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Remue-ménage à l’USN

La politique n’a jamais été un long fleuve tranquille, et le Président Félix Tshisekedi vient de le rappeler avec force. Samedi, sous le chapiteau de la Cité de l’Union africaine, face aux parlementaires, sénateurs et cadres de l’Union sacrée de la nation (USN), le chef de l’État a choisi le ton de la franchise. Loin des discours convenus, il a tiré à vue sur les contradictions qui rongent sa majorité, tout en esquissant les contours d’un remaniement imminent. Un coup de menton qui interroge autant qu’il fascine.

En félicitant « certains leaders» pour leur loyauté, Tshisekedi a, en creux, pointé du doigt une hypocrisie rampante au sein de l’USN. Le constat est sans appel : dans les rangs de la majorité, on trouve encore des brebis galeuses, prêtes à pactiser avec l’adversaire ou à jouer double jeu. Le Président, visiblement excédé par ces calculs opportunistes, a tranché : « Il faut séparer le bon grain de l’ivraie. »

Une formule biblique, mais à la portée éminemment politique. Derrière l’image poétique se cache une réalité brutale : des têtes vont tomber, et pas des moindres.

En annonçant un « grand remue-ménage » sans dévoiler les noms, Tshisekedi cultive volontairement le mystère. Qui sont les visés ? Des caciques encombrants ? Des barons locaux trop ambitieux ? Des alliés de circonstance devenus indésirables ?

Ce flou stratégique a un mérite : il instille la crainte et oblige chacun à s’interroger sur sa propre posture. Dans un paysage politique congolais marqué par les alliances mouvantes, le chef de l’État envoie un signal clair : l’USN n’est pas un club où l’on s’agrège par opportunisme, mais un outil au service d’un projet commun.

Si la purge annoncée peut renforcer la cohésion à court terme, elle pose aussi des questions essentielles. Comment reconstruire une majorité crédible après ces exclusions ? Quel projet fédérateur proposer pour éviter les défections futures ? Tshisekedi, en jouant les équilibristes, devra concilier fermeté et diplomatie. Car éliminer des rivaux est une chose; consolider un leadership en est une autre.

En s’adressant directement à sa base, le Président Tshisekedi a aussi rappelé qu’il reste le pilier incontournable de l’USN. Mais cette démonstration d’autorité survient dans un contexte électoral tendu, où chaque faux pas peut être exploité par l’opposition. Gare aux effets d’annonce : la loyauté, en politique, se mesure moins aux discours qu’aux actes.

L’avertissement de Tshisekedi résonne comme un ultimatum. En nettoyant les écuries d’Augias de sa majorité, il tente d’incarner un renouveau pragmatique. Mais cette opération vérité, si elle est nécessaire, ne suffira pas. Les Congolais attendent des résultats tangibles : stabilité, développement, justice. Le véritable remue-ménage ne sera pas celui des hommes, mais celui des idées. Et là, le temps presse.

Econews

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