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Qui perd gagne !

C’est une lueur d’espoir qui traverse à nouveau la région des Grands Lacs. Le Rwanda et la République Démocratique du Congo (RDC) ont signé, le 25 avril 2025 à Washington, une « Déclaration de principes » sous l’égide des États-Unis, s’engageant à esquisser un accord de paix d’ici le 2 mai 2025. Une promesse de dialogue, de respect mutuel et de non-ingérence dans les affaires internes de l’autre.

Sur le papier, tout semble parfait : les deux pays réaffirment leur attachement à la souveraineté et à l’intégrité territoriale, promettent de renoncer au soutien aux groupes armés et optent pour la diplomatie plutôt que pour les armes. Washington, par la voix du secrétaire d’État Marco Rubio, joue les garants de ce processus, comme pour mieux en assurer la crédibilité.

Mais l’histoire récente incite à la prudence. Combien d’accords signés, combien de cessez-le-feu proclamés, combien de promesses solennelles… avant que les armes ne reprennent leur sinistre dialogue ?

Les précédentes tentatives, souvent conclues loin des projecteurs internationaux, ont échoué, faute de volonté politique réelle ou en raison d’intérêts stratégiques trop divergents.

Cette fois, le contexte semble différent. Les États-Unis, parrain actif de cette initiative, y voient sans doute un moyen de stabiliser une région cruciale pour leurs intérêts économiques et sécuritaires. La RDC, épuisée par des décennies de conflits, cherche une issue à l’instabilité chronique de sa partie Est. Le Rwanda, quant à lui, pourrait être poussé à jouer la carte de l’apaisement pour éviter un isolement diplomatique croissant.

Mais au-delà des déclarations, les défis restent immenses. Comment garantir que Kigali ne soutiendra plus, directement ou indirectement, des mouvements rebelles en RDC ? Comment convaincre Kinshasa que certaines de ses propres forces ne contribuent pas à l’escalade ? Et surtout, comment faire en sorte que cette paix ne soit pas un simple répit tactique, mais une véritable refondation des relations entre les deux pays ?

Si cet accord aboutit, il pourrait marquer un tournant historique. La région des Grands Lacs a trop souffert de ces guerres par procuration, de ces rivalités qui alimentent les souffrances des civils, tout en enrichissant les seigneurs de guerre et les trafiquants de minerais. Une paix sincère ouvrirait la voie à une coopération économique bénéfique pour tous, dans une Afrique des Grands Lacs en quête de stabilité.

Mais pour cela, il faudra plus que des signatures. Il faudra des mécanismes de vérification indépendants, une pression internationale constante et, surtout, une volonté inébranlable des dirigeants congolais et rwandais de tourner enfin la page de la confrontation.

Le 2 mai approche. Gageons que cette fois, les mots ne resteront pas lettre morte. Parce qu’au bout du compte, dans cette partie d’échecs géopolitique, le vrai perdant n’est ni Kigali ni Kinshasa, mais bien les millions de civils pris en étau depuis trop longtemps.

La paix, cette fois, ne doit plus être un vain mot.

Econews

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