambwe. Cet échange a eu lieu en présence du porte-parole de l’état-major général des FARDC.
«Nous avons tenu une séance de travail à la demande du ministre de la Communication. Nous avons parlé de la situation de la liberté de la presse, plus précisément ce que nous considérons comme la dégradation de la situation sécuritaire de journalistes, surtout dans l’Est du pays, dans les provinces sous état de siège », a indiqué Tshivis Tshivuadi.
Après cette rencontre, le secrétaire général de JED se dit «satisfait» des assurances obtenues du porte-parole du Gouvernement.
De son côté, le ministre Patrick Muyaya a promis le soutien du Gouvernement pour permettre d’exercer en toute quiétude la profession.
Pour rappel, dans un communiqué daté du 3 septembre 2021, JED a dénoncé «l’indifférence du Gouvernement sur la situation sécuritaire des journalistes, dans l’Est du pays, sous l’état de siège ».
A la suite d’une nouvelle prorogation, par le Parlement, de l’état de siège décrété sur une partie du territoire national, JED a appelé « urgemment le Gouvernement congolais à sortir de sa léthargie face à la dégradation de la situation sécuritaire des journalistes en RDC, et plus particulièrement dans les provinces de l’Est du pays en proie à des violences armées et communautaires ».
«Alors que le Premier ministre Jean Michel Sama Lukonde, à la tête d’une délégation gouvernementale, venait d’effectuer une mission officielle dans les deux provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, JED dénonce l’indifférence affichée par le chef du gouvernement congolais, qui n’a pipé mot, face à la multiplication des cas d’attaques et des meurtres des journalistes enregistrés depuis la proclamation de cet état de siège. Dans ces provinces en proie à la violence des groupes rebelles et des miliciens armés, au moins trois journalistes ont été tués au cours des trois derniers mois, et un journaliste porté disparu depuis décembre 2020, après avoir été enlevé par des miliciens », notait JED dans son communiqué. Et de révéler qu’«au cours de la même période de l’état de siège, plusieurs autres journalistes et professionnels des médias ont reçu des appels et des messages des menaces persistantes qui les ont contraints à abandonner leur travail ou leurs familles, et à vivre dans la clandestinité pour échapper à la mort ».
Depuis le début de cette année 2021, JED a dit avoir répertorié, sur l’ensemble du territoire national congolais, au moins 92 divers cas d’atteintes à la liberté de la presse dont 36 cas répertoriés dans l’Est du pays et 17 cas dans les deux provinces mises sous état de siège.
«Aux regards de ce tableau inquiétant de la situation de la liberté de la presse, JED demande instamment au gouvernement de Kinshasa et à toutes les instances sécuritaires dans les provinces actuellement sous état de siège de briser le mur du silence qui entoure tous ces cas graves d’atteintes au travail des journalistes, et d’instituer un mécanisme d’alerte rapide pour lutter contre ces attaques», concluait le communiqué du JED.
Francis M.