Que fait Tshisekedi en Belgique ? / Versions contradictoires entre la presse belge et la Présidence de la République

C’est avec une équipe extrêmement réduite que le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a quitté, le week-end, Kinshasa pour la Belgique. Si aucun communiqué officiel n’a préalablement annoncé ce déplacement du Président de la République, le site d’infos actualite.cd a fait état d’un voyage privé, essentiellement médical – sans autre précision. Une chose est sûre : Félix Tshisekedi se trouve en Belgique. Sur le chemin de retour à Kinshasa, son agenda prévoit une escale à Dubaï, aux Emirats Arabes Unis, pour le lancement de la journée de la RDC à l’Exposition universelle Dubaï 2020. Quant à son séjour « privé » en Belgique, le mystère reste entier. Entre la presse belge, qui l’annonce hospitalisé dans une clinique de Bruxelles, et la Présidence de République, qui dément formellement cette information, les spéculations vont dans tous les sens. Le plus évident est que le Chef de l’Etat se trouve incontestablement en Belgique.

Aucun communiqué n’indique que le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a quitté le pays. Mais des Congolais ont appris du média en ligne Actualite.cd que leur chef de l’Etat était en Belgique pour des raisons de santé. Puis plus rien. Absolument rien du côté officiel. Il est de coutume que les déplacements d’un chef d’Etat fassent l’objet de suffisamment de publicité et de communication de la part de son entourage. Cette fois-ci, le silence est de rigueur.

La nature ayant horreur du vide, la rumeur a pris le relais donnant lieu à des spéculations de tous genres. Si le président de la République est en Belgique pour un check-up, pourquoi ne pas le dire aux Congolais et ainsi rassurer ses compatriotes ?

De la Belgique, des sources rapportent que le chef de l’Etat est descendu dans un hôtel près de sa résidence de Bruxelles. Évidemment, le même hôtel qui le reçoit chaque fois qu’il se rend en Belgique. Il est tout aussi vrai qu’un hôpital se trouve non loin de là. Le Président Tshisekedi passe régulièrement à cet hôpital pour des contrôles de routine.

Cette fois-ci, n’eût-été le grand silence digne de l’omerta qui entoure ce déplacement ainsi que le caractère soudain de ce voyage présidentiel, la rumeur n’allait pas prendre le relais. Des Congolais attendent déjà voir le Président de la République se mouvoir comme par le passé afin d’être rassuré.

La première opportunité que des Congolais attendent de pied ferme est la présence du Président de la République aux Émirats Arabes Unis où il est annoncé au lancement de la semaine congolaise à l’Exposition universelle de Dubaï. Il va aussi de soi que tant que le Président de la République ne serait pas vu, les spéculations iront dans tous les sens. Une stratégie qui ne profite à personne.

Il faut communiquer

Tout déplacement présidentiel doit-il faire l’objet de communication ? Un voyage privé mérite-t-il d’être mis sur la place publique ? Est-ce que le Président de la République  n’a-t-il pas droit à une vie privée comme tout le monde ? Bien sûr que oui, mais lorsqu’il y a des rumeurs les plus folles, il faut les couper par des explications et des communications adaptées.

L’omerta est à bannir lorsqu’il s’agit des affaires de l’Etat. En cette période des médias sociaux, il est quasiment impossible de garder une information sur l’état de santé d’un Chef de l’Etat comme Félix-Antoine Tshisekedi, le Président de la République Démocratique du Congo. La raison est simple : les peuples des pays fragiles comptent beaucoup sur leur principal dirigeant en vue de se rassurer de la bonne marche de leur pays.

La Présidence de la République est à la traîne sur ce coup en se rattrapant sur une rumeur qui circulait depuis. Le jour du départ du Chef de l’Etat pour une visite privée en Belgique, c’était silence radio. Or, tout le monde le savait, le Président Tshisekedi avait quitté le pays samedi de manière soudaine.

Si du côté congolais on croit imposer le silence, au lieu de destination, les bouches sont débridées. L’information est à la portée de tout le monde et chacun peut faire usage de tout ce qu’il apprend, en le partageant.

Les Belges, eux, ont parlé à leurs amis congolais. Ils ont parlé de la présence du Président Félix Tshisekedi chez eux, de son passage anormalement long dans un grand hôpital de la capitale belge. Si le porte-parole du chef de l’Etat dément, ce n’est pas le cas des sources familiales qui parlent de «check-up».

Cette contradiction démontre déjà qu’il y a quelque chose qui cloche. Or, il avait suffi qu’un communiqué officiel annonçant un voyage du Président de la République pour un check-up en Belgique pour qu’aucune rumeur ne puisse circuler. C’est de l’élémentaire et des gens à la Présidence de la République congolaise sont payés pour faire ce travail.

C’est jeudi autour de 15h00, heure de Kinshasa, que Kasongo Mwema, le porte-parole du Président de la République, s’est hasardé d’écrire un tweet presque sans conviction: «NON. Le Président de la République n’a subi aucune opération chirurgicale. Il séjourne en visite strictement privée à Bruxelles. Et on ne commente pas les visites privées du Chef de l’Etat ».

Tout observateur averti comprend que ce brillant journaliste de la télévision publique, l’ex-OZRT et de la radio française RFI, ainsi que toutes les équipes de communication de la Présidence de la République ont forcé la main pour obtenir les autorisations pour opérer ce service minimum aux conséquences énormes sur les populations congolaises. L’omerta était bonne à l’époque des partis uniques.

A l’ère de la démocratie et des réseaux sociaux, elle est sans effet, voire inefficace à cause de la vitesse de circulation de l’information. Plutôt que de croire qu’en communiquant on commet des erreurs, il faut plutôt se dire que la meilleure manière de garder le contrôle est de donner la bonne information le plus rapidement possible. Le retour du président Tshisekedi sera scruté comme jamais auparavant.

Tous les Congolais seront curieux de voir dans quel état le Chef de l’Etat va rentrer.

Monsieur de la Présidence de la République, il faut communiquer, même lorsqu’il s’agit de la vie privée du Président de la République. Le Trésor public vous paie pour cette tâche. A ceux qui ont le devoir de validation de faire aussi leur part. A temps d’ailleurs.

Econews