Remise en cause de la Constitution de 2006 : le prof Auguste Mampuya contredit le Président Félix Tshisekedi

Plus de quatre mois après sa prestation de serment le 20 janvier 2024, le Président de la République, Félix Tshisekedi, ne sait toujours pas constituer le premier gouvernement de son premier quinquennat, malgré la nomination, le 1er avril 2024, de Mme Judith Suminwa Tuluka au poste de Premier ministre. Dans un autre registre, l’installation de deux chambres du Parlement bat de l’aile. Si l’Assemblée nationale a rattrapé son retard, l’élection de son bureau définitif devient improbable. Interviewé par une chaîne française, Félix Tshisekedi justifie cette lourdeur institutionnelle par les limites de la Constitution du 18 février 2006. Il se propose de mettre en place une Commission interprofessionnelle pour le changement de la loi fondamentale.

Compté parmi les rédacteurs de la Constitution de 2006, le professeur émérite Auguste Mampuya ne partage pas cette position du Président de la République : «Montrez-moi une seule disposition constitutionnelle qui bloquerait le Président », a lancé le prof Auguste Mampuya, intervenant à l’émission «Politiquons RDC» de Jean-Pierre Kayembe.

Presque cinq mois se sont écoulés depuis la prestation de serment du Président Félix Tshisekedi le 20 janvier 2024, et pourtant, le premier gouvernement de son premier quinquennat reste à former. Malgré la nomination de Mme Judith Suminwa Tuluka au poste de Premier ministre le 1er avril 2024, l’attente persiste. En parallèle, l’installation des deux chambres du Parlement connaît des difficultés. Si l’Assemblée nationale a réussi à rattraper son retard, l’élection de son bureau définitif semble être compromise.

Lors d’une interview accordée à une chaîne française, Félix Tshisekedi a justifié ces lenteurs institutionnelles par les contraintes imposées par la Constitution datant du 18 février 2006. Il a proposé la mise en place d’une Commission interprofessionnelle pour réviser cette loi fondamentale. Cependant, cette position du Président de la République n’est pas partagée par tous.

«C’est une Constitution qui a été présentée aux congolais après le moment des conflits. Donc, c’est une Constitution post conflit. Je crois qu’il y a un problème avec notre Constitution. Il faudrait faire des réformes pour qu’on ne perde plus beaucoup de temps à constituer le gouvernement », a-t-il déclaré.

Le professeur émérite Auguste Mampuya, qui a contribué à la rédaction de la Constitution de 2006, s’est exprimé sur le sujet. Selon lui, la Constitution actuelle n’a pas été rédigée par des belligérants, elle n’a pas été dictée depuis Kigali, et aucune de ses dispositions ne devrait entraver le bon fonctionnement des institutions, y compris le président. Ces propos ont été tenus lors de son intervention à l’émission «Politiquons RDC» animée par Jean-Pierre Kayembe.

«La Constitution actuelle n’est pas l’œuvre des belligérants, elle n’a pas été écrite à Kigali et aucune de ses dispositions ne bloque ni le président, encore moins le fonctionnement harmonieux des institutions», réplique le prof émérite Auguste Mampuya. Co-rédacteur de la Constitution du 18 février 2006, il est prêt à engager le débat et met quiconque au défi : «Montrez-moi une seule disposition constitutionnelle qui bloquerait le Président» de la République.

Cette impasse institutionnelle en République Démocratique du Congo soulève des questions cruciales sur la gouvernance du pays et la capacité du Président Tshisekedi à surmonter ces obstacles. Alors que les débats sur la révision constitutionnelle se font de plus en plus pressants, il reste à voir comment cette situation évoluera et quelles seront les prochaines étapes pour sortir de cette impasse.

Francis N.