Le mal est profond mais aussi holistique. Le problème, c’est le fait que la lumière en soit aussi frappée que le reste des secteurs. Vu les interactions entre les différents sous-systèmes de notre société, il est difficile d’en échapper : l’église, l’école, la famille, les différentes organisations pour ne pas dire toutes ou presque baignent dans la médiocrité et dans la corruption. C’est ce qui m’a conduit à insister sur le déficit anthropologique de la société et de l’homme congolais.
L’université congolaise n’incarne plus la lumière et c’est grave car la décadence est là. La couche minoritaire des intellectuels organiques est incapable de combattre ses collègues complices du pouvoir corrompu et pervers vu les moyens économiques et la contrainte dont il dispose. Tenez, même dans nos familles, on vous impose le népotisme et la corruption, en vous rappelant que vous croyez que c’est vous qui allez redresser ce pays ?
Je l’ai écrit en 2014 : Nous sommes les seuls ou presque hommes qui, sachant que l’enfant a réussi avec les moyens malhonnêtes à l’école ou à l’université, mais on organise la fête à la maison, tout en connaissant le salaire officiel du mari et de papa, parfois inférieur au Smig congolais mais les enfants et maman sont fiers du chef de famille et se réjouissent des acquisitions des immeubles, des voitures et des déplacements en Europe ou en Amérique, sans se demander l’origine des fonds.
Souvent, ils en savent mais observent un silence coupable et complice. Le monde politique que mon collègue Gaston a servi en qualité de directeur du cabinet de Sama Lokonde, ne peut pas donner ou administrer une leçon morale aux autres secteurs, la politique incarnant la tête et le poisson pourrit par cette partie du corps avant tout. Ce n’est pas ces politiciens qui envahissent les défenses des thèses de doctorat au soir de leur vie ? Certes, avec la complicité des professeurs. Certains s’y opposent mais sont contournés ou marginalisés. La raison du plus fort est toujours la meilleure. La politique n’est pas seulement le tremplin pour accéder à l’économique en Afrique mais encore au diplôme le plus prestigieux, le doctorat.
Dans cet océan d’inversion des valeurs, les médiocres riches et occupant ou exerçant des fonctions politiques sont plus acceptés par la masse des pauvres et des flatteurs. Le vrai discours de moralisation rencontre la dissonance cognitive sur son passage et ne passe pas. Je ne défends nullement le fatalisme mais je pense qu’il faut un véritable coup révolutionnaire, avec des exemples vivants pour nettoyer la mentalité collective et mettre sur pied un système politique véritablement nouveau.
Sans rêve ni vision, il n’y aura jamais de changement.
Professeur Lohata Tambwe Okitokosa Paul-René